CHRISTIANE J.*****

17/01/2007

Mot à insérer :
Avion : alarme, assurance, vivant, vorace, irruption, incendie, ordre, orifice, noyer, numéro, sauvetage, sirop.
Joker : noir, nuage, feu.


AVIONS

GAI GAI L’ECOLIER…

Mademoiselle Louise G. institutrice de son état, derrière son bureau perché sur une estrade surveille son petit monde, une quinzaine d’élèves d’une classe de l’école primaire de garçons de Bergère les Vertus, petite commune en Champagne.

Nous sommes au début du mois de juillet.

Mademoiselle Louise G. perçoit l’agitation coutumière propre à l’euphorie que procure la perspective des grandes vacances.

Quelques signes annonciateurs sont perceptibles depuis quelques jours : des dessins maladroits ont surgi sur le tableau noir, et même quelques gros mots gribouillés se faufilent au milieu du classique « vive les vacances ! ».

Elle ne s’en offusque pas et l’élève désigné efface sans rechigner le tableau, profitant de l’occasion pour esquisser un numéro de clown.

Pourtant aujourd’hui l’excitation va crescendo, peut-être parce que dehors l’air est moite. Les nuages sont noirs, l’orage n’est pas loin.

Quelques cocottes en papier prennent place sur les pupitres, soudain un avion lancé hardiment atterrit sur le bureau de Mademoiselle Louise, des éclats de rire fusent et d’autres trajectoires se multiplient, même les élèves les plus timides ont pris de l’assurance et se joignent au chahut.

Mademoiselle Louise claque violemment sa règle sur son bureau, en criant « assis », peine perdue, des boulettes de papier giclent ça et là des orifices de tuyaux fabriqués à la hâte. Bientôt le sol est noyé sous les projectiles.

Le feu aux joues, elle s’égosille, elle habituellement si maîtresse d’elle-même.

Brusquement, alarmé par le vacarme Monsieur le Directeur fait irruption dans
la classe, son regard en dit long sur sa colère et les menaces de sévères punitions.

C’est le sauve-qui-peut général, l’incendie s’éteint instantanément, chacun regagne sa place en évitant les regards des copains.

L’ordre revenu, Mademoiselle Louise G. entreprend à haute voix la lecture de son livre favori : « de Goupil à Margot ».


Elle sait bien que son rôle consiste aussi à canaliser les ardeurs de ses petits écoliers prêts à dévorer la vie qui les attend.


Nous sommes en 1920 et c’est le début des Années Folles.



Christiane J. pour le 15 janvier 2007.



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 17/01/2007 à 01:27