PASCALE *****

14/05/2007


Mots à insérer :
LIBRES : livre, lièvre, irrité, inquiet, béat, beurre, ravi, rare, extase, étonné, sourire, surprise.
JOKERS : deux, air, oui.



Libre de faire ce qui me plait et plongée dans les livres de mon enfance, ce n’est pas le lièvre de monsieur de la Fontaine qui me contredira si je confirme que « tout vient à point à qui sait attendre ». Surtout lorsqu’on sait quel tour pendable lui joua madame Tortue. Je détaille les illustrations. Encore toute irrité à l’idée de s’être laisser prendre à des idées reçues, monsieur Lièvre se remémore sa cuisante défaite : « pas inquiet le moins du monde, il musarda en chemin tant et si bien que béat, alors qu’il pensait avoir le temps encore de se beurrer quelques tartines, tant il croyait en lui, il assista à la victoire sans hâte de son adversaire. Ravie, madame Tortue le fut rarement autant et l’expression d’extase qui lui fendait la face encore plus que d’ordinaire réjouissait le public alors présent. Etonnés mais tout sourire malgré la surprise de taille, les hôtes du bois commencèrent à y croire vraiment au moment même où ils hurlèrent « trois, deux, un, gagné » ! Madame Tortue ne semblait même pas épuisée. Juste sereine.
Vous auriez vu l’air ridicule de monsieur le Lièvre, prétentieux comme un paon mais dont les derniers sauts ressemblèrent à des « gigotages » de bébé coincés dans ses langes ! Et oui, depuis, il roulait moins des pectoraux lorsqu’il passait devant ces demoiselles autrefois en émoi pour beaucoup moins que cela : c’est la tortue qu’elles allaient consulter lorsqu’elles étaient en peine, certaines au moins de trouver là quelque oreille compatissante et de loyaux conseils. Il fallait les voir ricaner au passage de monsieur Lièvre tant et si bien qu’un jour, madame Tortue elle-même, fut prise de pitié et décida de réunir un conseil spécial afin d’en terminer avec cette punition disproportionnée : « qui de nous tous n’a jamais failli ? Qui de nous tous n’a jamais fait preuve d’un peu trop de prétention ? La force des faibles n’est pas la méchanceté mais le pardon et si vous m’en croyez, cessons de nous moquer de ce pauvre monsieur Lièvre : la leçon a porté et j’aime à croire que plus jamais il ne fera preuve de si peu de foi en l’autre et d’autant envers lui. Mais le juste milieu consiste à lui faire comprendre son erreur et l’écraser ne servirait qu’à nourrir sa haine si jamais elle prenait naissance : allons tous l’embrasser et lui dire notre amitié…
Ainsi fut fait et depuis, monsieur de la Fontaine, un peu inquiet au Paradis se sent beaucoup mieux et s’applique à écrire d’autres fables moins égoïstes : la fourmi n’y laisse plus crever de faim la cigale mais l’aide à prendre conscience des responsabilités de chacun, qu’on soit fourmi ou cigale. Et depuis la cigale chante un peu moins mais elle vit. La fourmi est un peu fatiguée de faire la morale, surtout que souvent c’est dans le vide, mais au moins, elle se sent en paix avec elle-même.

Pascale pour le 14 mai 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 14/05/2007 à 19:09