CHRISTIANE J.*****

25/04/2007
poisson clown
poisson clown






Le destin de NEMOBIS


Un sympathique amphiprion ocellaris, rebaptisé « poisson clown » par les hommes, coulait des jours heureux dans les riches eaux de l’Océan Pacifique. Avec ses amis, il vivait en symbiose avec une floraison d’anémones protectrices recouvertes de mucus, véritable nectar.

Un jour funeste, son petit paradis fut envahi par une armada de plongeurs affairés flanqués de vastes filets

En un éclair, les intrus firent une rafle des plus fructueuses.

Le monde des amphiprions fut bouleversé, puis abattu, de toute évidence la colonie était décimée.

La montée vers la lumière s’effectua en quelques impulsions fulgurantes, les filets furent hissés sur une embarcation, vidés prestement dans de grands bacs sur lesquels se penchaient des visages hilares : nos amis découvrirent le genre humain dans toute sa violence et sa cupidité.

Notre héros ne savait pas qu’un film d’animation, petit chef d’oeuvre titré « Le monde de Némo » avait irrésistiblement mis en vedette son espèce, un commerce rentable s’était instauré avec la mise en place de captures à grande échelle.

La « croisière » imposée aux passagers kidnappés fut de courte durée, aux yeux des pêcheurs le butin était fécond et déjà le tri s’ébauchait car il faut savoir que la couleur constituait un indice de valeur.

Notre personnage avait été repéré de suite par ses couleurs sublimes : « c’est un véritable Némo-bis celui-là ! » et chacun approuvait sans réserve.

Chargés, transbordés puis déposés dans de vastes aquariums, les captifs connurent tour à tour l’affolement puis la résignation.

Des bulles agitaient l’eau claire insipide, plus de repos possible à l’ombre des anémones amies, plus de jeu de cache-cache derrière les rochers. Les petits pensionnaires découvrirent l’oisiveté : nul besoin de chasser pour trouver la nourriture, des flocons à la saveur bizarre flottaient de ci de-là et les gober ne demandait pas d’effort. En résumé, ils nageaient dans l’ennui.

Quelquefois l’un d’entre eux disparaissait dans une épuisette. Puis ce fut le tour de notre petit héros bien involontaire, ballotté dans un sachet exigu, il crut sa dernière heure arrivée.

Au terme de son périple, il retrouva son univers exotique en miniature, des compagnons aux vives couleurs allaient et venaient avec vivacité, des plantes caressantes se balançaient avec douceur. Pour un peu il aurait soupiré d’aise.

Enfin, notre personnage évoluait dans un décor plaisant. Il se familiarisa avec le fond sonore provenant de la proximité d’une grande volière habitée par des oiseaux bavards, mais ce qu’il aimait par-dessus tout c’était la joie manifestée par les jeunes visiteurs qui collaient leur visage à la paroi de l’aquarium, il avait très vite compris qu’il était la nouvelle vedette de la communauté.

Cabotin, il se pavanait le long de la vitre, volontiers facétieux, il disparaissait puis réapparaissait soudain tout frétillant, régalant le public avec des loopings audacieux.

Ironie du sort : il était devenu un « poisson clown » !


CHRISTIANE J. pour le 23 avril 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 25/04/2007 à 19:24