Pour conclure sur cette intervention, nous pouvons dire que Knowles, tout comme Clancy, appréhendent la réhabilitation fonctionnelle comme un point fondamentalement global, où les interactions entre chaque segment corporel est essentiel. L’analyse précise de l’activité et les demandes bien étudiées de cette dernière, permettront de mettre en place des programmes de prévention et de réhabilitation individuels et optimaux.
Toutes les interventions sur le sujet de la réhabilitation fonctionnelle, mettent en relief la notion de « Core Stability ». Vous trouverez d’ailleurs dans un nombre important de publication scientifique l’utilisation de ce terme anglo-saxon. Il nous semble important de bien définir ce concept, pour que la notion que nous nous en faisons ne soit pas erronée, et d’autre part que l’objectif d’atteindre cet aspect dans le geste suive une certaine logique.
Lors d’une interview donnée au journal BJSM en févier 2015, Paul Hodges (spécialiste en réhabilitation et chercheur à l’université de Queensland) définit la notion de « core stability », comme une balance entre le mouvement et la raideur. Il s’agit bien plus selon lui d’une notion de contrôle du geste que de maintien d’une position de gainage. Ce dernier nous parle également de la notion de synergie musculaire. D’après lui, aucun muscle n’est plus important qu’un autre, mais chacun, en fonction de son anatomie et de son mode de fonctionnement va jouer un rôle important dans le geste.
Les muscles profonds vont jouer un rôle prépondérant pour lutter contre la gravité tandis que les muscles mobilisateurs vont mobiliser les segments osseux les uns par rapport aux autres.
Il faudra donc, dans l’objectif de posséder une « core stability » optimale, proposer des exercices fonctionnels avec une posture dynamique "vraie" mettant le sportif dans son activité.
Pour finir, une dernière intervention a égaillé notre curiosité. En effet, K. Hambly de l’université de Kent à Londres, nous a parlé du rôle du système nerveux central (SNC) dans le processus de réhabilitation. Nous l’avions déjà évoqué dans de précédent speed-meeting, mais cette intervention nous a conforté dans cette idée et donné envie d’aller plus loin sur cette route.
Pour Hambly, et nous ne pouvons qu’être en adéquation avec cette idée, pour optimiser la réhabilitation neuro-musculaire, l’athlète doit être engagé dans un programme qui recrée l’ensemble de ses habiletés motrices, dans un environnement cognitif qui fluctue et qui change. En effet, c’est l’adaptation au changement d’environnement qui va faciliter la réponse à l’entrainement et améliorer le contrôle musculaire. Cette réponse sera permise par l’adaptation du SNC aux afférences sensoriels. Comme le dit très justement cette dernière, la réhabilitation se basant sur le travail sur surface instable est à ce jour très largement contestée car elle ignore le rôle même du SNC dans le contrôle proprioceptif du geste. Un nombre important de publications scientifiques vont en ce sens et corrobore cette allocution.
Pour conclure, K.Hambly dit que la mise en place d’un programme de réhabilitation doit être le plus tôt possible spécifique au sport, pour recréer une gestuelle en adéquation avec la demande de l’activité, et non une gestuelle de compensation.
En d’autres termes, il faut mettre en place des programmes ayant pour objectif l’entrainement du SNC, dans la gestuelle sportive en question.
Concluons maintenant sur le sujet de la prise en charge fonctionnelle en réhabilitation et en prévention dans le sport de haut niveau. Au vu de l’ensemble de ces interventions, nous pouvons dire que ce type de prise en charge doit se vouloir global et bien orienté. Aucun paramètre ne doit être mis de côté, sous peine de créer des mécaniques compensatoires, comme nous pouvons le constater par déficit de force ou d’endurance musculaire.
Les exercices de réhabilitation fonctionnelle doivent suivre un continuum de spécificité à l’activité sportive en essayant le plus possible d’impacter le SNC, et ce en faisant varier les environnements cognitifs.
L’analyse et la connaissance précises de l’activité sportive sont des prérequis indispensables, pour adapter et potentialiser la mise en place d’un programme de réhabilitation fonctionnelle.
Nous pouvons donc dire, que la réhabilitation fonctionnelle est bel et bien un concept qui suit une démarche objective et rationnelle, dans un contexte de globalité gestuelle permanent.