CHRISTIANE J.*****

si j'étais...


Art naïf...
Art naïf...



Lorsque j’étais une coccinelle, je me délectais. Je prenais pension dans une roseraie qui m’enchantait. Toutes les roses m’attiraient avec leur parfum enivrant, à tel point que j’en oubliais de manger les pucerons.
Oui j’étais une coccinelle d’élevage et mon rôle sur terre était bien défini : traquer et dévorer les pucerons qui risquaient d’altérer la beauté de la reine des fleurs. J’étais fascinée par les coloris, du blanc nacré au rouge vif, certains pétales ourlés, quelle splendeur, quelle luminosité, quel bonheur d’être un modeste coléoptère et d’avoir la possibilité de me délecter dans un 5 étoiles.
J’aimais particulièrement la rosée du matin, les pétales s’ébrouaient quelquefois sous l’effet d’un vent léger, les boutons étaient prêts à éclater. J’aimais aussi quand le soir tombait, les roses exhalaient un parfum suave, c’était le paradis, mais n’étais-je pas la « bête à bon Dieu » ?




« Coccinelle, coccinelle, envole-toi, va dire au Bon Dieu qu’il fasse beau demain ».
C’est sur cet air guilleret que les enfants du quartier m’envoyaient en éclaireur auprès de leur seigneur.
Ils élevaient la main haut vers le ciel et hop, je prenais mon envol, heureuse d’échapper aux tortures que certains « drôles » infligeaient à d’autres espèces amies.
Ainsi, il y a peu, j’ai vu deux méchants garnements s’emparer de deux hannetons inoffensifs. Puis, histoire de « rigoler », improviser un bûcher et y faire cuire les pauvres bêtes, Bouh … mieux vaut ne plus y penser…
J’avais donc de la chance. Certains enfants me prenaient avec délicatesse puis se disputaient parfois :
- « J te dis qu’elle a 6 ans, elle a 6 points noirs.
- N’importe quoi ! Tu dis n’importe quoi ! Et toi, tu as vu le nombre de points noirs que tu as ? Quel rapport avec l’âge ?
- C’est ma maman qui me l’a dit ! C’est vrai…. »

Et l’enfant s’enfuyait en pleurant.
Moi je continuais à voleter ci – delà », butinant au passage quelque corolle gorgée de rosée matinale mélangée au suc des pistils en fleurs… Je respirais à pleins … à pleins quoi déjà ? … Je ne savais pas. Et peu importait d’ailleurs. Je « fleurais » la vie en quelque sorte et mon Dieu oui, que c’était doux …





Attention petite coccinelle ! Ne vois-tu pas là-bas ce jardinier féroce au grand chapeau ? Sais-tu ce que contient ce récipient qu’il porte sur son dos ? C’est un poison violent qu’il s’apprête à vaporiser sur toute sa roseraie. C’est - dit-il – pour combattre les maladies et détruire les pucerons.
Mais toi aussi gentille bête à bon Dieu, le danger te guette … la mort t’attend… Fuis, fuis loin d’ici alors qu’il en est encore temps, avant que les vapeurs funestes n’aient accompli leur œuvre. Tu trouveras sans doute, derrière cette haute palissade, un jardin sauvage où tu pourras butiner à loisir. J’en connais la propriétaire. C’est une amoureuse de la nature et une adepte des traitements naturels pour ses plantes. D’ailleurs tu seras appréciée à ta juste valeur car elle sait, qu’avec tes semblables, c’est une aide précieuse que vous lui apportez. Va ! va et tu auras encore de beaux jours devant toi !



Christiane J (normal) Pascale (iltalique) et Renée B (gras)




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 17/05/2007 à 10:49