CHRISTIANE J.*****

07/05/2007

Mots à insérer : calme, charbon,heureux, hâte, amateur, alarme, lustre, liberté, envie, épopée, utile, usage, retour, réel.
Jokers : pas, mer, en.


CHALEUR...


Dans la chaleur de la mine


Il y a 200 millions d’années, l’eau de mer pénétrait dans les basses plaines de cette région qui est aujourd’hui l’Alsace. La chaleur solaire entraîna l’assèchement et l’augmentation de la concentration des sels.

Des millénaires plus tard, l’exploitation des dépôts du minerai s’étendit sur un siècle.

Cette manne venue des temps lointains devait révolutionner l’économie locale tournée jusque là vers les filatures.

C’est en 1904 que le premier forage eût lieu, au fil des ans 24 puits furent creusés sur 11 sites miniers, employant jusqu’à 14.000 personnes.

Les conditions de travail des mineurs des potasses d’Alsace étaient sensiblement les mêmes que celles de leurs collègues des mines de charbon : la journée commençait par un passage à la « salle des pendus » où chacun accrochait ses affaires avant d’endosser sa tenue de travail avec chaussures de sécurité, foulard et casque.

La chaleur intense, les risques de grisou, étaient leur lot quotidien quelquefois ponctué par une sonnerie d’alarme qui signalait un incident.

Le calme revenu, le travail reprenait, rythmé par le bruit assourdissant des haveuses.
Quel courage animait ces hommes qui oeuvraient à une profondeur de 600 à 1000 mètres ?
J’imagine leur hâte de retourner à l’air libre.

Le dernier puits a fermé en 2002 et je ne peux m’empêcher de penser que les enfants de ces mineurs ont sans doute été heureux d’échapper au destin de leur père.

Les engrais chimiques ont remplacé le chlorure de potassium issu de la sylvinite et petit à petit on découvre que ce n’est pas nécessairement la meilleure chose pour les cultures.

Les terrils de résidus subissent des traitements. Certains sont dissous, d’autres font l’objet d’une végétalisation : recouverts d’une couche d’argile, puis de terre, l’herbe pousse, transformant radicalement le paysage.

Un lustre à peine s’est écoulé depuis la cessation de l’activité : des musées témoignent de cette grande saga en exposant des échantillons aux couleurs ocre vif et rouges grisés, des amateurs ont créé un réel engouement pour des objets de collection, des commémorations entretiennent le souvenir des quelque 715 mineurs morts accidentellement à la tâche.

Les anciens employés des Potasses d’Alsace parcourent les lieux, évoquant ce qui fut leur « campagne » pour ne pas dire leur «guerre » ; ils constatent que la nature reprend ses droits mais il faudra du temps pour tourner la page de ce passé laborieux.

Détail poétique : l’emblème de la potasse d’Alsace dessiné par Hansi, cette cigogne qui veille paisiblement sur un village, symbolisera encore longtemps ce qui fut l’épopée de toute une région.


Christiane J pour le 7 mai 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 07/05/2007 à 22:03