M-FRANCE *****

10/03/2008

Mots à insérer
Evasion, élégant, escargot, victoire, voyage, amour, anticipation, soie, suave, incorrect, inouï, oser, oriflamme, neige, nul
Jokers
Puisque, ou, gris.




Lorsque j’entends Désirelles chanter « Voyage, voyage » des envies d’évasion me chatouillent, non que je me sente prisonnière de mon environnement, mais mon besoin d’aller voir ailleurs si « l’herbe est plus verte » reste tenace. Faire un tour du monde me tenterait assez, mais ce n’est pas du domaine du possible, pourtant des idées d’expéditions se bousculent dans ma tête. Pour l’instant je dois penser au travail qui m’attend, mais le désir de partir ne me lâche pas. Soudain je perçois comme une voix « au lieu de rêver à des contrées lointaines, regarde autour de toi, tu aimes marcher, prends ton sac à dos, chausse-toi correctement et allonge le pas sur les chemins de Compostelle, ce n’est pas ce qui manque dans la région » Bien sûr ! pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? Mais je ne veux pas partir seule. A qui demander de m’accompagner ? Vais-je oser en parler à Annie ? L’idée pourrait lui plaire. Comme moi, elle a l’amour de la nature et de l’aventure. Une question délicate à régler : pour Annie le confort est primordial et dans mon projet, nous ne dormirons pas dans des draps de soie, cela pourrait être un obstacle, mais comme elle est soucieuse de se maintenir en forme elle acceptera peut-être de cheminer en ma compagnie. Je saisis le téléphone et compose son numéro. A la troisième sonnerie, elle décroche. De ma voix la plus suave, je lui présente mon projet bien décidée à argumenter pour la convaincre. C’est inouï, d’emblée elle se montre intéressée. Nous décidons d’un rendez-vous pour préparer notre escapade. L’anticipation de cette odyssée nous excite, et c’est sur un fou-rire quasiment hystérique que nous raccrochons. Moi qui croyais devoir livrer bataille pour obtenir un « oui », je suis presque déçue de cette victoire facile.
Deux jours plus tard nous nous retrouvons pour parler logistique. Nous ne fixons pas définitivement la date du départ, il y a encore de la neige dans les Pyrénées. En nous chipotant, nous préparons virtuellement nos sacs à dos ; nous ne sommes pas toujours d’accord sur l’essentiel à emporter. Annie tient absolument à prendre son élégant jogging gris anthracite, elle ne veut pas admettre qu’il serait déplacé sur les chemins de randonnées. Je lui fais remarquer que même si les risques de chute sont nuls, elle n’est pas à l’abri d’une racine traîtresse qui l’enverra au sol et bonjour le trou au genou. Elle se range à mes raisons et promet de ne se charger que de l’indispensable.
Nous devons prévoir la durée de notre voyage en fonction de la distance que nous couvrirons. Si nous ne nous déplaçons pas à la vitesse des escargots, une dizaine de jours devrait suffire, d’autant que je ne veux pas abuser de la gentillesse de la voisine qui soignera mon chat pendant mon absence ; partir plus longtemps serait incorrect.
Il nous reste à aborder les derniers sujets tels que assurance, gîte et nourriture ; l’accord est parfait, pas de discussion oiseuse. A quelques détails près plus rien ne s’oppose à notre départ. Cependant Annie paraît perturbée, je ne vais pas tarder à savoir ce qui la préoccupe : « nous ne serons pas seules sur le parcours, nous rencontrerons des pèlerins reconnaissables grâce à leur coquille, comment faire pour que nous ne restions pas des anonymes ? » Je m’empresse de rassurer mon amie : « trouvons-nous chacune un drapeau à notre image, ou à la gloire de notre région, accrochons cette oriflamme à notre sac et nous serons reconnues comme des randonneuses ». Ma proposition semble la rasséréner. Après un dernier café nous nous séparons en promettant de nous revoir vite pour régler les derniers points et enfin nous mettre en route.


Marie France pour le 10 mars 2008.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 10/03/2008 à 19:44