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PASCALE *****
13/11/2006
Deux textes pour deux chapitres ..
Mots à insérer :
CAGES : cascade, casser, acrobate, amical, géant, gare, ennemi, enlever, souvenir, sourire.
JOKERS : joie, brillant, rose (plus solitude )
TAQUIN : torrent, tentation, autre, aspirer, quatre, qualité, union, urgent, inique, irriter, nausée, naturel.
JOKERS : facile, bien, ciel.
Chapitre 1
Tout en descendant quatre à quatre les marches, elle se demandait comment elle pouvait supporter une telle vie ! La cage d’escalier était immonde, et les murs barbouillés de tant de graffitis qu’on n’en voyait même plus la couleur originelle. Ennemi sournois qui s’insérait jusque dans ses rêves les plus secrets, le desespoir tenait tête à ses espoirs les plus fous.
Ses yeux brillaient pourtant d’une joie innaccoutumée et au souvenir récent des trois dernières soirées qu’elle venait de passer, elle souriait aux anges… comme si les anges ne l’avait pas abandonnée depuis longtemps !
Tout en se hâtant, elle jetait des coups d’œil à droite et à gauche car ici, dans la cité, on n’est jamais à l’abri d’un incident. Gare à l’imprudent qui oserait lever les yeux sur « qui il ne faut pas » ! Elle qui révait, petite, d’être enlevée par un beau prince, sur un magnifique destrier, était vite revenue sur terre en découvrant son nouvel univers ! Et c’est souvent tête baissée, pour éviter les imaginaires outrages à autrui, qu’elle rejoignait le centre ville à pas de géant. Plus vite elle quittait ce bastion maudit, plus vite elle pouvait de nouveau se croire « normale », tout simplement « normale » et pas soumise à la vindicte des petits caïds du quartier.
La semaine précédente avait été plutôt chaude et les jeunes avaient cassé avec rage des centaines de voitures. En ville, mais aussi ici, dans leur propre quartier, touchant ainsi leurs frères de galère sans même imaginer que pour ceux-là, ce serait pire encore qu’aujourd’hui.
Arrivée au centre, elle dénoua ses cheveux qui retombèrent en cascade sur ses frêles épaules.
D’un geste rapide, elle déposa un peu de rose sur ses joues palichonnes et au souvenir des mots tendres qu’elle avait entendus au téléphone, elle sentit son coeur battre la chamade.
D’abord amical puis plus pressant, l’homme s’était peu à peu imposé à elle comme le seul et unique moyen de sortir de ce ghetto. Mais était-il vraiment sincère ? Ne serait-il pas choquer d’apprendre, car elle n’avait pas encore osé lui dire, d’où elle venait, où elle habitait, et ce qu’elle avait vécu qui l’avait amenée là ? Comme un funambule, mais acrobate d’opérette, elle se savait jongleant sur un fil aussi fragile que la toile d’araignée dans laquelle elle se sentait engluée depuis si longtemps ! Solitaire par accident, par force aussi, elle avait décidé de prendre son destin en main et tout s’était plutôt bien passé jusqu’à présent. Mais là, au moment de passer là l’acte, acte qui n’était pourtant qu’une simple entrevue, ses jambes refusaient presque de la porter. Elle apercevait déjà la brasserie moderne où ils s’étaient donnés rendez-vous. Ouf ouf ouf …
La peur au ventre, elle cherchait en elle les ressources suceptibles de la rassurer.
- Tu t’en moques bon sang : c’est juste un café ! Il ne va pas te manger. Et puis depuis le temps que tu l’as au téléphone, il est attentif, prévenant, et n’a jamais eu de paroles déplacées ! Si tu n’essaies pas, tu resteras dans ton trou et tu regretteras toujours de pas y être allée alors fonce, gourde !
Plus que quelques pas. Elle tire sur sa robe, ajuste son gilet, passe la main dans ses cheveux comme pour les lisser encore plus, se refuse à jeter un dernier coup d‘oeil dans son miroir de sac et d’un pas qu’elle veut ferme se présente devant la porte du café.
Elle pousse un ou deux gros soupirs :
- ouf ouf, j’y vais.
Elle ouvre la porte et timidement, jette un coup d’oeil circulaire.
Là, vous vous demandez ce qui va se passer : j’aime bien hi hi mais vous ne le saurez qu’au prochain épisode !
Chapitre 2
Pendant une seconde, prise de nausées, elle résiste à la tentation qui lui prend de fuir à toutes jambes. Sans réfléchir. Sans autre raison que cette peur irrépressible de l'inconnu. Mais son naturel vindicatif reprend vite les rênes de son destin et c’est quatre par quatre qu'elle franchit les dernières marches qui les séparent encore.
Lui la regarde s’avancer vers elle, l'oeil taquin, la moue ravageuse, le sourire aux lèvres...
Il n’espérait plus la convaincre mais l’amitié qui les unissait déjà lui suffisait à cette heure. Il n’aspirait plus qu'à une seule chose : la rencontrer ! Vérifier qu'il ne s'était pas trompé. Qu’elle pouvait bien être la femme de sa vie. Les qualités qu'il avait perçues chez elle ne pouvait être feintes. Ou alors, elle méritait vraiment l'oscar du plus jeune espoir féminin. Le sort de cette femme lui semblait tellement inique qu’il se sentait déjà prêt, pour elle, à soulever des montagnes.
Dieu qu'elle était belle ! Du regard, déjà irrité, il fusillait ceux qui osaient se retourner sur cette grâcile silhouette... (Comme quoi c’est bien de la fiction!)
Elle s’arrête à deux pas de la table.
-- Pierre ? Vous êtes bien Pierre, n'est-ce pas ?
-- Oui. En effet. Mais tu peux me tutoyer, tu sais. Assieds-toi.
La jeune femme, rougissante, se faufile sur la banquette.
-- tu veux boire quelque chose ?
-- euh... Oui... Un café... S'il vous plaît.
La tension est palpable. Bientôt elle semble gagner une partie de la clientèle.
-- tu crois qu’elle sort avec ce mec ?
-- pas facile de savoir. Regarde-là ! On dirait une statue. Elle semble pétrifiée...
Pétrifiée. C'était bien le mot ! Pire même. Le ciel lui tombait sur la tête et la jeune femme avait même du mal à ne pas déverser le torrent de larmes qui la gagnait. Il lui semblait urgent de tenir. De garder sa dignité. De ne pas blesser non plus, car, quel intérêt, le presque vieil homme qui la dévorait les yeux.
Enfin elle retrouve la parole...
-- euh… je suis un peu surprise... Je ne m'attendais pas à...
-- à quoi ? Mon âge ?
-- ben... euh... oui... Un peu quand même !
-- quelle importance ! L’amour n’a pas d’âge voyons !
-- euh... Oui... Sans doute. Mais... Au téléphone, votre voix semblait si jeune !
-- elle l’est...
-- oui. Mais... Oh et puis tant pis, dites, puisque nous sommes là, autant parler avec franchise, non ? Peu... peut-être pourrions-nous de... devenir amis...
Elle en bégayait de surprise…
-- ce n'est pas exactement ce que j'espérais. Mais bon, pourquoi pas en effet. Mais dis-moi, à part la différente d’âge, y a-t-il autre chose qui te dérange chez moi ?
-- ben... euh... Je peux être directe ?
-- oui. Bien sûr, je te demande.
-- vos... euh... Vos cheveux ? C'est une moumoute non ?
L'homme soudain gêné plonge le nez dans son verre.
-- oui. Je suis chauve...
-- et alors ? Qu'est-ce que ça peut faire ? À la cité, les jeunes se rasent tous ! Et vous, vous posez ce truc hideux sur votre tête. Vous ne devriez pas vous savez. Ces pas moche d’être chauve ! Euh... Et ça se colle ?
-- tu poses de drôles de questions toi ? Non, ça ne se colle pas. Il y a un filet dessous. Ça tient tout seul..
-- j'y crois pas !...
Soudain, la fille éclate d’un rire aussi léger et clair que le chant d’un ruisseau. Ses yeux pétillent...
-- ça alors, quand je vais raconter ça aux copines...
Elle a déjà oublié ses espoirs, son attente, sa déception. L'homme lui, hésite un quart de seconde puis rit aussi de bon coeur.
-- tu as raison, dit-il. Allez, hop, poubelle !
Et toujours riant, il envoie valser perruque et complexes. Alors qu'un peu plus loin :
-- alors, tu crois qu’ils sont ensemble ?
-- mais non voyons. N'importe quoi ! C'est sûrement son père. On voit bien qu’ils se connaissent depuis longtemps ces deux-là...
Pascale pour le 6 et le 13 novembre 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/11/2006 à 20:29