PASCALE *****

28/05/2008


Arcanes, arbitraire, allégro, ruse, rondeur, complexe, confiance, astuce, aimable, nomade, novice, effluve, éclat, serrer, serpent.

Jokers : Jamais, ni, sans.



L’opération baptisée Arcane fut arbitrairement décidée sans songer que d’Allégro à Morto, il n’y avait qu’un pas que même les plus rusés n’allaient pouvoir éviter. Il fallait des litres et des litres de résine et très vite…
Toute en rondeur malgré leur taille et sans complexe, c’est avec confiance que les grands pins levaient la tête vers le ciel depuis des années et des années. En fait, l’âge de mon arrière grand-père ou presque. Astucieux et peu aimables, les gemmeurs-nomades allaient d’arbre en arbre, coutelas ou hachettes en avant et entaillaient les écorces sans état d’âme. L’époque était rude. Les hommes aussi. Le novice s’y reprenait souvent à plusieurs reprise et le tronc blessé pleurait à fendre l’âme. Personne à part moi ne l’entendait, ne les entendaient. Là où d’aucun suggérait le bruit du vent, moi j’écoutais leurs plaintes. C’est comme ça : je ne l’explique pas ni n’exige d’être cru. Puis coulaient leurs larmes : les larmes des pins sous forme d’un baume que les hommes récoltaient dans de petits pots collants. Cette gomme dont les effluves parviennent encore jusqu’à moi à chaque fois que je songe à mes Landes natales, aurait du servir à cicatriser la plaie mais à chaque récolte, l’homme éclatait de nouveau le bois pour récolter davantage. L’arbre serrait les dents et offrait sa sève, regrettant parfois que le fichu serpent qui avait séduit Eve n’avait pas songé plutôt à le protéger, lui !
Puis ce fut enfin la libération… Les récoltes manuelles coûtaient bien trop cher pour peu de revenus si bien que peu à peu, la résine fut importée de l’étranger… tant pis pour eux, tant mieux pour nous se dirent les arbres, qui plus jamais, ne seront mutilés.
Ni vous ni moi n’y pouvions rien, ni même ceux qui travaillaient durement pour gagner, péniblement, leur vie. Mais c’est sans regret que je me promène aujourd’hui entre les rangées de pins à l’écorce pleine, libérée de ses cicatrices.

Pascale pour le 26 mai 2008.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 28/05/2008 à 19:59