RENE

12/02/2007

Mots à insérer

Hasard : hibou, humeur, amitié, asperge, sourire, soupir, anse, argent, rasade, rumeur, domaine, docile.
Jokers : cinq, vert, long.







Le panier ailé.

Je me présente : je suis un panier d’osier tressé, fort bien fait, de taille commode et à l’anse solide. C’est Monsieur Lamarque qui m’avait acheté pour offrir à sa femme Je pense qu’il ne m’avait pas choisi au hasard car j’ai été adopté avec joie. Depuis, je réside à la campagne en menant une vie fort intéressante et active, du moins jusqu’à cet évènement qui vint changer les choses…

Sachez d’abord que dans mon domaine d’utilisation, je reçois docilement les charges les plus variées. Selon les circonstances et les saisons ce peut-être des légumes verts du jardin, des tomates et des aubergines, des asperges, des fruits, des champignons, etc. Les jours de marché, j’accompagne fidèlement ma maîtresse. En ce lieu animé et cosmopolite, je ne puis ne pas entendre toutes sortes de rumeurs faisant état qui de panier percé, qui de mettre au panier ou de panier à salade, voire de panier mal famé, et comble de l’abomination, de panier en plastique. Avec un peu de recul, j’ai heureusement appris à ne pas considérer tout cela tel de l’argent comptant.

J’aime assez jouer les mannequins tout en affichant un sourire cabotin, lorsque la main artistique de Madame m’habille de quelque feuillage automnal, me décore d’épis de maïs coiffés de leur panouille, ou encore me submerge d’une foison de pignes de pins ou de coloquintes multicolores… Je veux également vous dire un mot des piques-niques que j’emmène sur la plage comme aux sorties dans la nature : cela m’est un véritable supplice de devoir humer le fumet des pâtés et les senteurs des fromages, d’entendre glouglouter les rasades de Pomerol, sans que j’en puisse goutter.

Quand je suis au repos, rangé sous l’auvent de la maison, j’apprécie un peu comme le poète ou le philosophe, le défilé du temps et le cours des saisons. Puis je suis bien placé pour découvrir l’humeur des gens et parfois des soupirs cachés.

Venons-en aux dernières vacances de Mr et Mme Lamarque qui me confièrent, à leur habitude, la garde de la maison. Je reçus alors les visites assidues d’un hibou du voisinage, courtois, distingué et de belle prestance, qu’attirait la tranquillité du lieu. Nous sympathisâmes spontanément, réciproquement attirés par nos personnalités différentes et complémentaires. Mais ce ne fut que la cinquième nuit qu’il se décida à me déclarer son amitié. Quels moments ineffables ! Hélas, après les vacances, effarouché par la présence humaine, il ne reparut plus.

Depuis ce moment, je suis rongé par l’incertitude et miné par des idées sombres, le temps parait trop long, j’ai perdu mon insouciance. Je me vois bassement réduit à espérer le prochain départ en voyage de mes maîtres en supputant que j’arriverais à tout arranger ! J’ai même rêvé la nuit dernière, que miraculeusement pourvu d’ailes, je prenais un envol libérateur…

René pour le 12 février 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/02/2007 à 18:03