L’histoire du Mediator : l’enquête de l’IGAS
Le Mediator servait dans le traitement des hypertriglycéridémies et des diabètes de type II dits gras qui sont liés à une surcharge pondérale. La molécule était intéressante car elle servait également comme coupe-faim (c'est une molécule dite anorexigène). La mise sur le marché du Médiator avait été autorisée par arrêté le 16 juillet 1974 et la commercialisation du Mediator avait débuté le 1er septembre 1976. Or dès 1982, les anorexigènes sont interdits d'après le décret Talon du 25 février 1982. La molécule du Mediator est le benfluorex nom donné à cause de son noyau de benzène, de son groupement fluoré et de ses propriétés anorexigènes. Cette molécule est un dérivé de l’amphétamine : on comprend donc les effets dangereux du Mediator. Ce médicament a été conçu par les laboratoires SERVIER, qui connaissait très bien l'effet anorexigène de la molécule mais qui l'exposait non comme anorexigène mais comme servant au traitement du diabète. Depuis au moins l'année 1995, on connaît la dangerosité du benfluorex et le rapport de l’IGAS confirme de graves défaillances dans le système de pharmacovigilance. Le médicament a été retiré du marché en 2010. Commentons la réunion du 15 novembre 2010 de la commission nationale de pharmacovigilance exceptionnelle.
La séance extraordinaire du 15 novembre 2010
Les patients prenant du Mediator étaient exposés à des risques de valvulopathie cardiaque et d’hypertension pulmonaire. Entre 1976 et 2009, c’est environ 145 millions de boîtes de Mediator de 30 comprimés qui ont été vendues. On estime que 2,6 millions de personnes ont consommé ce médicament. Avec le benfluorex, les patients avaient un risque de valvulopathie multiplié par 3,1. C’est énorme ! De même, le risque d’intervention chirurgicale pour valvulopathie était 4,4 fois plus grand que pour les individus ne prenant pas de Mediator. Le risque de décès par valvulopathie était lui aussi 3,1 fois supérieur dans ce cas. 64 patients suivis et consommant des comprimés de Mediator sont morts entre 2006 et 2010. On estime le nombre de décédés à 550 en 4,4 ans et à plus de 5 000 hospitalisations en 4 ans. Au total, on peut attribuer au benfluorex : 465 décès après un suivi de 5,5 ans, 3 500 hospitalisations pour insuffisance valvulaire après 4 ans de suivi, 1750 chirurgies cardiaques après 4 ans de suivi également. Les dégâts sur la santé de la population sont donc conséquents. Le risque de valvulopathie après arrêt du traitement est encore fort durant les deux années suivantes mais diminue considérablement après. Quelles sont les actions de notre gouvernement pour lutter contre ce type d'accident ? Quelles sont les dernières nouvelles concernant le Médiator ?
Le rapport Debré-Even pour l’Élysée
Un rapport secret sur le Mediator a été demandé par le Président de la République, Nicolas Sarkozy au député UMP Bernard Debré, urologue de formation. Le rapport devrait être rendu en mars et permettrait de légiférer pour éviter que de tels cas se reproduisent. La première réforme consisterait à faire financer l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé par l’État et non par l’industrie pharmaceutique. Cette agence veille sur la sûreté des produits et elle est mise en cause pour sa négligence dans l’affaire du Mediator. L’indépendance des médecins est également remise en question et M. Debré propose de publier tous les contrats qui lient les laboratoires pharmaceutiques aux professeurs en médecine. Pour contrôler la filière du médicament, il envisage de nommer également les personnes indépendantes qui en font partie. Les médecins devraient être remis à niveau tous les cinq ans. Pour le grand public, un site Internet serait créé avec une chaîne sur la TNT. D’autre part, une patiente de 64 ans avait porté plainte contre les laboratoires SERVIER car elle souffrait d’une fuite de la valve aortique suite à la prise de Mediator en 2004. Les experts ont donné raison à la vieille dame. Une centaine de personnes ayant pris du Mediator ont également déposé plainte contre les laboratoires SERVIER pour homicides et blessures involontaires. À la justice de trancher, le gouvernement quant à lui, a pris les bonnes mesures en conséquence en confiant à M. Debré les réformes à conduire.
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