PASCALE *****

Après lecture d’un texte, (voir ci dessus) après avoir regardé une série d’image, écrire librement en nous inspirant du thème abordé dans le texte que nous avons choisi. Les images peuvent aussi influencer notre discours.


Jeu du 11 juin 2007.


Monologue Alberta Parichi.

Mon nom à moi c'est Alberta mais je déteste ce prénom si bien que dès l'âge de trois ans, je ne répondais plus à ceux qui m'appelaient ainsi.
Finalement je fus surnommée "Kikou", contraction du "coquinou" dont me gratifiait si souvent grand-père et dont je ne parvenais pas à prononcer les trois syllabes.
Kikou, Kikou disais-je en agrippant le bas de pantalon d'un papet aux anges.
Ma famille n'est pas vraiment d'ici. Ma mère est née en Sicile et les soixante-dix années passées dans les Landes ne suffisent pas à effacer sa différence. Ses yeux couleur de braise, une chevelure noire comme le geai, des mains chantantes, mimantes, dansantes, de la pâte à pizza et des tagliatelles célèbres jusqu'au fin fond du pays. Toujours gaie, prête à rendre service, elle ne se lasse jamais de raconter. On dit qu'elle a un don. Certains même qu'elle est un peu sorcière. Mais non. Elle cultive l'art des plantes médicinales et elle est très psychologue. Si bien que ses conseils avisés en ont soulagé plus d'un.
Lorsqu'elle était plus jeune, elle travaillait dur, aidant grand-père et papa aux champs puis en rentrant s'occupant du foyer, du repas aux devoirs toujours faits avec application car, disait-elle : « si tu ne veux pas garder les moutons ou les vaches il faut que tu travailles à l'école »
Manque de chance, moi je n'avais qu'une seule envie : être bergère. Et à part le loup, lorsque j'étais plus jeune, je ne craignais rien. Ni le manque, ni la solitude ni le travail parfois ingrat de ce dur métier. Moi je ne voyais que le chien Pataud qui ne suivrait partout où j'irai, les agneaux aussi doux à caresser, l'herbe des hauts pâturages où je folâtrerai en compagnie de mes amis les bêtes. Du coup, interprétant à ma façon les consignes de maman, je ne m'étais guère fatiguée sur les bancs de l'école. Je voulais être libre. Libre de faire ce que je voulais. Quand je voulais. Mais la nature a elle aussi ses lois et j'avais vite déchanté. Ma rencontre avec Émile le bouvier avait accéléré la chute. Car si, au début, tout avait pu apparaître magique, une fois coincée entre moutons boeufs et compagnon de corvée, la vie devint vite une suite de tâches monotones et sans vrai lendemain. C'est ainsi que j'avais pris la décision de quitter la région. Je me donnais 1000 raisons. Inventant des regards suspects sur mes origines méditerranéennes alors que nos voisins au village n'avaient plus besoin de nous prouver qu'ils nous acceptaient pleinement.
Je croisais des regards envieux alors qu'il ne s'agissait que de coups d'oeil de sympathie.
Bref, ce fut sans regret que j'embarquais dans le train poussif qui m'amena jusqu'au jour d'aujourd'hui. Depuis de l'eau a coulé sous tous les ponts et pas seulement sous celui de la Midouze. J'ai mûri. Mes projet aussi. Maman à quelques rides de plus mais toujours le même entrain et le même sourire ravageur. Ses mains dansent toujours autant et elle n'a toujours pas sa langue dans sa poche. Pour les quarante ans de la fille du maire de Douazit, nous avons fabriqué un mai géant avec tous les copains du village. Il aura fallu plus de 100 mètres de rubans pour l'habiller et d'avance je ris à l'idée du camion qui faudra pour le déplacer. Ce n'est plus à un mai mais carrément un pin paré d'atours miroitant au soleil.
Je reviens souvent au pays. Car ce pays est bien le mien. J'y suis née. J'y ai vécu toute mon enfance et j'y ai aussi mes racines. Grand-père ne travaillait pas seulement dans les champs, il était aussi rempailleur comme mon père qui a fait toute sa carrière à l'usine de chaises d'Hagetmau. Moi aujourd'hui, je suis guide dans un écomusée sis au beau milieu du parc du Mercantour...
Je pratique l'alpiniste, le ski de fonds et la randonnée de haute montagne. Il n'est pas rare d'apercevoir quelques chèvres sauvages et lorsque je me repose un moment, accroupie sur une pierre, je regarde la nature et je me dis qu'il est vraiment important de la protéger à fin de léguer la meilleure terre possible à nos enfants. Oui, il est grand temps de se secouer.

Pascale jeu du 11 juin 2007.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 21/06/2007 à 20:44