https://concourshistoire.wordpress.com/boris-tasliztky/
Biographie
Boris Tasliztky est un peintre Français d’origine Russe. Né le 30 septembre 1911 à Paris, il est le fils de Simon Tasliztky , ingénieur et d’Anna Riback-Tasliztky, couturière. Il est de ces artistes dont la vocation se révèle très tôt : il n’a que quinze ans lorsqu’il commence à fréquenter les académies de Montparnasse, puis l’École Nationale des Beaux-arts de Paris. Il est soutenu par George Besson, Francis Jourdain ou encore Louis Aragon. Son atelier est un lieu où se croisent des personnalités du monde de l’art et de la culture. En 1933, Boris entre à l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (A.É.A.R) dont il devient secrétaire général de la section des Peintres et Sculpteurs, puis en 1935, il adhère au Parti communiste. Autour de la question du réalisme, il participe activement aux débats de la Maison de la Culture qui préfigurent la politique culturelle du Front Populaire.
Père de Boris Boris et sa mère
Boris Taslitzky déclara que toute sa vie avait été marquée par la guerre. Après l’échec de la révolution de 1905, ses parents fuient la Russie pour Paris. Lors de la première guerre mondiale, en 1915, son père est tué en combattant dans l’armée Française et en 1942, sa mère, juive, est arrêtée et assassinée par les nazis au camp d’Auschwitz. Dès les premières heures, l’engagement de Boris Taslitzky dans la Résistance est exemplaire. Mobilisé, il fut prisonnier et s’évade.
Coupable d’avoir réalisé des dessins engagés, il est à nouveau arrêté. Son activité de révolutionnaire ne s’arrête pas pour autant au cours de son incarcération dans les geôles de Vichy, à la centrale de Riom, puis au camp de Saint Sulpice La Pointe où, avec la complicité des autres prisonniers, il peint un ensemble de fresques qui, par un article d’Aragon publié dans Regards, lui vaut le titre de « Maître de Saint Sulpice ». Il ne désarme pas même dans l’enfer concentrationnaire nazi de Buchenwald où, grâce à la solidarité et à l’organisation de résistance clandestine, Boris Taslitzky réalise environ deux cent croquis et dessins, ainsi que cinq aquarelles. Pour rendre hommage au talent et au courage de son ami peintre, Aragon fait publier dès 1946 l’album, 111 dessins faits à Buchenwald. Après avoir accompli de nombreuses choses dans sa vie, Boris mourra le 9 décembre 2005 de vieillesse.
À l’occasion de l’entrée au Panthéon le 27 mai 2015 de quatre Résistants de la guerre de 1939-1945 (Pierre Brossolette, Germaine Tillon, Jean Zay et Geneviéve de Gaulle-Anthonioz) s’est tenue une exposition de photographies « Femmes en résistance ».
Des panneaux retraçant le parcours de plusieurs femmes résistantes ont été accrochés, d’abord sur les grilles de l’Hôtel de Ville de Paris du 29 avril au 2 juin 2015 puis sur celles du Panthéon du 6 juin au 6 juillet 2015.
Le panneau concernant Danielle Casanova a été illustré par une œuvre de Boris Taslitzky.
Analyse de quelques unes des œuvres
de Boris Taslitzky :
A travers ses nombreux croquis, Boris Taslitzky résiste par l’art en témoignant de la réalité des camps et dénonce cette barbarie sans exemple. Ainsi, nous avons sélectionné quelques unes de ses œuvres qui nous ont le plus frappées et qui décrivent la vie des détenus, dans un camp de concentration : celui de Buchenwald. Ces œuvres sont disponibles sur le site officiel de Boris Taslitzky. (http://boris-taslitzky.fr/dessins/guerre-Buchenwald/1944-1945-Buchenwald1/dessins-guerre-1944-1945-Buchenwald1.htm).
Ce croquis traduit l’horreur endurée par les détenus au camp, ainsi que leur désespoir qui est total. En effet, les conditions de vie poignantes des détenus avaient un impact direct sur leur moral, en baisse. Ce croquis représente un déporté épuisé, meurtri, à la libération du camp de Buchenwald. Certains survivants, traumatisés, en gardèrent de lourdes séquelles à vie.
Voici d’autres œuvres de Boris Taslitzky, qui témoignent du manque de nourriture quotidien (1), du froid (2) et de l’enfermement (3). En effet, les détenus étaient peu rationnés ; généralement de la soupe et du pain sec. Ils ne possédaient pas de vêtements chauds et les conditions d’enfermements étaient extrêmement strictes. Les barbelés situés en arrière plan (dessin n° 3) en sont un pur exemple, attestant de ces rudes conditions dans lesquelles vivaient les détenus.
Voici également un autre croquis de Boris qui nous a particulièrement marqué. Il représente des prisonniers arrivant au camp de Buchenwald. Leurs visages sont inexpressifs, effacés, face à cette horreur. Ils n’ont pas de réaction, si ce n’est qu’un regard de désespoir… Leur corps sont squelettiques, ils sont maltraités, réduis à de simples bêtes sans âmes. Par conséquent, on peut parler de » volonté de déshumanisation ».
Pour finir, nous avons sélectionné ce dernier croquis qui décrit précisément l’uniforme des prisonniers. Les détenus n’avaient qu’à leur disposition, de simples vêtements rayés, souvent beaucoup trop larges et inadaptés. De plus, les nazis avaient développé un réel système de marquage et d’identification. En effet, comme on peut le voir sur le croquis ci-dessous, chaque détenus possédait un numéro d’identification qui leur était attribué, généralement tatoué sur l’avant-bras. D’autre part, les nazis avaient crées un système de symboles, de signes distinctifs, afin de différencier les individus selon la raison de leur incarcération. Par exemple, l’étoile jaune pour les juifs, le triangle marron pour les Tsiganes, le triangle rose pour les homosexuels ou encore le triangle rouge pour les prisonniers politiques. Tout ceci- nous montre bien la réduction à l’esclavage des prisonniers; encore une fois, nous pouvons parler de « déshumanisation ».
En conclusion, Boris Taslitzky résiste par l’art dans le camp de Buchenwald, en réalisant de nombreux croquis des détenus, qui témoignent de l’atrocité et de la cruauté des camps de concentration nazis. En dessinant et en exposant ses nombreux croquis réalisés durant cette période de Terreur, Boris fait revivre les prisonniers à sa façon, il leur donne une deuxième vie d’êtres humains.