CHANTAL

un langage cru au lieu d'un langage châtié ... sourires garantis. Osons...

(en italique Pascale : pardonnez les gros mots hi hi)


C'est un grand jour pour Mlle de la Pince des Ormeaux de Boisredon. Elle trépigne, ne tient plus en place. Sa vie touche à l'aventure... Rendez-vous compte, elle est invitée ce soir à la cité 9000 par le fils de son valet Hector qui habite là, dans une studette. Quelle mouche l’a piquée, me direz-vous, de se rendre dans un lieu aussi peu fréquentable ?
Eh bien figurez-vous que Julien, fils d’Hector, l’a sauvée de la noyade alors qu'elle tentait de traverser à cheval le gué situé dans l’ormeraie du château. Fichtre, elle a eu une peur bleue, et elle n'en finit pas de remercier ce brave Julien qui passait par là prendre son père à la fin de son service... Au point que l'on peut se demander si cette visite impromptue n'est pas impulsée par une passion naissante... En effet, depuis deux jours, à la grande surprise des domestiques, Mlle de la Pince des Ormes de Boisredon, Adélaïde-Hélène-Marie pour les intimes, a stupéfié son petit monde : monter et descendre des marches, dans un blouson de cuir à franges, en invectivant les personnes rencontrées pour juger de l'effet produit. Dérapages contrôlés en santiags cirés. Bref elle se mettait en condition, essayant de se rapprocher ou mieux de ce qu'elle sentait devenir le grand Amour... Alors je ne vous dis pas l'effet produit par cette volée de bois vert :

-- tu te la pousses ta meule ou je t’en colle une, commença-t-elle en s'adressant au facteur.



Le facteur, abasourdi, n'en croyait pas ses oreilles !

-- et ben quoi ? Tu veux ma photo ou quoi ?

Le pauvre homme fila sans demander son reste.

Bon, c'est pas l’tout d’ça se dit Adélaïde-Hélène-Marie qui, dans ce quartier populaire, ce ferait appeler Achème, (A-H-M), faut que j’trouve mon Juju maintenant.
Julien lui, est enchanté de cette transformation. Même si tous les copains de la cité se moquent de lui à chaque rencontre.
-- alors, comment va Môssieur? Bon Môssieur a-t-il nettoyé son carrosse pour trimballer sa princesse ?
Et ils partaient en s'esclaffant.
Juju, lui, serrait les dents et briquait les pares chocs de sa vieille deudeuche comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort.
Elle était si belle ! Adélaïde. Trop belle pour lui peut-être ?
-- oh, putain, c'est de la balle, j’te jure confie-t-il à son meilleur ami.
-- tu lui as fait sa fête ?
-- ça va pas la tête ! Un bijou comme ça, faut y aller doucement. Ça mérite mieux.
Achème, elle, pendant ce temps, garait la décapotable de papa sous un platane. Puis elle attendit le prochain bus, histoire ne pas affoler le quartier.
Elle s’était attifée de triste manière. Le ventre à l’air, jean moulant, boucles créoles tintinabulantes et voyantes mais même ainsi vêtue, ne paraissait pas vulgaire.
Par contre, les hommes dans le car n’en perdait pas une miette. Ils la lorgnaient du coin de l'oeil et certains regards lubriques en disaient long...
En descendant du bus, elle chercha aussitôt Julien. Il lui avait promis d'être là. A l’heure. Elle repéra la deux chevaux stationnée un peu plus loin.

-- allez, je t'emmène à la plage. T’es partante ?
-- bah ouais. Ça baigne... Mais j'ai pas mon maillot.
-- Pôs grâve. On fera sans.

Sur le chemin, le coeur battant déjà la chamade, Julien suivait distraitement les courbes de la route. Il en imaginait déjà d'autres, sculpturale créature dont jamais il n’avait espéré faire la connaissance d’aussi près !
Quelle chance il y avait eu : s'il n'avait pas ce jour-là, décidé de rejoindre le château pour s'y livrer à de menus larcins, jamais il aurait pu sauver cette gonzesse et jamais elle n’aurait « baissé » les yeux sur lui..

-- ouais, il avait bien joué, putain !

Pascale

Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 25/10/2006 à 19:55