RENE

24/03/2006

Mots à insérer :

Volcans : velours vertige ouragan orage lumière lien cuir caprice antenne art nuit nirvana sensible silence. Joker : Peau douce an


Conte de Fées


Il était une fois, il y a plus de mille ans, un seigneur très puissant qui avait un bien mauvais caractère. Il s’appelait Arnaud de Monpalet (la graphie et la prononciation de l’époque ne sont pas garanties). Ses terres s’étendaient côté senestre du fleuve Garadour, jusqu’au grand Océan. A la frontière du Midi, se dressaient des volcans. Du plus haut d’entre eux, s’échappaient des fumées blanchâtres, tournoyant au gré de vents capricieux. On entendait de fort loin ses grondements d’orage et des laves sortaient du cratère en rougeoyant dans la nuit.

Arnaud avait auprès de lui un conseiller un peu bizarre qui s’appelait Sandurama. Il ne quittait jamais sa coiffe en tissu de velours, ornée de deux antennes noires qui s’enroulaient en colimaçon.
- Seigneur, quand tu deviendras assez sage, tu atteindras le nirvana – répétait-il souvent à son maître.
Mais il était bien avisé de ne point dire à Arnaud comment s’y prendre.
Arnaud, de plus en plus impatient se décida :
- Faites quérir toutes les fées de la contrée. Je donnerai un trésor d’or et d’émeraudes à celle qui saura me conduire au nirvana –

La fée Artémise se présenta en premier. Elle était belle: elle avait de longs cheveux dorés, un regard à donner le vertige, une peau aussi douce que sa robe de satin blanc, de petits pieds dans des chaussons de danse… Dans sa main droite, elle portait crayons, pinceaux, couleurs. Une lyre reposait sur son bras gauche, des oiseaux colorés voletaient autour de ses épaules en pépiant gaiement.
- Messire, vous allez commencer par le dessin, c’est le chemin - expliqua-t-elle à Arnaud.
Celui-ci se mit à crayonner , tout heureux de dessiner peu à peu le château au donjon crénelé de ses rêves.

Au dehors, un ouragan se déchaînait. Un éclair suivi d’un coup de tonnerre fit sursauter Arnaud. Sa main tremblante barbouilla involontairement son œuvre naissante. Fou de colère d’avoir montré sa crainte, il cria :
- Gardes, débarrassez-moi de cette incapable -
En moins de deux, la pauvre Artémise se vit prisonnière de liens de cuir, puis les gardes partirent vite la jeter dans les laves bouillonnantes du volcan. Elle disparut dans un jaillissement de lumières et de fumeroles d’un bel effet artistique. Adieu fée Artémise.

Il faut vous le dire, les liens de cuir sont les seuls capables d’entraver les fées, et quand Arnaud disait : « débarrassez…», vous l’avez compris, il voulait qu’on jette la personne dans le volcan.


Le lendemain, la fée Caramel se présenta à son tour affublée d’un tablier de cuisine qui moulait ses rondeurs.
- Vous allez déguster un de mes gâteaux qui vous mènera droit au nirvana – annonça-t-elle à Arnaud.
En deux coups de cuillère, elle confectionna le gâteau. Une véritable merveille, un mirage : c’était une Charlotte à l’ananas, mais en le regardant de côté , c’était un Délice meringué à la praline, en regardant au-dessus, une Forêt noire, en plissant les paupières, un Biscuit glacé à l’orange, en penchant la tête,… , et ainsi de suite. Arnaud se mit à manger, alternant une cuillerée de Charlotte, une de Délice, et une de Forêt,… Tant et si bien qu’au bout d’une heure son estomac se révolta. Dans un souffle on entendit :
- Gardes, débarrassez-moi de cette incapable -
Vous devinez la suite, la pauvre Caramel disparut dans les laves en dégageant une forte odeur de sucre caramélisé. Adieu fée Caramel.

Les nouvelles vont vite chez les fées, elles n’ont aucun besoin de téléphone. Plus aucune ne se laissa prendre au piège. Ma grand-mère m’a assuré, que depuis ces événements, elles se cachent toutes à la vue des hommes. Grand-mère m’a aussi confié un secret : une toute petite fée, discrète et très sensible, se cache encore dans un lieu paisible et silencieux : la source du village. Elle s’appellerait Fontenille. Mais ceci est une autre histoire…

Quant à Arnaud, plus personne ne sait ce qu’il advint de sa quête.


RENE






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 24/03/2006 à 08:08