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LOMBALGIE ET SPORT

Article écrit pour Kinéactu,n°1395 / Jeudi 5 mars 2015



Par Franck Scotte.
Kinésithérapeute du sport.
Formateur kinesport.
 
L’association des mots lombalgies et sport peut paraître paradoxal.
En effet,  nous  sommes actuellement dans une période où tous les feux semblent être au vert, pour une orientation des patients rachialgiques vers des stratégies motrices compatibles avec l’état de leur colonne vertébrale selon la Haute Autorité de Santé, une orientation de la population vers le sport santé, voir le sport prescrit et remboursable, en particulier la « sacro sainte piscine ».

Bref, tout le monde trouve actuellement un  consensus et, en particulier le monde médical, pour nourrir le rachis du mouvement dont il serait tant en manque dans notre société moderne.
Alors comment le sportif, si consommateur de mouvement, pourrait-il avoir mal au dos ?
 
La lombalgie n’engage pas le pronostic vital mais fait partie des tracas qui peuvent empêcher  d’apprécier la vie à sa juste valeur et ce, estimé à ce jour pour 80 % de la population mondiale.
Les sportifs n’y échappent pas non plus, dans des proportions moindres mais conséquentes tout de même, n’épargnant pas les plus grands.
Parlez-en à Franck Ribery qui a raté  la Coupe du monde 2014 à cause d’une lombo-sciatalgie, ou encore à Roger Fédérer qui pour les même raisons, a bien failli ne jamais jouer la coupe Davis face à la France cette même année.
 
 
Afin de mieux comprendre, réalisons un rappel sur la physiologie d’adaptation du rachis lombaire.
 
1395_fc_bat1.pdf 1395_fc_BAT1.pdf  (259.86 Ko)

  • D’abord comme toute entité de notre organisme, le rachis est destiné à une fonction.
             Très lié au bassin, il utilise ses différents composants anatomiques et physiologiques,
            à savoir vasculaire, neurologique et mécanique pour assurer la mobilité, la stabilité,  
             l’amortissement et la transmission de la  force vers la périphérie.
             La stimulation de ces fonctions (par la thérapie gymnique, l’activité sportive..)
              entretient ensuite la  structure.
 
  • Ensuite, le rachis dispose d’un potentiel maximal structurel, propre à chacun car, déterminé génétiquement (par exemple la résistance des disques et du cartilage, la qualité du réseau vasculaire, l’élasticité des tissus, .. )
En dessous de ce potentiel, la structure peut s’adapter, tandis qu’au dessus elle casse ou s’use.
Autrement dit, toute sollicitation mécanique au dessus de potentiel atteint de façon irréversible la constitution de la structure.
 
  • Enfin le rachis n’utilise normalement qu’une partie de ce potentiel maximal, que nous pouvons appeler potentiel maximal physiologique de fonction et d’adaptation.
Celui-ci est lié à ses possibilités d’absorption  (grâce à la  mobilité articulaire, l’élasticité des tissus, le tonus myo-fascial..) subies directement par le contexte (la gestion posturale, le stress, l’alimentation, les activités professionnelles et/ou sportives) .
En dessous de ce potentiel, les stimulations sont gérées par la structure de
              façon  équilibrée,  confortable  et économique, c’est l’état de bonne santé.
             Toute sollicitation mécanique au dessus du potentiel atteint de façon
             réversible l’état  de la structure ; la douleur en étant le premier signe le plus souvent.
 
 
 Ce modèle est valable pour tous.
 
Quelles sont les différences pour le sportif par rapport à ce modèle?
 
  • Concernant  le potentiel maximum structurel, il demeure toujours spécifique à chacun mais est probablement  au dessus de la norme chez le sportif, surtout chez le sportif professionnel.
             On n’est pas sportif de haut niveau par hasard.
 
  • Ensuite la fonction : elle est  poussée très souvent dans ses retranchements. Si un sportif a le potentiel pour sauter 8  mètres à la longueur, il se doit tout de même d’exploiter par l’entraînement ce potentiel afin d’arriver à ce niveau de performance.
             C’est ici tout le rôle de l’entraineur ou du préparateur physique.
 
  • Enfin le potentiel d’adaptation doit donc  aussi, se trouver de façon proportionnelle  dans un état suffisant  pour encaisser les contraintes subies  sans dommage lié au sport et à la performance.
Par conséquent, la mobilité,  l’extensibilité, la force musculaire et les autres paramètres du rachis lombaire doivent être au maximum de leur potentiel afin de  permettre ce niveau d’excellence.
Les possibilités d’adaptation de la structure sont recherchées et développées par les méthodes d’entrainement et contrôlées par le suivi médical.
 
 
Une fois ce modèle avec ces caractéristiques établies, tentons de comprendre le pourquoi de la lombalgie du sportif, puis d’apprécier le rôle possible du kinésithérapeute pour prévenir et atténuer cette perturbation.
Si vous espérez trouver à travers ces lignes  une méthode, un protocole, un consensus de prise en charge, vous risquez d’être déçu.
Il n’y a pas de recette, pas de méthode meilleure qu’une autre.
Ce qui nous semble  important dans la prise en charge  de la rachialgie et en particulier la lombalgie du sportif, est de respecter l’anatomie, la physiologie, de s’appuyer sur un modèle mécanique pour y trouver une cohérence par rapport à  soi, à sa pratique et surtout par rapport à  son patient.
 
Une fois cette approche établie,  toutes les méthodes se valent puisqu’ elles ont souvent le même objectif.