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CHANTAL
19/01/2007
Vous avez trouvé sous une paillasse ou un vieux matelas, une coupure de presse : racontez…
Quand, où, ce qu’elle raconte, secret…tout est permis
« La maison de Virginie Ménager, s’il vous plait, c’est bien par ici ? »
« Oui Madame, je peux même vous y accompagner si vous voulez, c’est juste au fond de la ruelle, la maison de sorcière là-bas avec la grande cheminée… »
C’est ainsi que la fillette prénommée Lucie, emboîta le pas de la visiteuse qui avait été chargée de faire l’inventaire des biens de la vieille dame de 95 ans décédée quelques semaines auparavant. Mais pas n’importe quelle vieille dame. Lucie la connaissait fort bien, comme tout le monde d’ailleurs dans le quartier. Virginie allait et venait dans une tenue à effrayer tous les enfants : plusieurs enveloppes de haillons, des tabliers noirs enfilés les uns sur les autres comme autant de peaux superposées. Maigre à faire peur, les cheveux rassemblés en une longue natte, elle faisait toujours un bruit épouvantable en déambulant avec sa brouette autour de chez elle. Elle ne quittait jamais ses sabots qui complétaient le tableau effrayant de la « sorcière »
Et qui plus est, par temps chaud notre « Virginie » pourtant de nature solitaire, se mettait à délirer bruyamment sur les Allemands et autres envahisseurs qui, pour elle, n’avaient toujours pas quitté le quartier. Alors Lucie et ses petits amis, tantôt apeurés, tantôt intrigués ou amusés, se mettaient à fantasmer sur « Cruella »… Mais aucun n’avait osé imaginer la découverte surprenante que fit Lucie en accompagnant cette visiteuse autorisée : sous le matelas, où la fillette pensait débusquer une liasse de billets et quelques souris, elle eût la surprise de trouver une petite coupure d’un journal de l’entre deux guerres : Une superbe femme aux cheveux noirs, rassemblés en chignon, occupait le devant d’une scène, de théâtre visiblement.
Lucie déplia à la hâte cette coupure pour en savoir plus et c’est là qu’elle découvrit qu’il était question d’une certaine Virginie qui avait eu droit (indiquait la légende) à une ovation appuyée de toute la profession lors de la dernière représentation de Phèdre au Théâtre Français.
Mais enfin Virginie, Virginie serait-ce possible ? Virginie la tueuse de poules, puisque c’était souvent ce à quoi elle était employée, la vieille folle dépenaillée du quartier, pouvait-elle avoir été cette comédienne sophistiquée ? La fillette n’en croyait pas ses yeux et le clerc de notaire qui l’accompagnait encore moins. Pourtant c’est vrai qu’elle avait bien ces beaux yeux clairs de la photo, c’est vrai aussi que quand elle se fâchait elle prenait ce ton théâtral qui intriguait… La nouvelle ne fut qu’une traînée de poudre qui subitement fit le tour du quartier, puis de la ville. Et qu’un hommage vibrant à la grande comédienne oubliée lui fût même rendu lors de la pose de la plaque de rue « Virginie Ménager ».
Etre et Avoir été, chacun pourra là-dessus longuement méditer.
Chantal jeu atelier du 15 janvier 2007.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 19/01/2007 à 20:03