Points intéressants pour la réhabilitation
La réhabilitation du LCA a été largement évoquée lors des différentes interventions. La prise en charge au sein des différents centres Isokinetic nous paraît intéressante à retranscrire dans ses grandes lignes.
Pour rappel, le centre Isokinetic possède différentes antennes par delà l’Europe où les protocoles de réhabilitation sont similaires.
La réhabilitation du LCA a été largement évoquée lors des différentes interventions. La prise en charge au sein des différents centres Isokinetic nous paraît intéressante à retranscrire dans ses grandes lignes.
Pour rappel, le centre Isokinetic possède différentes antennes par delà l’Europe où les protocoles de réhabilitation sont similaires.
L’un des kinésithérapeutes du centre Isokinetic à Londres, M. Zanobbi, nous a décrit comment est organisée la prise en charge en réhabilitation d’une rupture du LCA au sein de sa structure.
Chaque centre est organisé au niveau structurel de la manière suivante (photo-ci dessous issues du site www.isokinetic.com) :
Chaque centre est organisé au niveau structurel de la manière suivante (photo-ci dessous issues du site www.isokinetic.com) :
Comme nous l’a expliquée M. Zannobi, cette organisation permet de suivre l’évolution du sportif du début à la fin de sa réhabilitation.
L’organisation du suivi après rupture du LCA au centre Isokinetic est la suivante :
1/ Réhabilitation pré-opératoire : éducation du patient, travail des amplitudes articulaires, diminution de l’œdème.
Un premier rendez-vous dans la salle de réhabilitation intérieure est organisé, pour montrer au sportif les exercices qu’il devrait faire en post-opératoire immédiat. Ce rendez-vous lui permet également de rencontrer « the case manager doctor » qui sera son référent médical tout au long du processus de réhabilitation.
2/ Phase aiguë post-opératoire : lutter contre le gonflement, levée d’inhibition musculaire, amplitude articulaire avec l’accent porté sur le retour à 0° d’extension. Le patient pourra enlever ses béquilles que lorsque l’extension active à 0° sera acquise.
3/ Reprise de la course sur tapis de course lorsque : pas de douleur à la marche, 120° de flexion, contrôle musculaire du tronc, cuisse et du membre dans sa globalité sont acquis.
Cela permettra de mettre en place un test aérobie sur tapis roulant pour définir l’entrainement aérobie qui suivra.
La réalisation d’un test spécifique au centre (Tests Isokinetic) ayant pour but de tester la force, la puissance et les qualités d’endurance sera aussi réalisé durant cette période.
4/ Retour des qualités proprioceptives : elles seront travaillées dès le retrait des béquilles, d’abord sur plan stable et ensuite sur plan instable.
5/ Activités fonctionnelles : elles sont au départ réalisées dans un lieu rassurant (Green Room) qui correspond à l’un des espaces de réhabilitation intérieur du centre, où il est expliqué au sportif l’importance du grand fessier et de la stabilité corporelle globale pour une bonne réhabilitation du LCA. L’évolution des activités fonctionnelles et la spécificité des exercices se poursuivant sur l’espace extérieur.
6/ Analyse vidéo : réalisée dans le plan frontal et sagittal permet à l’équipe entourant le sportif d’adapter les exercices pour limiter le risque de récidive.
7/ Critères de retour au sport : feu vert du chirurgien, amplitude articulaire complète, récupération de la force totale (Isokinetic test 100%), analyse vidéo du mouvement au MAT test > 90, passage au feu vert des 5 étapes de réhabilitation et reprise de la course supérieure à 11,5 km/h au test aérobie et > à 13,5 km/h au test anaérobie.
Il conclut en disant que le passage d’une phase à l’autre n’est pas basé sur des considérations temporelles mais bel et bien sur des critères fonctionnels.
Une autre intervention a attiré notre attention. Il s’agit de celle de M.Marshall de Dublin. Ce dernier nous a présenté une étude qui avait pour but de comparer le lien entre la distance au saut unipodal (hop distance) et le contrôle de la réception du saut après chirurgie du LCA.
Le test consistait en 3 sauts unipodaux sur la jambe opérée, la jambe libre devant être à 90° de flexion tout au long du test. Il était demandé au sportif de garder l’équilibre durant au moins 2 secondes à la réception du saut. Lors de l’atterrissage une capture vidéo 3D était effectuée .
Pour l’analyse des résultats, le meilleur des 3 sauts était conservé (plus grande distance effectuée) et la notion de contrôle était rangée dans une échelle de 0 à 5. Cette échelle comprenait 5 points distincts : perte du contrôle du genou, contrôle du bassin et du tronc, mauvaise absorption lors de la réception et capacité à maintenir l’équilibre plus de 2 secondes. Lorsque le facteur analysé était correctement acquis, le sportif se voyait attribué un point. Ensuite, les participants étaient rangés dans le groupe mauvais contrôle (0-2 score) ou bon contrôle (> 3 score).
Ce qui ressort de l’étude est qu’il n’y a pas de corrélation entre le résultat au hop test (distance de saut) et la qualité du contrôle du membre inférieur. Pour faire simple, les qualités de puissance qui permettent de sauter loin et celle qui permettent un bon contrôle du membre inférieur en terme de qualité biomécanique sont différentes. Sur cette étude, plus de 50% des sportifs possèdent un mauvais contrôle du membre inférieur au test 6 mois après la chirurgie.
Les intervenants concluent en disant que l’évaluation en réhabilitation après chirurgie du LCA doit se baser sur l’analyse des performances physiques mais aussi sur l’analyse de la qualité des mouvements dynamiques. Cette étude très intéressante est à mettre en lien avec celle de Lee et al. en 2014 qui montre que malgré le succès de la reconstruction chirurgicale du LCA, la fonction du genou lors des activités dynamiques est limitée.
Concluons maintenant par une dernière intervention, une nouvelle fois venue de Dublin, qui nous expose l’étude réalisée sur les mécanismes de changement de direction après chirurgie du LCA.
Cette étude réalisée sur 24 joueurs analysait les asymétries éventuelles lors des changements de direction entre la jambe opérée et la jambe non opérée, mais aussi si la notion de planification du changement de direction avait un effet sur la cinématique du membre inférieur.
Trois phénomènes ressortent de cette étude et seront à prendre en considération par la suite. Tout d’abord, il n’y a pas de différence entre le côté lésé et le côté non-lésé sur la composante de valgus du genou et sur l’angle de rotation interne de ce dernier. Deuxièmement, il n’y a pas de différence sur la cinématique au niveau du genou lors du changement de direction, que ce dernier soit planifié ou non. Enfin, et là est un point que nous considérons fondamental pour optimiser nos prises en charge rééducatives, c’est que l’étude montre une différence significative au niveau de la hanche et du bassin, lorsque le changement de direction est planifié ou non.
En conclusion, nous pouvons dire d’après cette intervention, que l’automatisation du contrôle de la hanche et du bassin est perdue lors du changement de direction après chirurgie du LCA, même si les activités sportives sont possibles.
Conclusion
Pour conclure sur ces différentes interventions lors du congrès Isokinetic, nous pouvons dire que comme à chaque fois l’intérêt se trouve dans la diversité des approches poursuivant un but commun. Le fil rouge est toujours le même, à savoir promouvoir une prise en charge du joueur de football plus performante possible. De notre point de vue, il est important de créer des liens entre les interventions pour optimiser nos prises en charge et promouvoir la qualité dans notre métier.
Germain Saniel
L’organisation du suivi après rupture du LCA au centre Isokinetic est la suivante :
1/ Réhabilitation pré-opératoire : éducation du patient, travail des amplitudes articulaires, diminution de l’œdème.
Un premier rendez-vous dans la salle de réhabilitation intérieure est organisé, pour montrer au sportif les exercices qu’il devrait faire en post-opératoire immédiat. Ce rendez-vous lui permet également de rencontrer « the case manager doctor » qui sera son référent médical tout au long du processus de réhabilitation.
2/ Phase aiguë post-opératoire : lutter contre le gonflement, levée d’inhibition musculaire, amplitude articulaire avec l’accent porté sur le retour à 0° d’extension. Le patient pourra enlever ses béquilles que lorsque l’extension active à 0° sera acquise.
3/ Reprise de la course sur tapis de course lorsque : pas de douleur à la marche, 120° de flexion, contrôle musculaire du tronc, cuisse et du membre dans sa globalité sont acquis.
Cela permettra de mettre en place un test aérobie sur tapis roulant pour définir l’entrainement aérobie qui suivra.
La réalisation d’un test spécifique au centre (Tests Isokinetic) ayant pour but de tester la force, la puissance et les qualités d’endurance sera aussi réalisé durant cette période.
4/ Retour des qualités proprioceptives : elles seront travaillées dès le retrait des béquilles, d’abord sur plan stable et ensuite sur plan instable.
5/ Activités fonctionnelles : elles sont au départ réalisées dans un lieu rassurant (Green Room) qui correspond à l’un des espaces de réhabilitation intérieur du centre, où il est expliqué au sportif l’importance du grand fessier et de la stabilité corporelle globale pour une bonne réhabilitation du LCA. L’évolution des activités fonctionnelles et la spécificité des exercices se poursuivant sur l’espace extérieur.
6/ Analyse vidéo : réalisée dans le plan frontal et sagittal permet à l’équipe entourant le sportif d’adapter les exercices pour limiter le risque de récidive.
7/ Critères de retour au sport : feu vert du chirurgien, amplitude articulaire complète, récupération de la force totale (Isokinetic test 100%), analyse vidéo du mouvement au MAT test > 90, passage au feu vert des 5 étapes de réhabilitation et reprise de la course supérieure à 11,5 km/h au test aérobie et > à 13,5 km/h au test anaérobie.
Il conclut en disant que le passage d’une phase à l’autre n’est pas basé sur des considérations temporelles mais bel et bien sur des critères fonctionnels.
Une autre intervention a attiré notre attention. Il s’agit de celle de M.Marshall de Dublin. Ce dernier nous a présenté une étude qui avait pour but de comparer le lien entre la distance au saut unipodal (hop distance) et le contrôle de la réception du saut après chirurgie du LCA.
Le test consistait en 3 sauts unipodaux sur la jambe opérée, la jambe libre devant être à 90° de flexion tout au long du test. Il était demandé au sportif de garder l’équilibre durant au moins 2 secondes à la réception du saut. Lors de l’atterrissage une capture vidéo 3D était effectuée .
Pour l’analyse des résultats, le meilleur des 3 sauts était conservé (plus grande distance effectuée) et la notion de contrôle était rangée dans une échelle de 0 à 5. Cette échelle comprenait 5 points distincts : perte du contrôle du genou, contrôle du bassin et du tronc, mauvaise absorption lors de la réception et capacité à maintenir l’équilibre plus de 2 secondes. Lorsque le facteur analysé était correctement acquis, le sportif se voyait attribué un point. Ensuite, les participants étaient rangés dans le groupe mauvais contrôle (0-2 score) ou bon contrôle (> 3 score).
Ce qui ressort de l’étude est qu’il n’y a pas de corrélation entre le résultat au hop test (distance de saut) et la qualité du contrôle du membre inférieur. Pour faire simple, les qualités de puissance qui permettent de sauter loin et celle qui permettent un bon contrôle du membre inférieur en terme de qualité biomécanique sont différentes. Sur cette étude, plus de 50% des sportifs possèdent un mauvais contrôle du membre inférieur au test 6 mois après la chirurgie.
Les intervenants concluent en disant que l’évaluation en réhabilitation après chirurgie du LCA doit se baser sur l’analyse des performances physiques mais aussi sur l’analyse de la qualité des mouvements dynamiques. Cette étude très intéressante est à mettre en lien avec celle de Lee et al. en 2014 qui montre que malgré le succès de la reconstruction chirurgicale du LCA, la fonction du genou lors des activités dynamiques est limitée.
Concluons maintenant par une dernière intervention, une nouvelle fois venue de Dublin, qui nous expose l’étude réalisée sur les mécanismes de changement de direction après chirurgie du LCA.
Cette étude réalisée sur 24 joueurs analysait les asymétries éventuelles lors des changements de direction entre la jambe opérée et la jambe non opérée, mais aussi si la notion de planification du changement de direction avait un effet sur la cinématique du membre inférieur.
Trois phénomènes ressortent de cette étude et seront à prendre en considération par la suite. Tout d’abord, il n’y a pas de différence entre le côté lésé et le côté non-lésé sur la composante de valgus du genou et sur l’angle de rotation interne de ce dernier. Deuxièmement, il n’y a pas de différence sur la cinématique au niveau du genou lors du changement de direction, que ce dernier soit planifié ou non. Enfin, et là est un point que nous considérons fondamental pour optimiser nos prises en charge rééducatives, c’est que l’étude montre une différence significative au niveau de la hanche et du bassin, lorsque le changement de direction est planifié ou non.
En conclusion, nous pouvons dire d’après cette intervention, que l’automatisation du contrôle de la hanche et du bassin est perdue lors du changement de direction après chirurgie du LCA, même si les activités sportives sont possibles.
Conclusion
Pour conclure sur ces différentes interventions lors du congrès Isokinetic, nous pouvons dire que comme à chaque fois l’intérêt se trouve dans la diversité des approches poursuivant un but commun. Le fil rouge est toujours le même, à savoir promouvoir une prise en charge du joueur de football plus performante possible. De notre point de vue, il est important de créer des liens entre les interventions pour optimiser nos prises en charge et promouvoir la qualité dans notre métier.
Germain Saniel