AVANT PROPOS
Article octobre 2019 actualisé octobre 2021.
Nous relaterons ci-après la carrière personnelle de Vannina Schirinsky-Schikhmatoff, puis nous évoquerons la destinée de son grand oncle Youri (Georges) mort en déportation ..... du fait de ses sympathies pour le communisme.
Georges Schirinsky-Schikhmatoff a fait partie du "convoi des 45.000" , train de la mort qui a quitté Compiègne le 6 juillet 1942 . Il est décédé au camp de Birkenau, le 17 août.
Deux déportés Corses de ce même convoi ont connu un sort identique . Nous ferons donc suivre le récit du tragique destin de Georges Schirinsky-Schikhmatoff d'un article consacré au film "Ciò chì ni firmarà " (Ce qu'il en restera), film réalisé par le réalisateur insulaire Paul Filippi.
J.M
http://www.francesoir.fr/actualites-france/du-patrimoine-au-street-art-vannina-schirinsky-schikhmatoff-ou-lart-dans-tous-ses états.
Du patrimoine au street-art: Vannina Schirinsky-Schikhmatoff ou l'art dans tous ses états
Publié le :
Vendredi 05 Juillet 2019De la découverte du premier livre d'égyptologie à ses créations de street-art, de ses cours de peinture en prison à ses démarches pour sauver la bibliothèque patrimoniale d'Ajaccio, Vannina Schirinsky-Schikhmatoff s'investit sans compter pour dynamiser le monde artistique corse.
"Volcanique", c'est ainsi que la décrit Francesco Tiradritti, égyptologue italien qui a confirmé la rareté du "Thesaurus Hyeroglyphicorum, premier livre d'égyptologie" découvert par Vannina Schirinsky, "entre le bottin corse et un Marc Levy" dans la réserve de la bibliothèque patrimoniale où elle est chargée de mission conservation et restauration.
"Sa volcanicité l’a amenée à fouiller dans tous les coins de la bibliothèque Fesch". Elle "pense continuellement à de nouvelles initiatives", déclare-t-il à l'AFP: "C'est parfois difficile à suivre mais on rit beaucoup!"
Vannina Schirinsky, surnommée "Indiana Jones" par plusieurs élus municipaux, a aussi exhumé, parmi 1.000 raretés, des lettres inédites signées de Napoléon ou "un double volume" des plans de la Tour Eiffel signé de Gustave Eiffel.
Des trouvailles réjouissantes pour Simone Guerrini, adjointe à la Culture de la ville, qui salue en Mme Schirinsky "une personne extrêmement impliquée et compétente". "Ingérable" selon ses détracteurs, Vannina a plutôt, selon Mme Guerrini, "des convictions fortes qu'elle défend contre vents et marées".
Grâce à elle, la bibliothèque municipale Fesch est l'un des 18 monuments français à préserver retenus par Stéphane Bern pour le Loto du Patrimoine 2019. "J'ai été convaincu de l'urgence de la situation suite aux nombreux échanges entre Vannina et ma collaboratrice", a expliqué à l'AFP l'animateur télé.
Née le 8 mai 1973 à Paris, fille du journaliste Philippe Alfonsi et de la princesse russe Xenia Schirinsky-Schikhmatoff, Vannina décrit une éducation "d'aristo russe" et une enfance marquée par une période "sous protection policière" à cause de "menaces de mort" liées aux investigations paternelles.
"Ça a duré un mois mais à 7 ans, ça marque", confirme Philippe Alfonsi, dont la fille retient aussi une jeunesse néanmoins riche de bons moments quand "Anne Sinclair, Yvan Levaï ou Roger Gicquel déboulaient à la maison".
- "Passion de la beauté" -
"Baignée dans l'art dès l'enfance avec des parents terriblement épris d'esthétique" et formée notamment au Palazzo Spinelli à Florence, elle a commencé à peindre sur "les murs de la maison familiale" avant une première fresque de 15 mètres de "street-art" sur une usine dans l'Allier à 20 ans. Mais c'est en Corse, il y a 10 ans, qu'elle a vraiment "accroché avec le street-art".
"Van Shirin", de son nom de street-artist, peint dans les rues d'Ajaccio et côtoie des grands noms du milieu comme Seth Globepainter ou Lek & Sowat qui lui donnent confiance.
Il y a 6 ans, cette célibataire sans enfant fait d'un passage obscur face à la préfecture son "spot" où elle "peint au milieu des rats, de la saleté, des poubelles, des gens qui venaient pisser dans mon dos".
Là, elle initie avec son ami street-artist Mako Deuza au printemps 2019 le "MAP ou Musée des arts populaires", un nom un peu pompeux pour un lieu où chacun peut s'exprimer artistiquement. Depuis, les fresques y fleurissent.
"L'art doit améliorer la vie des gens", confie la graffeuse en terminant au sol une carpe Koï rouge sur fond bleu électrique, assurant vouloir "amener de l'émerveillement" surtout aux enfants tout en assumant un "regard sans illusion sur ce monde".
"Elle a des choses à dire, du style, street-artist c'est réducteur, c'est une artiste globale", estime Mako Deuza, lui-même titulaire d'un doctorat en énergie solaire, qui trouve "marrant de voir la conservatrice mettre le masque et bomber".
Pour elle, pas de grand écart entre le patrimoine et l'art de rue, "c'est la même histoire, la passion de la beauté".
Férue de transmission, elle a donné pendant sept ans des cours de peinture à la prison d'Ajaccio notamment à Charles Pieri, ancien patron du Front de libération nationale corse (FLNC). "Un élève très doué", commente-t-elle sobrement, ajoutant: "je leur amenais deux heures de liberté intellectuelle par semaine".
Aujourd'hui, elle cherche à sauver un château familial spolié à Tchervone en Ukraine, convaincue que "le patrimoine est la racine de l'humanité".
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Vannina SCHIRINSKY SCHIKHMATOFF a été responsable de la conservation et restauration du Musée Fesch. A ce titre elle a apporté une contribution importante à la préservation des trésors de ce musée.
Un article de Corse Matin en date du 22/09/2019 , signé Caroline Marcelin, article dont nous livrons ci-après un court extrait, témoigne de son active participation à la mise en lumière de ces trésors.
[...] La cause est belle. Et pour ceux qui en doutaient, la responsable de la conservation et restauration des lieux, Vannina Schirinsky, surnommée "Indiana Jones" par le maire , a présenté hier à l’assistance une bonne vingtaine de perles sorties des réserves, parmi lesquelles La "Chronique de Nuremberg" , parue en 1493,"le best-seller du Moyen-Âge".
Cette démonstration passionnante de la richesse et de la rareté des fonds s’est doublée de l’exposé d’une nouvelle théorie sur la bibliothèque Fesch."J’ai retrouvé dans les réserves des livres exceptionnels qui ont trait à l’ésotérisme, l’hermétisme à l’astrologie, à la symbolique. Ils sont très recherchés par certains collectionneurs. Ces œuvres appartiennent à la collection de Lucien Bonaparte , le fondateur de la bibliothèque (1801).
Je me suis rendu compte que sa collection était principalement axée sur l’ésotérisme. Lucien Bonaparte était franc-maçon, intéressé par une maçonnerie bien précise, basée sur le savoir des anciens Grecs et Égyptiens, appelée la philosophie éternelle. Aussi je suis convaincue que son idée était de faire une bibliothèque idéale maçonnique de la philosophie éternelle", explique Vannina Schirinsky. [...]
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Vannina Schirinsky est la descendante d'une grande famille princière russe ayant émigré en France lors de la révolution bolchevique.
L'un des membres de cette famille a connu une fin tragique en déportation ..... du fait de ses "sympathies communistes". Le grand-oncle de Vannina, Youri (Georges en français), est en effet décédé sous le matricule « 46116 » à Auschwitz. Sa destinée particulière est relatée sur le site :
SCHIRINSKY-SCHIKHMATOFF Yuri (Georges)
Sur le front de Crimée |
A la révolution bolchevique, sa famille a quitté la Russie pour Prague et l’Allemagne puis pour la France.
1911, Chevalier Garde |
Olga Vlovna |
Georges Schirinsky-Schikhmatoff a épousé Olga Vlovna De Witt, qui sera infirmière pendant la première guerre mondiale
Cyrille et Georges Schirinsky-Schikhmatoff (1914) |
en 1920 |
Grâce aux photos publiées sur le blog (1) de la famille Schirinsky-Schikhmatoff, on sait que les trois frères et leurs parents sont en France en 1923.
1924, il "fait le Taxi". |
En 1919 |
On trouve néanmoins plusieurs autres adresses sur sa fiche au DAVCC (7 avenue Léon Heuzey (Paris 16ème), 137 avenue Mozart (Paris 16ème), qui sont peut-être celles de ses frères.
Cf Article du blog : Les wagons de la Déportation |
Dessin non daté |
Dessin de Franz Reisz, 1946l |
- Note 1 : @ toutes les photos, excepté le dessin de Franz Reisz sont extraites du blog Schirinsky-Schikhmatoff / Teresthenko / Von Keyserling families sur overblog.
- Dossier personnel au Bureau des archives des conflits contemporains (BACC), Ministère de la Défense, Caen (février 1992).
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres - incomplets - de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943 le décès des détenus immatriculés).
- Renseignements fournis par des membres de sa famille (son frère Cyrille et sa nièce Xénia Alexandrovna, en 2009).
- Liste incomplète des internés de Compiègne (BACC), Ministère de la Défense, Caen. Listes - incomplètes - du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
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A la croisée des deux grandes catégories de la Déportation
Sur les 1170 hommes (plus de 1100 "otages communistes" et 50 "otages juifs") qui furent immatriculés le 8 juillet 1942 à Auschwitz entre les numéros 45157 et 46326 - d'où leur nom de "45000" - seuls 119 restaient en vie au jour de la victoire sur le nazisme.
Après les décès d'André Montagne en mai 2017 et de Fernand Devaux en mai 2018, Richard Girardi serait désormais le dernier survivant du convoi.
L’histoire de ce convoi atypique - dont les premières recherches furent entreprises en 1971 par Roger Arnould (résistant déporté à Buchenwald et auteur de plusieurs ouvrages édités par la FNDIRP) - a fait l'objet d'une thèse de doctorat d’Histoire soutenue par Claudine Cardon-Hamet en 1995 et de deux ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » (éd. Graphein, Paris, 1997 et 2000, épuisé) qui publie le contenu de sa thèse avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) - et le livre grand public Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 (éd. Autrement, collection Mémoires, Paris, 2005, mis à jour en 2015) édité avec le soutien de la Direction du Patrimoine et de l'Histoire et de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
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Il avait deux frères, Kyril ( Cyrille) et Alexandre, le cadet, mon grand-père.
Youri était l'aîné de la famille.
C'était un formidable cavalier et un amoureux absolu des chevaux.
Il se mit à l'écart de la famille en épousant une femme révolutionnaire veuve du terroriste qui perpétra des attentats contre le gouvernement dans lequel se trouvait son père.
Un destin tragique.
Il perdit aussi sa première femme qui était elle aussi infirmière, lors de la première guerre mondiale. Elle contracta le choléra et en décéda.
Elle faisait partie de la famille De Witt " .
Le 6 juillet 1942, 2 Corses, Pierre Longhi et Hilaire Castelli, sont parmi les centaines de personnes regroupées sur le quai de la gare de Compiègne. On les emmène vers l’Est par le premier convoi de déportation politique parti de France. La plupart n’en reviendront jamais...
Il ne reste que peu de choses de l’histoire de ce convoi pour Auschwitz.
La blessure intime de la perte d’un père, le deuil d’un grand-père…
Et quelques documents épars, rescapés du désastre. « Ce qu’il en restera » est le récit d’un voyage dans le temps et l’espace, parmi les traces et les vestiges.
Un voyage dans une histoire à hauteur d’homme pour donner un visage à la multitude.
"Ciò chì ni firmarà" (Ce qu'il en restera), un film de la collection Ghjenti réalisé par Paul Filippi […]
La mémoire du Convoi dit des "45 000", premier convoi de déportés politiques parti de France pour Auschwitz suscite toujours bien des questions, 70 ans après. Qui étaient ces hommes? Quels ont été leur parcours? Quelles traces ont-ils laissé? Quels souvenirs ont-ils laissés à leurs descendants? Quelle place les commémorations de la 2ème Guerre Mondiale leur accorde-t-elle?
https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/emissions/cultura/les-convois-de-deportation-politique-en-parle-dans-cultura-vendredi-25-mars-21h40.html
Auschwitz-Birkenau, ce camp d’extermination était l’archétype du mal absolu, une des pièces de la Solution Finale. On sait moins que des milliers de résistants et militants anti-fascistes y périrent.
Affublés d’un triangle rouge sur leurs uniformes… ces hommes et ces femmes payèrent très cher le prix de leurs engagements et de leurs idées politiques.
Il y eu le convoi des 45 000, célèbre pour avoir été le premier convoi politique parti de France vers la Pologne, le 6 juillet 1942…
Puis il y en eu d’autres, comme le Convoi des 31 000, le 24 janvier 1943, composé de femmes, elles aussi militantes communistes et résistantes…
Mais les autres? Qui étaient-ils ? Quelles traces ont-ils laissé? Quels souvenirs à leurs descendants? Quelle place la mémoire collective et les commémorations de la 2ème Guerre Mondiale leur accordent-t-elles?
Pierre Longhi et Hilaire Castelli sont nés en Corse et tous deux en sont partis pour gagner leur vie. Le 6 juillet 1942, ils sont parmi les centaines de militants communistes ou syndicalistes regroupés sur le quai de la gare de Compiègne par les soldats allemands. Des centaines d’hommes qu’on emmène vers Auschwitz par le premier convoi de déportation politique parti de France.
La plupart n’en reviendront jamais.
« Ce qu’il en restera » est le récit d’un voyage dans le temps et l’espace, parmi les traces et les vestiges. Un voyage dans une histoire à hauteur d’homme pour donner un visage à la multitude.
Les invités de Delphine Leoni
- Paul Filippi, documentariste
- Pierre Labate, association "Mémoire Vive"
- Sébastien Ottavi, professeur d'Histoire