PASCALE *****

02/10/2006


Mots à insérer : VACANCES village, victoire, apostrophe, aime, colline, cheval, allées, alentour, noces, nouba, crochet, crasse, étang, étole, superbe, sosie,
JOKERS : pur, blanc, vierge.



VACANCES...


Quelque chose d’indéfinissable. Moments de partage, d’amitié, de réelle affection et surtout, moments privilégiés de paix, de communion avec la nature. Un petit paradis non loin d’Orthez dans le Béarn. Et le soir, le camping endormi, petit village de toile plongé dans le noir que seule venait titiller la veilleuse des sanitaires, moi je regagnais ma petite maison de vacances. J'aime particulièrement ce moment-là. Je ne remontais que la moustiquaire, omettant volontairement de fermer la porte du double toit. Puis, allongée sur mon lit pliant mais confortable, j'écoutais la nuit, je parlais aux étoiles : je leur racontais mes espoirs, ma capacité à aimer, le bonheur d’être ici, quelques victoires et parfois aussi je leur confiais quelques désillusions. Seuls les oiseaux de nuit me répondaient alors. Hou hou, quelle chance tu as, hullulait le hibou. Hou hou, quelle vilaine pensée que voilà reprenait son voisin. Selon le ton de mes confidences, les sons étaient enjoués, réprobateurs ou parfois plaintifs comme si les oiseaux compatissaient vraiment. Cela dit, j'étais si bien que les cris de soutien n'étaient guère nécessaires...
L’allée que j’empruntais, bordée de chênes majestueux, était terriblement impressionnante mais à deux pas à peine, les collines en prédisaient la fin. Je resserrais mon étole comme pour me protéger de mes craintes imaginaires. Alentour, tout n'était que noces ou plutôt non, noubas de festayres dont les flonflons assourdis ne parvenaient pas, pour autant, à entamer ma sérénité. Pour moi, tout était calme, pur, et vierge de civilisation. La rusticité de l'endroit était d'ailleurs la raison de la fidélité de nos clients. Clients devenus amis pour nombre d’entre eux. Je ne manquais jamais de faire un crochet par la piscine. Elle était idéalement désertée et luisait dans la nuit semblant éclairer le ciel. Elle était toute ronde, aussi calme qu’un étang et j’imaginais que les anges, eux, parlaient de « lune bleutée » tout en nous observant de là-haut. J'entendais le dernier hennissement d’un cheval qui cherchait le sommeil. Instants magiques... Puis, regagnant de ma superbe, j'affrontais courageusement la nuit pour retrouver mon petit abri.
Allongée sur le dos, j'oubliais le filet de la porte intérieure. Je communiais avec le ciel, les nuages et par de nombreuses nuits étoilées, avec la lune qui me souriait. J'y accrochais mon coeur et il souriait aussi à tous ceux que j'aimais. Eux-mêmes étaient-ils sensibles à ces appels ? Je l'ignorais et ne m’interrogeais pas davantage. J'aimais gratuitement, sans espoir de retour. C'est trop souvent le meilleur moyen de gâcher le présent, et puis, je songeais que les verbes « donner » et « recevoir » étaient synonymes imparfaits mais bien réels…
Parfois le vent se plaisait à jouer dans les ramures. J'entendais danser les feuilles des arbres et celles, trop faibles pour résister, quitter leurs géniteurs, pour voler de leurs propres ailes, libres le temps d’un instant, ignorant qu'elles allaient droit à la mort. J’entendais craquer les fines branches. Je songeais à la fragilité de mon logis d'été. Puis, lorsque l'orage s'en mêlait, je sentais se réveiller mes peurs d'enfant. Les éclairs illuminaient le terrain tout entier puis le tonnerre grondait, éclatait allant jusqu'à faire trembler les parois de ma maisonnette de tissu. Je me résonnais même si les arbres géants sous lesquels chaque campeur trouvait ses repères semblaient bien fragiles ! Ils ployaient l’échine sous le souffle d’éole. Mais me disais-je, depuis le temps qu'ils sont là ? Pourquoi moi ? Pourquoi ce soir ? Et rassurée, j'assistais au spectacle grandiose en enfouissant mes peurs d'enfant dans mon « subconchiant » ! Le silence était alors total. Même la lune ne parvenait plus à traverser l’épaisse couche de nuages noirs. Comment l'aurait-elle pu ? Les animaux se calfeutraient : qui dans le creux d’une branche, qui dans l'herbe folle, épaisse et grasse qui avait échappé à la dernière tonte. Minuscules ou majuscules, les mots apostrophaient déjà mon esprit subjugué. C'était effrayant et je frissonnais. Mais magnifique et je me réjouissais. Puis tout s’arrêtait : le noir laissait place au blanc des pages sur lesquelles j’allais déposer quelques mots.
Mon sosie s’emparait d’un autre lieu, d’un autre temps, d’une autre scène et s’appliquait gratuitement à le rendre véridique, pertinent, lisible, n’ignorant pourtant pas que l’émotion de l’instant était sans doute la chose la plus compliquée à mettre en mots . Surtout lorsque certains d’entre eux nous sont imposés !!

Pascale Martin-Debève pour le 2 octobre 2006.







Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 02/10/2006 à 20:23