PASCALE *****

10/12/2007


Mot à insérer.
CONTES : courage, caprice, ombre, origine, nature, nourrice, tendresse, température, errance, être, soudain, souvenir.
JOKER : noir, déjà, bon.





Ti fleur fanée.


Il y avait longtemps qu'elle ne croyait plus aux contes de fées. En fait, le courage l'avait abandonnée un soir où les caprices du destin l’avaient obligée une dernière fois à regarder son ombre en face.
À l'origine la nature l’avait pourtant convenablement nantie, corps et biens. Elle n'avait pas eu à s'en plaindre ne quittant le sein de sa nourrice, que pour s’abreuver à une autre source : la tendresse d'un mari, imposé par son père et exigeant mais attentionné. Il n’avait jamais aucun mal à faire monter la température et il aurait suffi de surprendre leurs états, douce errance de deux êtres en pleine communion, pour soudain soi-même se retrouver le coeur où le corps gorgé de souvenirs.
Mais voilà. Cela ne dura que le temps que durent les roses.
Et le prince de ses rêves eut tôt fait de se détourner d’elle, stérile ou mal-aimée, pour s'en aller butiner d’autres fleurs au noir destin déjà tout tracé. Dès que sa main effleurait la leur, c’en était fait de leur innocence et leur pureté. Bon gré, mal gré, elle s'accommodait depuis si longtemps de ce contre quoi elle savait ne pas pouvoir lutter. Trop longtemps en fait. Une dernière fois elle leva les yeux vers ce ciel qui l’avait abandonné lui aussi. Le soleil vint caresser sa peau laiteuse.

Lorsque les soldats retrouvèrent son corps, elle flottait entre deux eaux, leur sembla-t-il, le sourire aux lèvres. Père et mari regrettèrent mais un peu tard leur inconstance et leur légèreté mais époque oblige, et ce d’un commun accord, décidèrent aussitôt de fiancer la soeur cadette avec le même homme espérant enfin un mariage fécond.

Un nuage de poudre sembla soudain s’élever vers le ciel, prenant la forme d’un ange ou d’un oiseau, les soldats ne surent pas comment décrire la scène et le corps disparut de la berge. On fouilla les fossés, on dragua le fond de l’eau mais ce fut peine perdue. Elle s’était volatilisée.

Lorsque le premier enfant naquit, personne n’y prit garde mais une poudre l’or, de la forme d’un ange ou d’un oiseau, seul le poupon aurait pu le dire, se déposa sur le berceau. Et dès lors, elle protégea le bébé qui vécut longtemps, heureux et tellement incapable d’infidélité que dans tout le pays, les femmes citent encore de nos jours, à leurs bambins, sa conduite en exemple.

Ben quoi, on peut rêver un peu.

Pascale Martin-Debève pour le 9 décembre 2007.
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Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 10/12/2007 à 20:55