En 1918 à Paris, le téléphone est rare : imaginez la réaction de Marcel Proust (ou d’un autre) devant les merveilles (!) de la technologie contemporaine. En suivant son raisonnement (identification, usage, envie de l’utiliser, objection, jugement final) mettez vous à la place de l’auteur en voyant pour la première fois :
Un magnétophone, (ou MP3) un point argent, un congélateur, un téléphone portable, une calculette, un ordinateur, une caméra etc…





Cela faisait des années qu'il affûtait sa lame et le ballet magique était devenu un rituel indispensable avant chaque coupe. Qui n'avait pas sa danse se sentait immédiatement lésé et réclamait réparation haut et fort :

-- Oh dis donc Marcel, lui criait le boucher, un homme rougeaud et court sur pattes. Si j’aiguisais mes couteaux comme tu aiguises tes rasoirs, c'est du hachis que je ferais de mes tournedos !
Souvent le coiffeur souriait en répondant : « tu veux combien de tranches ? » et il lui caressait la nuque de son instrument coupant.

Et voilà que tout allait changer. Le fruit du progrès. Pour rester dans le vent, il allait falloir passer au rasoir électrique. Ou plus précisément : à la tondeuse électrique ! Comme si une coupe de cheveux n'était guère autre chose qu'un débrouissaillage de jardin. Le représentant lui avait même parlé de sabots, c’est dire !
Pourtant, au début, Marcel Truchon était plutôt content de la nouvelle. Il pensait ainsi gagner du temps. Économiser mousses et blaireaux. Éviter aussi ses petites coupures aux oreilles si « désagréables » pour la clientèle !
Mais voilà. D'abord, l’appareil était effectivement presque aussi bruyant qu’une tondeuse à gazon. (D'où son nom probablement) ensuite, il n'évitait pas l'usage de la lame puisque, aussi bien, il était impossible de raser la nuque proprement. Ce n'était plus de l'art mais du jardinage. Et Marcel n'avait pas la main verte, ça non !
-- oh dis donc Marcel rouspétait le boucher. Regarde mon crâne ! C'est bien trop court. On dirait le cul d'un cochon ! Heureusement qu’ça repousse...
Marcel riait jaune jurant qu'il ferait mieux la prochaine fois. Et vu la tonte, la prochaine fois se ferait attendre un peu plus que d'ordinaire !
Non vraiment, cette machine n'était peut-être pas l'instrument du diable mais il s'en passerait... Parce que, à cette heure, c’était plus une perte de temps qu’autre chose ! C'était vraiment décidé...


Pascale jeu du 8 janvier 2007.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 15/01/2007 à 00:41