Tous à vos plumes!
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PHOTOS 2006/2007
CHRISTIANE J.*****
06/12/2006
Mots à insérer :
HONNEUR : hirsute, hiver, otage, obstacle, nul, nouveau, nuage, nature, époque, écho, utile, unanime, rare, rivage.
JOKERS : vent, le, air.
4
En ce dimanche de printemps Jojo se sentait las, la crinière hirsute tassée sous sa casquette, il passait ses journées à errer depuis des mois, des années sans doute.
Non pas qu’il ait fait un bras d’honneur à la société, mais les obstacles qui avaient égrainé sa vie s’étaient transformés en galères et il avait cessé de lutter contre vents et marées.
En même temps qu’il renonçait petit à petit à son identité, il avait renoncé à être l’otage de ces aides qui ne sont que saupoudrages stériles distribués aux « démunis » selon le qualificatif employé avec une belle unanimité par les bien-pensants.
Ce n’était pas dans sa nature de ressasser les évènements qui l’avaient conduit à cette situation. Il avait décidé une fois pour toutes que son passé était nul et non avenu. Il s’était forgé une amnésie en quelque sorte. Certes il survivait tant bien que mal en marge de son époque mais il ne se considérait pas comme un clochard, il avait son squat attitré été comme hiver. Il avait quelques copains qui l’invitaient volontiers à fêter la Saint Rémi comme ils disaient le jour où ils percevaient le RMI. Mais il n’aimait pas trop fréquenter ses congénères, sans doute parce qu’ils lui renvoyaient l’écho de sa propre marginalité.
Il lui arrivait de se rendre utile et quand il voulait s’en donner la peine il n’était pas rare qu’il trouvât quelques services à rendre de-ci delà qui lui permettaient de se nourrir.
En ce dimanche de printemps il se sentait gagné par la mélancolie et ça c’était un sentiment nouveau qui l’atteignait.
Assis sur un banc du square des Batignolles, il s’efforçait de ne penser à rien.
Tout à coup une petite fille, effrayée par un chien qui la poursuivait, se précipita vers lui. D’un geste protecteur il la souleva pour la soustraire à l’animal. La fillette retrouva son calme et la maman accourue le remercia avec effusion. « Comment tu t’appelles ? » demanda la petite fille. « Georges » lui répondit-il simplement.
Oui l’espace d’un instant il n’était plus Jojo, son ombre grise.
Il s’éloigna, ému, une toute petite fille s’était accrochée à son cou et lui avait demandé son nom. Une jeune et jolie dame lui avait serré la main chaleureusement. Les nuages lui parurent soudain plus hauts dans le ciel et l’air beaucoup plus léger.
Christiane J. pour le 5 décembre 2006
Très émouvant et en cette veille de fête, se pencher sur les plus démunis me parait un bon remède contre l'indifférence.
En ce dimanche de printemps Jojo se sentait las, la crinière hirsute tassée sous sa casquette, il passait ses journées à errer depuis des mois, des années sans doute.
Non pas qu’il ait fait un bras d’honneur à la société, mais les obstacles qui avaient égrainé sa vie s’étaient transformés en galères et il avait cessé de lutter contre vents et marées.
En même temps qu’il renonçait petit à petit à son identité, il avait renoncé à être l’otage de ces aides qui ne sont que saupoudrages stériles distribués aux « démunis » selon le qualificatif employé avec une belle unanimité par les bien-pensants.
Ce n’était pas dans sa nature de ressasser les évènements qui l’avaient conduit à cette situation. Il avait décidé une fois pour toutes que son passé était nul et non avenu. Il s’était forgé une amnésie en quelque sorte. Certes il survivait tant bien que mal en marge de son époque mais il ne se considérait pas comme un clochard, il avait son squat attitré été comme hiver. Il avait quelques copains qui l’invitaient volontiers à fêter la Saint Rémi comme ils disaient le jour où ils percevaient le RMI. Mais il n’aimait pas trop fréquenter ses congénères, sans doute parce qu’ils lui renvoyaient l’écho de sa propre marginalité.
Il lui arrivait de se rendre utile et quand il voulait s’en donner la peine il n’était pas rare qu’il trouvât quelques services à rendre de-ci delà qui lui permettaient de se nourrir.
En ce dimanche de printemps il se sentait gagné par la mélancolie et ça c’était un sentiment nouveau qui l’atteignait.
Assis sur un banc du square des Batignolles, il s’efforçait de ne penser à rien.
Tout à coup une petite fille, effrayée par un chien qui la poursuivait, se précipita vers lui. D’un geste protecteur il la souleva pour la soustraire à l’animal. La fillette retrouva son calme et la maman accourue le remercia avec effusion. « Comment tu t’appelles ? » demanda la petite fille. « Georges » lui répondit-il simplement.
Oui l’espace d’un instant il n’était plus Jojo, son ombre grise.
Il s’éloigna, ému, une toute petite fille s’était accrochée à son cou et lui avait demandé son nom. Une jeune et jolie dame lui avait serré la main chaleureusement. Les nuages lui parurent soudain plus hauts dans le ciel et l’air beaucoup plus léger.
Christiane J. pour le 5 décembre 2006
Très émouvant et en cette veille de fête, se pencher sur les plus démunis me parait un bon remède contre l'indifférence.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 06/12/2006 à 10:53