LUCIENNE

Jeu : commencer par « Lorsque j’étais un objet ou un animal » -à choisir librement- puis poursuivre et passer au rédacteur suivant.






Le stylo bille.

Lorsque j’étais un stylo bille, j’ai d’abord eu du mal à prendre conscience de mon identité. Progressivement, en exerçant mes sens, j’ai deviné que j’avais un passé ténébreux dans un container traversant les mers, avant d’aboutir, vaille que vaille, sur un rayon d’une librairie-papeterie, dûment accompagné de congénères de toutes formes et couleurs.
Les jours d’ouverture nous nous tenions cois sous la lumière des projecteurs. Mais, le reste du temps, c’était la foire, la fête, à qui raconterait sa vie et ses aventures. Je me remémore les amitiés de jeunesse -voire plus si affinités- que j’avais nouées et je m’amuse à imaginer ce que chacun est devenu et son état physique et psychologique actuels…
Jusqu’au jour où je fus choisi par une jeune lycéenne !



Je me rappelle t’avoir reçu avec une immense joie, en espérant de tout cœur que tu m’aiderais à faire moins de fautes en dictée. Pour moi, c’était un grand plaisir de te tenir entre mes doigts. En plus, tu ne fuyais pas sur mes phalanges comme mon stylo plume, en laissant des tâches disgracieuses. Tu m’as toujours été fidèle et tu étais très discret même dans mon petit sac à main. Je t’ai fait noter beaucoup de secrets sur mon journal intime et mes petits copains me félicitaient de ma belle écriture.
Les professeurs aussi étaient très satisfaits : j’ai gagné des points pour la propreté et la présentation.
Nous avons eu tous les deux une très bonne collaboration, et nous nous sommes très bien entendus. J’ai regretté de te mettre dans mon tiroir lorsque je n’ai plus trouvé de bille de rechange pour te nourrir.
Merci gentil stylo bille.



De temps à autre, j’ouvre le tiroir où tu gis. Tu es le contemporain de mes années de jeunesse. Je te regarde avec émotion. Je ferme les yeux et je revois le visage de mes professeurs, de mes camarades, tu as été un fidèle compagnon, complice et discret, je dirais même que tu m’as donné le goût des mots. Docile, tu glissais sur le papier avec aisance. Tu m’es si précieux qu’il me prend l’envie de continuer mon chemin avec toi.
Alors, je t’emmène faire le tour des papeteries. Je vais faire le siège jusqu’à ce que je trouve une « recharge » qui me permettra de partager avec toi ce qui est ma vie désormais. Non, ce ne sera plus des devoirs, encore moins des pages de mon journal intime, ce sont des signatures de chèques, des formulaires fastidieux à remplir, mais aussi quelques récréations : des cartes postales qui témoignent de mon affection à des êtres chers.
Tu vois, décidément tu resteras mon associé encore et toujours.



Début par René (normal), suivi de Lucienne (italique) puis de Christiane J (en gras).


Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 14/05/2007 à 23:02