PASCALE *****

MINI-NOUVELLE

Récit bref
Fondé sur un sujet restreint : aventure, souvenir, épisode, anecdote, instant.
Récit rapide et resserré (ni longueur ni digressions)
Cachet oral : souvent contée ou lue à voix haute.
J’aimerais que vous puissiez y mettre le ton lorsque vous nous la lirez (humour, tendresse, sourire)

Photo proposée : un lac bordé d’arbrisseaux…





L’eau de l’étang était à peine troublée par le vent. Et malgré quelques rides en surface, le fond sableux offrait au regard des vaguelettes ondulées, indemnes de toute pollution humaine.
A l’ombre d’un pin parasol, je jouissais du spectacle sans cesse renouvelé. Un petit voilier qui menaçait de chavirer, l’enfant malhabile à son bord s’époumonant en direction d’un sauveur éventuel : « hé, m’sieur, m’sieur, c’est chelou ce truc. J’vais finir bouffé par les rascasses. »
Main dans la main, un homme et une femme d’âge mur, marchant pieds nus dans le sable avec moult précautions pour ne pas en remplir leurs souliers du Dimanche.
Je souriais aux anges… c’est alors que je le vis pour la première fois. Des yeux d’un bleu si profond que je me noyais dedans. Puis le reste. Pas désagréable non plus. C’est lui qui m’aborda le premier… j’étais encore jeune et fraîche…
- Je vous ai entendu chanter. Etait-ce une invitation ?
Je rougissais jusqu’aux oreilles.
- Heu, non, c’est juste que j’aime cette chanson. Je chante toujours.
- Dommage. Remarquez, cela nous donnera le temps de faire connaissance.
La honte m’envahit.
« Faisons l’amour avant de nous dire adieu. Faisons l’amour avant de nous dire adieu. »
Notre idylle dura un peu plus de deux mois. Puis il nous fallut bien songer à nous quitter.
Ni lui ni moi n’avions eu le courage de songer avant à ce moment prévisible. Mille kilomètres et deux emplois passionnants nous séparaient impitoyablement.
- Tu sais, je ne peux pas m’imaginer sans toi à mes côtés, me répétait-il le dernier soir tout en caressant ma joue doucement.
- Moi non plus. Mais nous n’avons pas le choix. Nous le savions.
- Non. Je ne pouvais pas imaginer que cette simple amourette au départ prendrait une telle importance dans ma vie. Dis-moi et réponds moi vite et franchement : « est-ce que tu veux m’épouser ? »
Cela me prit environ deux secondes.
NON !
C’est de cette façon que depuis, je ne repasse les chemises de personne, je ne prépare le repas de personne, je ne fais le lit de personne, je ne fais la vaisselle de personne, personne ne me dit que je suis nulle au volant, nulle en comptabilité, d’ailleurs je dépense les sous que j’ai comme je veux, je mange des biscottes dans mon lit et oui je les mange toute seule la plupart du temps mais pas toujours. Et si ça lui pique le derrière, il s’en va, voilà tout… ah, frustrée, oui mais quelle tranquillité…
Enfin moi, j’écris tout cela mais ce n’est qu’histoire de sourire car en réalité, je ne demande qu’une chose au monde : renoncer à mes privilèges pour l’amour d’un autre…


Pascale jeu atelier du 26 mai 2008.


Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 28/05/2008 à 22:39