Pour mieux comprendre ce dont il s'agit, lire la note précédente (ci dessous).


Le patrimoine villageois de Bagneux : suite.
Que s'est-il passé depuis la manifestation du samedi 21 novembre ?
Trois associations balnéolaises (Les Amis de Bagneux, Bagneux Environnement et Habiter La Porte d'en Bas - quartier des Mathurins", avaient réuni ce samedi matin là, des citoyens déterminés et informés, certes pas la foule - mais mobiliser sur un tel sujet, ce n'est pas simple et plutôt inhabituel, en banlieue.
D'ailleurs le Parisien ne s'y est pas trompé et l'événement était relaté le lundi matin. (voir le fichier en PDF au bas de cette note)


La ville, en particulier le 2 décembre, lors d'un conseil de quartier a pu répondre aux questions des riverains. Nous avons pu en effet transmettre une réponse claire de Yasmine Boudjenah, première adjointe en charge de l'urbanisme : la ville demande clairement au promoteur de présenter une proposition vraiment nouvelle qui prenne en compte la façade actuelle.

Le promoteur Pierre Promotion a aujourd'hui presque terminé la démolition de l'immeuble du 6 avenue Albert Petit, qui appartient au même quadrilatère que les petites maisons de la rue des Monceaux.
Il agit dans le cadre du premier permis de construire qui lui a été délivré au début de l'année 2010.
Côté rue des Monceaux, le riverain n'a pas lâché et à posé comme prévu un recours devant le tribunal administratif, contre le second permis délivré à Pierre Poromotion en juillet 2010, qui englobe les deux constructions de la rue des Monceaux.

Un architecte urbaniste, mandaté par la municipalité pour nous aider à établir un diagnostic de notre patrimoine afin de mieux envisager son avenir, a produit, à chaud, une note relative à l'intégration urbaine et architecturale du projet Pierre Promotion, côté rue des Monceaux.

Il semble que Pierre Promotion ait bien besoin d'aide pour modifier son projet...
Aujourd'hui il peut chercher soit à proposer un projet qui permette de créer un consensus, soit à braver le recours qui n’empêche pas la démolition ni la construction (il faut engager pour cela un référé suspensif), mais qui pourrait un jour décider la démolition de ce qui aurait été construit...
Voir l'aventure qui vient d'arriver à Michel Drucker pour sa villa d'Eygalières....
La ville est aussi sous le cooup du recours, au même titre que le promoteur, puisque c'est elle qui a donné l'autorisation de construire...

Revenons à cette note de qualité, au vu de la rapidité avec laquelle notre expert a dû se prononcer.
Des améliorations notables sont envisagées, en particulier la qualité esthétique du mur censé pérenniser le front de rue. Et puis aussi le traitement du mur en redan - aménagé d'ouvertures (mais mal positionnées, en angle, ce qui crée une vraie rupture avec le "style" de la rue)... la qualité des parements des façades - en pierre, autant d'améliorations de l'intégration paysagère du projet.
Il a été aussi clairement acté que le grand angle des perspectives de l'architecte n'étaient pas réalistes, et un recadrage de l'immeuble dans le paysage a été fait.

Une étude également intéressante du paysage de la rue dans son ensemble, avec l'alternance de murs sur jardins, et d'immeubles en front de rue. Même si cette vision de l'ensemble de la rue a tendance à diluer l'importance - et la particularité - de la séquence du début de la rue, très cohérente et visible de loin. La topographie du paysage qui permet des vues lointaines, est cependant soulignée dans la note de notre architecte qui ne connait pas encore bien Bagneux, pusiqu'il fait référence à Saint Hermeland comme à une chapelle.

Mais tout ce travail n'est envisagé que dans le cadre d'un permis modificatif, ce qui limite grandement la latitude des améliorations possibles...le bâtiment est toujours aussi haut !

Et le projet "amélioré" détruit encore tout l'aspect mémoriel des maisons et du début de la rue des Monceaux. De plus, ce n'est pas une proposition "vraiment nouvelle qui prend en compte la façade actuelle... Donc, cela ne répond pas à la demande de la ville.

On pourrait peut-être concevoir de ne pas conserver les maisons, mais alors il faudrait bien du talent pour en garder l'essence, c'est à dire concrètement, les volumes et le front de rue, le chien assis et la poulie de charge, sans en garder les façades...

Une dernière remarque, l'appréciation de l''état des bâtiments, jugé "plutôt de médiocre qualité", observé seulement de visu est, selon moi, peu convaincant.
Les maisons sont en moellons (on le voit encore mieux maintenant que l'arrière des bâtiments est visible depuis l'avenue Albert Petiit - les façcades sur jardin ne sont pas crépies) et rien ne permet de dire qu'elles ne sont pas "solides".


Le patrimoine villageois de Bagneux : suite.
Je reste persuadée qu'il est possible de conserver les façades et de construire derrière de nouveaux volumes.
Et je suis sûre que plus d'un promoteur serait intéressé par le projet !

Je suis toujours persuadée que pour le bien commun de la ville, il est plus intéressant de valoriser ce paysage villageois formé par la place du 13 octobre, et le début des rues des Monceaux et Pablo Neuruda, plutôt que de le détruire, pour y construire 10 logements en accession à la propriété.

Ici, à cet endroit précis, et sans extrapoler au reste du centre ville, il est particulièrement intéressant de préserver le paysage à l'identique et de le valoriser. Cette petite séquence urbaine est une véritable cheville qui "tient" l'articulation entre le vieux Bagneux et le reste de la ville. Il n'en reste quasiment plus...

Imaginez la place du 13 octobre, débarrassée de ses voitures - ce qui sera le cas dès ce printemps - avec une jolie terrasse, à l'entrée de la rue des Monceaux, avec comme vue les petites maisons avec le chien assis et la poulie de charge. C'est l'âme d'une ville que l'on peut ainsi garder. Il ne s'agit pas de faire du centre ville un musée, comme on me le rétorque quelquefois. Il s'agit de l'histoire de la ville offerte aux yeux des passants, d'où qu'ils viennent, qu'il soient plus ou moins aisés dans leur vie quotidienne, aux yeux des enfants.
Vive la diversité, vive la beauté des lieux !
C'est un luxe qu'une ville populaire a le droit de s'offrir, au prix de 5 logements de plus ou de moins.

Moi, j'ai envie que des balnéolais plus fortunés viennent s'installer comme voisins des immeubles sociaux. J'ai envie que des "bobos" (je ne sais pas bien ce que veut dire ce terme et la stigmatisation sous toutes ses formes m'est particulièrement insupportable - mais je l'ai entendu prononcer à propos de futurs habitants "indésirables" de la rue des Monceaux...) viennent dépenser leur argent en centre-ville.
Pour être solidaire, une ville doit avoir une population diverse.
C'est une vraie question politique dans une ville qui compte aujourd'hui sur son territoire plus de 65 % de logements sociaux...

Je ne résiste pas à citer cette phrase du philosophe Jean Baudrillard :
"L'architecture est un mélange de nostalgie et d'anticipation extrême"

L'avenir de Bagneux, c'est la forme d'une ville multipolaire, avec entre autres un centre ville hstorique d'une qualité rare en petite couronne, et un écoquartier à construire, à la pointe de son temps. Cette diversité est notre atout !
Ne le gâchons pas !
Certes la municipalité doit être maintenant particulièrement "volontaire" dans cette affaire.
Mais cela en vaut vraiment la peine !

J'ai fait part de cet avis à Yasmine Boudjenah, première adjointe, en charge de l'urbanisme.

N'hésitez pas à faire circuler ces informations.
Ceux qui pensent que la protection de ce patrimoine villageois est une vraie valeur pour l'avenir de notre ville - un avenir solidaire, un avenir "qui ne laisse personne au bord du chemin", comme le souhaite profondément notre députée-maire - doivent être informés et faire entendre leur voix.

A suivre.

29 décembre 2010


Pascale Méker
Pascale Méker
Pascale Méker
Maire-Adjointe de Bagneux,
en charge de la Transition écologique, et du développement durable. Patrimoine historique
Europe Ecologie - Les verts.

Conseillère communautaire déléguée de Sud de Seine, en charge de l'Environnement/développement durable/agenda 21, jusqu'en 2015.
Conseillère territoriale de Vallée Sud Grand Paris depuis 2016


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