FRANCOISE C.*

15/10/2007

mots à insérer

montre: mimosa, maman, obsolète, obscurité, néant, nanti, terrasse, titiller, rage, roue, élégant, étrange
joker: bébé, clair, époque


Montre molle de Dali
Montre molle de Dali
Camisole

Quel jour? quelle heure? il est des moments bien étranges où seule une montre pourrait répondre à ces questions.
Je suis sortie sur la terrasse, l'obscurité... encore ou déjà? comme c'est étrange! je vais me ressaisir;
Bon, je suis réveillée... réveillée ou rêvant d'être réveillée...
Non, pas comme ça... Je vais me retrouver, savoir où je suis, qui je suis. Si au moins la rage pouvait me saisir; mais en colère pourquoi? contre qui?
Qu'est-ce que je sais incontestablement? si je me pince, j'ai mal; je peux cligner des yeux, tirer la langue, sentir le mimosa de la haie, là-bas, titiller le lobe de mon oreille , entendre le galop de la machine à coudre, regretter le grincement de la pompe à eau que maman actionnait, l'air furibonde.
Oui, penser à elle, maman; mais où es-tu?
quel est ce néant qui m'enserre?
Voilà enfin une montre. pourquoi est-elle sur un mur dans un cadre? Comme elle est étrange. Je ne m'approcherai pas; on dirait qu'elle est déformée. Je ne la toucherai pas; on dirait qu'elle est molle. Et ses chiffres élégants, romains on les appelle, je crois. Les voilà prêts à se dresser tel des flèches ou des bâtons nantis de piques.
Attention, les aiguilles sont prêtes à fondre, se liquéfier hors du cadre. Est-ce un signe que le temps m'échappe, va-t-il couler sur la table de l'élégant guéridon? Va-t-il tomber sur le parquet, se faufiler vers mes orteils?
Fuir; vite sautons sur un vélo. Mais la roue est voilée, pire, elle se tord en huit tel une bande de moebius déjetée. Elle est telle la montre de Dali; elle est telle ma vision du jardin, là, face à moi; elle est telle que je vous vois avançant vers moi, déformé et hideux, croyant m'amadouer avec ce sourire faux jeton qui ne cache pas la seringue que vous contenez dans votre main gantée. N'approchez pas, laissez moi. Et ce lit sur lequel vous m'allongez qui semble monter et descendre tel le cheval de bois de mon manège préféré. Quelle heure est-il? l'heure de ma piqûre? et bien allez et que je dorme enfin pour vous oublier.

Capbreton, octobre 20007, Françoise C.


Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 15/10/2007 à 20:30