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PASCALE *****
11/03/2008
Jeu du jour : insérer L’enfant avait les yeux si clairs, c’était bizarre, éclats de rire…(au signal)
L'enfant avait les yeux si clairs que de loin, on pouvait imaginer qu'il n’avait ni iris ni pupille. Mais ce qui m’impressionnait le plus, c'était surtout le vide de ses yeux bleus pâles. Pourtant il suivait nos mouvements, déplaçant sa tête et souriant parfois aux anges que nous lui semblions sans doute.
En fait, nous étions des monstres d’innocence et de méchanceté réunie. Lorsque nous en avions la garde, le gamin de 3, 4 ans bien sanglé dans sa poussette, nous nous moquions de lui sans aucun scrupule. Nous avions remarqué qu'il suffisait de s’adresser à lui d’un ton doux et guilleret pour déclencher de merveilleux sourires. Son père venait plusieurs fois par jour « prendre un verre » chez mes parents. Le bar du mobil-home était toujours copieusement garni et mes parents recevaient à bras ouverts pendant toute la durée des vacances scolaires. Et nous, nous jouions à qui aurait le plus beau sourire en déclamant les pires méchancetés.
-- hou, qu'il est vilain ! Il est vilain ! Hou qu’il est vilain…
Et le bambin souriait le regard bleu un peu moins vaseux nous semblait-il peut-être.
-- Hou il est moche. Fait un sourire. Oui. T’es moche. Et le plus moche du monde.
Et il souriait encore plus, nous offrant parfois des éclats de rire irrésistiblement contagieux qui alertaient les adultes. Nous étions pliés.
-- ça va les enfants ?
-- oui oui. Tout va bien. On joue.
Devenu adulte, j'ai souvent regretté cette attitude irresponsable. La force néfaste du groupe d'enfants que nous étions contre cet être innocent. Mais je sais que c'est mon regard adulte qui me condamne. Car si coupable il y avait, ce sont ces adultes qui confiaient l'enfant handicapé à de si jeunes nounous.
Du reste, l'enfant lui-même passait plutôt un bon moment en notre compagnie. Il riait aux éclats, encore et encore. Nous faisions le singe pour l’amuser. Et dans notre famille, dans ce domaine, nous étions doués. Manifestement il s'amusait autant que nous. Je sais depuis que son père le traînait comme on traîne un poids mort. Les « grands » disaient que, « si, je vous jure, il mette du calva dans le biberon des enfants »…
En Belgique, ne dit-on pas qu’on y met des frites ?
Donc, ce n'était pas étonnant...
Je n’analyse pas le passé bien souvent. Quel intérêt puisqu'il a le grand avantage d'être passé. Mais les mots m’y porte à « l'insu de mon plein gré ». Je songe alors qu’à force d'exiger de soi l'excellence en tout, on en arrive parfois à s'appauvrir la vie tout court. Puisqu'en effet, s'il me fallait culpabiliser adulte de mes faute d'enfants, alors ma vie serait trop courte pour tout contenir.
En ce qui concerne cet épisode-là de notre petite enfance même si c'était vraiment bizarre comme comportement, je ne veux garder en souvenir que les yeux si clairs de l'enfant et ses éclats de rire.
Pascale jeudi 18 février 2008
En fait, nous étions des monstres d’innocence et de méchanceté réunie. Lorsque nous en avions la garde, le gamin de 3, 4 ans bien sanglé dans sa poussette, nous nous moquions de lui sans aucun scrupule. Nous avions remarqué qu'il suffisait de s’adresser à lui d’un ton doux et guilleret pour déclencher de merveilleux sourires. Son père venait plusieurs fois par jour « prendre un verre » chez mes parents. Le bar du mobil-home était toujours copieusement garni et mes parents recevaient à bras ouverts pendant toute la durée des vacances scolaires. Et nous, nous jouions à qui aurait le plus beau sourire en déclamant les pires méchancetés.
-- hou, qu'il est vilain ! Il est vilain ! Hou qu’il est vilain…
Et le bambin souriait le regard bleu un peu moins vaseux nous semblait-il peut-être.
-- Hou il est moche. Fait un sourire. Oui. T’es moche. Et le plus moche du monde.
Et il souriait encore plus, nous offrant parfois des éclats de rire irrésistiblement contagieux qui alertaient les adultes. Nous étions pliés.
-- ça va les enfants ?
-- oui oui. Tout va bien. On joue.
Devenu adulte, j'ai souvent regretté cette attitude irresponsable. La force néfaste du groupe d'enfants que nous étions contre cet être innocent. Mais je sais que c'est mon regard adulte qui me condamne. Car si coupable il y avait, ce sont ces adultes qui confiaient l'enfant handicapé à de si jeunes nounous.
Du reste, l'enfant lui-même passait plutôt un bon moment en notre compagnie. Il riait aux éclats, encore et encore. Nous faisions le singe pour l’amuser. Et dans notre famille, dans ce domaine, nous étions doués. Manifestement il s'amusait autant que nous. Je sais depuis que son père le traînait comme on traîne un poids mort. Les « grands » disaient que, « si, je vous jure, il mette du calva dans le biberon des enfants »…
En Belgique, ne dit-on pas qu’on y met des frites ?
Donc, ce n'était pas étonnant...
Je n’analyse pas le passé bien souvent. Quel intérêt puisqu'il a le grand avantage d'être passé. Mais les mots m’y porte à « l'insu de mon plein gré ». Je songe alors qu’à force d'exiger de soi l'excellence en tout, on en arrive parfois à s'appauvrir la vie tout court. Puisqu'en effet, s'il me fallait culpabiliser adulte de mes faute d'enfants, alors ma vie serait trop courte pour tout contenir.
En ce qui concerne cet épisode-là de notre petite enfance même si c'était vraiment bizarre comme comportement, je ne veux garder en souvenir que les yeux si clairs de l'enfant et ses éclats de rire.
Pascale jeudi 18 février 2008
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 11/03/2008 à 19:41