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PASCALE *****
30/06/2008
Psychosomatisation dont nous parlions tout à l'heure... Cela pourrait être vrai non?
Ça passera, ça passe toujours...
Ça commence par une petite douleur. Un simple pincement, à peine perceptible. Mais elle vient réveiller le cerveau et celui-ci, soudain vous réveille auusi, écoute son corps. Des milliers de petites lampes se mettent à clignoter et l'ordinateur le plus performant au monde commence son analyse. Nouvelle attaque. La douleur se répète, plus violente. Le cerveau veille et la garde en mémoire. D'une capacité inégalée jusqu'à ce jour, il stocke, stocke, et se souvient. À quand le dernier message ? Février ? Mars ? On est en avril. Trois mois déjà. Des tas d'examens. Mais toujours pas de réponse. Le cerveau alerte mais il n'est pas médecin. Il rappelle juste le corps à l'ordre.
- fais gaffe! C'est pas normal ça! Tu déconnes!
- la douleur est supportable lui répond le corps. Il y a pire.
- oui, répond le cerveau. Mais quand même, tu vois bien que ça te fatigue. ça te travaille!
- je sais répond le corps. Mais qu'y puis-je moi si même Hippocrate y perd son latin?
Et pendant que ces deux-là se chamaille, moi je ne dors pas. Je ne peux pas. Mon corps y veille. Mon esprit chagrin aussi. Car l'un influence l'autre et probablement vice versa.
D'autres douleurs intérieures s'en mêlent et viennent ajouter à la confusion passagère. Le cœur se plaint lui aussi qui vient à peine de se remettre d'une blessure inavouable. Inavouable car tellement ridicule qu'un autre cœur moins sensible n'y aurait même pas prêté attention... Mais bon, voilà. Celui-là est un peu plus fragile. Il a mal pour rien. Alors, un simple malentendu la rend morose. Oh, notez bien, ça passera. Ça passe toujours et il le sait.
Mais, mais, il avait envie de le dire.
Le cerveau lui fait des savants calculs, s'interdisant toute indulgence ou apitoiement sur ce corps en souffrance. Il ne peut pas. D'abord il n'a pas le temps. Il y a bien d'autres chats à fouetter. Ensuite, il a besoin de toute sa lucidité pour apaiser le conflit. Conflit mécanique plus qu’émotionnel. De cela il ne doute pas. Mais il se sent impuissant comme rarement il l'a été. Ses armées ont bien localisé le virus actuel. D'ailleurs ce n'est pas difficile puisqu'il lui suffit d'écouter les spasmes de douleur. Mais quant à les gérer, alors là, il en est bien incapable. La seule solution qu'il trouve est de transformer toute cette douleur en haine. Haine contre ceux, incapable de la lui ôter. De la cerner même plus simplement. Comme si, n'étant pas visible, elle ne pouvait être réelle. Pas toujours prise en compte en tout cas!
Alors le cerveau se dit qu'il va s'occuper lui-même de son cas. Son corps vaut bien les quelques euros qu'il lui en coûtera. Il tente alors, en attendant puisqu'il lui faut bien faire face, de calmer ce corps en souffrance.
- Relax. Respire. Apaise-toi...
- t'en as de bonne toi ! Je voudrais t'y voir...
Le cerveau emmène la main contre la partie douloureuse et tente mais en vain, d'imaginer que cette main maladroite peut s'emparer de la douleur comme elle s'empare d'une boule de pétanque. Puis il la jette en pensée bien loin du lit où repose le corps. Ça marche! Quelques secondes... Ce qui, en somme, n'est absolument pas différent des moments pendant lesquelles il n'ordonne rien!
Mais Dieu merci, il ne s'agit que d'à coups. Intolérables. Angoissants à souhait. Mais jamais continus.
En haut de l'escalier, un autre corps va et vient entre les toilettes et le lit. Lui aussi a mal. Et pour cause!
La nuit s'étire sans fin. Moi je vais du lit au jardin et c'est dans des volutes bleutées que j'essaie de perdre mon mal. Est-ce lui qui est asphyxié ? Où est-ce moi ? En tout cas, chaque bouffée m'apaise. Et je fais une nouvelle tentative. Mon cerveau aussi.
- ne t'écoute pas. Ne panique pas. Respire...
C'est que mon cerveau se croit malin. Plus vaillant que ce corps qu'une nature ingrate lui enjoignît. Plus malin que certains Hippocrates hypocrites qui n'osent avouer leurs lacunes. Ils ne trouvent pas mais la douleur existe bien. Mais surtout, mon cerveau assume sa solitude extrême. Il n'a pas le choix. Cela ne devrait pas mais c'est ainsi. Malades, nous ne sommes plus rien. Il faut subir. Attendre le bon vouloir ou le miracle. Ça existe encore. De cela le cerveau est persuadé. Il finira bien par trouver celui ou celle qui le remettra sur pied. Qui trouvera parce qu’il sait bien lui, que ce n’est pas imaginaire. Il arrive même à espérer que cela soit grave, enfin, pas trop non plus, pour pouvoir enfin dire : vous voyez, je ne blaguais pas !
Enfin il se met en veille prolongée.
Ça finit par un petit pincement. Une douleur à peine perceptible. Il le savait : c'est passé, ça passe toujours! Mais pour autant, il s'endort insatisfait, anxieux, écœuré...
Le plus dur de la crise est passée...
Pascale, Avril 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 30/06/2008 à 22:33