II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus
PHILI-FLASH back
Mardi 4 Juin 2013Depuis l'adaptation de L'écume des jours de Boris Vian au cinéma, on peut constater actuellement un léger frémissement dans la presse pour rappeler l'effervescence historique de ce quartier chic de la rive gauche Parisienne. Aux dires des "Pisses-copies", l'esprit fantaisiste et littéraire y règnerait encore... Même si "les trois bassins principaux" de Saint-Germain-des-Près, comme dirait Boris Vian, constitués du Flore, des Deux Magots, du Lipp, un peu plus loin de la Rhumerie Martiniquaise et encore un peu plus loin, du Vieux Colombier, sont effectivement toujours là, l'esprit troglodyte rebelle de l'époque semble s'éteindre à petit feu.
Et dire que "Pour Sartre dans les années 42, la clientèle se répartissait ainsi : Flore jeune littérature ; Deux Magots vieux littérateurs ; Lipp : politique" (Extraits du Manuel de Saint-Germain-des-Près de Boris Vian). Et aujourd'hui ? Il faudrait aller vérifier... Ce qui est certain en revanche est que le Montana a été repris par l'équipe du Baron = tout droit arrivé de la rive droite, et que le mythique club Chez Castel est maintenant dirigé par Tony Gomez, ex-gérant du Queen, également un envahisseur de la rive droite... Que reste-t-il alors de l'esprit rive gauche ? Des pâles copies architecturales garnies de fauteuils club et de velours rouge avec des dorures...
Pourtant ce quartier doit sa notoriété aux artistes et écrivains qui l'ont fréquenté comme Boris Vian et les existentialistes dans les années 40-50. D'ailleurs, comme c'est actuellement la fête de la philosophie, rappelons que c'est le couple célèbre Sartre et Beauvoir qui a largement contribué à lancer ce quatier. Boris Vian a raison : "Sur Simone de Beauvoir (...) on a raconté des tas de salades, comme sur Sartre d'ailleurs. Je ne pense pas, quant à moi, qu'on puisse expédier leur philosophie en vingt lignes ; Je rappelle simplement que le lancement récent de Saint-Germain-des-Près est en grande partie dû à leur renom littéraire, et que si les tôliers du coin avaient trois sous d'honnêteté, Simone de Beauvoir et Sartre devraient consommer gratis dans tous les bistrots qu'ils ont lancés. N'est-ce pas, Castor, que c'est une bonne idée ?"
Nous apprenons aussi dans le Manuel de Saint-Germain-des-Près que Merleau-Ponty était le seul philosophe à inviter les dames danser. Et que Camus était susceptible...
On y trouve des descriptions succulentes du quartier, qui sont toujours d'actualité :
"Rue de Rennes : un grand billard dégueulasse et affreux au bout duquel on voit une gare infecte qui s'appelle gare Montparnasse, laquelle mène à Rennes". Et pourtant la tour Montparnasse n'a été construite que dans les années 70 !
"Rue du Sabot : encore une petite rue très marrante et toute tordue." C'est toujours le cas !
"Rue du Dragon : le plus court chemin du Flore au Vieux Colombier." Je n'ai pas chronométré mais ça doit être ça.
"Rue de Fürstemberg : c'est la rue qui a l'air construite pour un film, avec son petit square et son lampadaire à cinq boules blanches." Mais qui est aujourd'hui l'une des plus chères rues de Paris...
Grâce à Sartre et Beauvoir, le prix au m2 du 6ème arrondissement est le plus cher de Paris. Comme quoi la philosophie peut générer de la croissance économique, ou tout du moins contribuer à l'inflation :-)
Mais rassurons-nous tout de même, à Saint-Germain, il y a encore des choses qui perdurent ; il y a toujours des pisse-copie, des pantalons rouges et des chemises à carreaux (mais peut-être est-ce l'effet de Nirvana...). (Pisse-copie : un individu dont la vessie se prend pour la lanterne et qui se figure qu'on est journaliste parce que l'on écrit dans un journal.)
A lire pour retrouver l'âme de Saint Germain de 1950 : Manuel de Saint-Germain-des-Près de Boris Vian. Un guide touristique et historique, très fantaisiste et bouffon.
Pourtant ce quartier doit sa notoriété aux artistes et écrivains qui l'ont fréquenté comme Boris Vian et les existentialistes dans les années 40-50. D'ailleurs, comme c'est actuellement la fête de la philosophie, rappelons que c'est le couple célèbre Sartre et Beauvoir qui a largement contribué à lancer ce quatier. Boris Vian a raison : "Sur Simone de Beauvoir (...) on a raconté des tas de salades, comme sur Sartre d'ailleurs. Je ne pense pas, quant à moi, qu'on puisse expédier leur philosophie en vingt lignes ; Je rappelle simplement que le lancement récent de Saint-Germain-des-Près est en grande partie dû à leur renom littéraire, et que si les tôliers du coin avaient trois sous d'honnêteté, Simone de Beauvoir et Sartre devraient consommer gratis dans tous les bistrots qu'ils ont lancés. N'est-ce pas, Castor, que c'est une bonne idée ?"
Nous apprenons aussi dans le Manuel de Saint-Germain-des-Près que Merleau-Ponty était le seul philosophe à inviter les dames danser. Et que Camus était susceptible...
On y trouve des descriptions succulentes du quartier, qui sont toujours d'actualité :
"Rue de Rennes : un grand billard dégueulasse et affreux au bout duquel on voit une gare infecte qui s'appelle gare Montparnasse, laquelle mène à Rennes". Et pourtant la tour Montparnasse n'a été construite que dans les années 70 !
"Rue du Sabot : encore une petite rue très marrante et toute tordue." C'est toujours le cas !
"Rue du Dragon : le plus court chemin du Flore au Vieux Colombier." Je n'ai pas chronométré mais ça doit être ça.
"Rue de Fürstemberg : c'est la rue qui a l'air construite pour un film, avec son petit square et son lampadaire à cinq boules blanches." Mais qui est aujourd'hui l'une des plus chères rues de Paris...
Grâce à Sartre et Beauvoir, le prix au m2 du 6ème arrondissement est le plus cher de Paris. Comme quoi la philosophie peut générer de la croissance économique, ou tout du moins contribuer à l'inflation :-)
Mais rassurons-nous tout de même, à Saint-Germain, il y a encore des choses qui perdurent ; il y a toujours des pisse-copie, des pantalons rouges et des chemises à carreaux (mais peut-être est-ce l'effet de Nirvana...). (Pisse-copie : un individu dont la vessie se prend pour la lanterne et qui se figure qu'on est journaliste parce que l'on écrit dans un journal.)
A lire pour retrouver l'âme de Saint Germain de 1950 : Manuel de Saint-Germain-des-Près de Boris Vian. Un guide touristique et historique, très fantaisiste et bouffon.
Rédigé par Marjorie Rafécas le Mardi 4 Juin 2013 à 23:08
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Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.
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