VALERIE

nous entamons un texte devant un ours en peluche et à mon signal, chacun passe sa feuille au voisin qui continue l'histoire : tout est permis comme d'habitude. . .


A trois ans j’ai reçu un ours en peluche jaune. Il était grand doux et portait un petit rond autour du cou. Il est tout de suite devenu mon meilleur ami, moi qui était fille unique, qui ne possédait pas d’animal domestique et qui ne voyait jamais personne. Quand on vit à l’hôpital on ne rencontre pas grand monde, juste des docteurs et des infirmières et un nounours, ça peut faire toute la différence. Doudou , c’est comme ça que je l’ai appelé, je lui confiais toutes mes misères. . .
Et puis j’ai grandi et pour ne pas rester comme un bébé, j’ai caché mon Doudou au fond d’une vieille armoire qui ne servait plus à personne. Le soir lorsque j’avais du chagrin ou que j’avais été grondée par mes parents pour quelque bêtise, je pensais très fort à mon « Doudou » et je me demandais quand j’aurais le courage de le récupérer. La vieille armoire était dans une grange très noire tout encombrée de matériel agricole rouillé et il était difficile d’escalader tout ce bazar. Et puis le temps a passé.

- Je suis décidé, je ne peux plus résister, à mon âge, on n’a plus à avoir honte, je vais aller rechercher mon « doudou » et en faire le compagnon actif de ma vie. J’en ferai pourquoi pas profiter aussi ma petite fille quand elle viendra, en lui racontant son histoire, les journées de mon enfance avec mes frères, mes sœurs, mes parents, ses grands parents…
Mais une angoisse me saisit : dans quel état vais-je le retrouver, si je le retrouve, N‘aura-t-il pas été dévoré par les souris, ou mutilé par quelque outil tranchant entreposé là sans égard pour mon petit compagnon. J’entre donc dans cette grange et cherche du regard l’armoire derrière ces grandes machines rouillées d’où remontent les odeurs mêlées d’huile et de d’herbe séchée.
C’est une véritable odyssée d’atteindre ce meuble humilié, dévalorisé, poussiéreux à souhait, tapissé de toiles épaisses d’araignées qui ont désertées leur piège depuis fort longtemps.

- Où es-tu mon compagnon ? Fais-moi un signe ! As-tu encore tous tes membres ?

Courageusement ayant réussi à ouvrir le meuble, je fouille, déplace les cartons, les vieux objets, certains sont encore beaux et puis sur le côté, bien coincé entre deux boîtes, j’aperçois une oreille ronde d’un jaune un peu noirâtre. Tintin ! Je tire et il vient. Quelle bonheur !
Je le touche, je l’époussette, je le caresse. Il est juste sale, me dis-je. Allons, nous nous retrouvons enfin mon biquet ! Comment ai-je pu t’oublier si longtemps ! Tout me revient en mémoire : l’hôpital, maman en pleurs. . . Les larmes me viennent. OULA ! Je serre très fort mon ours contre moi. Je n’ai pas 50 ans mais 3 ans ! Je chantonne. . .
Soudain j’entends : « ben, maman, tu fais quoi ? Tu deviens gâteuse ou quoi ! »

RETOUR A LA REALITE . . .



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 07/02/2006 à 00:38