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Retour au sport après luxation patellaire ou après chirurgie pour instabilité patellaire



Retour au sport après traitement non chirurgical
 
Un retour au sport en toute sécurité implique que les lésions du genou soient guéries et que le membre inférieur blessé ait suffisamment récupéré de manière à faire face aux demandes des activités sportives. Un retour au sport réussi implique :
(1) aucune nouvelle blessure précoce ;
(2) aucun autre dommage du genou ;
(3) un retour au niveau pré-blessure ou meilleur ;
(4) aucune douleur limitante ;
(5) une possibilité de jeu encore après 5 ans ;
et (6) une absence d'arthrose précoce.

Un processus complet de retour au sport basé sur des prises de décision doit être basé sur :
(1) l'examen clinique;
(2) l'évaluation de la laxité ;
(3) la mesure de la force ;
(4) l'évaluation neuromusculaire ;
et (5) des conseils avec le préparateur physique et l'entraîneur pour les athlètes professionnels.

En ce qui concerne l'articulation fémoro-patellaire, le défi est que la patella est un os sésamoïde enfermé dans l'appareil extenseur du membre inférieur.
Atkin et al. [5] ont suivi 74 patients (37 hommes, 37 femmes) après une première luxation qui a été traitée de façon conservatrice. Les activité sportives avant la blessure étaient similaires à celles des patients présentant une blessure primaire du ligament croisé antérieur (LCA) [6]. Les patients ont été autorisés à retourner au sport après avoir retrouvé la totalité de leurs amplitudes articulaires (AA) passives, sans présenter d'épanchement, et lorsque la force du quadriceps était d'au moins 80 % de celle du membre sain.

Les patients ont retrouvé leurs AA au bout de 6 semaines. La participation sportive a été limitée au cours des 6 premiers mois après blessure, avec des difficultés à  réaliser des squats et à se mettre à genoux. A 6 mois, 58% des patients notaient des limitations d'activité intense, mais aucune récidive n'a été enregistrée. Sillampaa et al. [7] ont rapporté que le retour au niveau d'activité identique à celui avant blessure variait entre 44% et 60% quelle que soit la modalité de traitement après la première luxation.
 
Points critiques de la rééducation pour la réalisation d'un bon retour au sport
 
Il existe peu d'études de haute qualité à propos de la rééducation après luxation patellaire [8], en particulier en ce qui concerne la dernière phase de traitement avant le retour au sport. Il n'y a pas d'essais contrôlés randomisés, mais seulement des croyances et des recommandations [9]. Cependant, depuis que les objectifs sont similaires, une situation parallèle existe avec les informations disponibles dans la littérature concernant le retour au sport après reconstruction du LCA. Afin de parvenir à une reprise correcte et sûre des activités sportives, il existe des points critiques à atteindre au cours de la rééducation.
 
La force des muscles des membres inférieurs, en particulier le quadriceps [10,11] et le moyen fessier est un point essentiel [12]. La force de base est également cruciale car elle joue un rôle important dans la stabilité du membre inférieur. En effet, si le tronc n'est pas stable au cours des cutting manoeuvres, les charges appliquées sur le genou sont en valgus, générant ainsi une situation où l'articulation fémoro-patellaire présente un risque de luxation [3,9].
Pour éviter une nouvelle blessure, la stabilité du membre inférieur doit être maîtrisée à la fin du programme de réadaptation. Les cutting manoeuvres, les changements de direction et la course sur terrain accidenté sont les trois activités perçues comme les plus grands facteurs de risque de luxation patellaire [13]. Par conséquent, l'objectif final du programme de rééducation devrait être de se concentrer sur la stabilité du membre inférieur par l'utilisation d'exercices spécifiques sur différentes surfaces, y compris les cutting manoeuvres, les sauts latéraux, et les changements soudains de direction.

Lors de la phase finale du programme de rééducation, un autre facteur important à considérer pour un bon retour aux activités sportives concerne les activités spécifiques à chaque sport. Même si cela peut sembler évident, ce facteur est souvent négligé. L'athlète doit être préparé aux charges et aux exigences spécifiques de son sport, y compris :
(1) cutting manoeuvres et exercices de pivot, réalisés dans bon nombre de sports d'équipe ;
(2) les stratégies de pliométrie et de réception, mises en accent dans tous les sports avec des sauts;
(3) la stabilité unipodale, en particulier dans les arts martiaux ;
et (4) la proprioception, la stabilité latérale, et les capacités de réception, qui sont sollicitées chez les skieurs.

Comme mentionné précédemment, un parallèle peut être fait avec le retour au sport après reconstruction du LCA. Des exercices spécifiques à mettre en œuvre pour les patients impliqués dans le football, le basket-ball, le ski alpin, et le football américain ont été décrits [14-17].