Présentation de l’entreprise Photowatt
Photowatt International a été créé en 1979, au départ, pour faire de la recherche dans le domaine du photovoltaïque. L’entreprise était basée à Caen en Normandie et s’est installée à Bourgoin-Jallieu en 1990 dans le but de s’agrandir et d’être à proximité des industriels et des centres de recherches de Lyon et Grenoble. Jusqu’en 1996, l’entreprise ne comptait que 80 personnes et fournissait 3 mégawatts. À partir des cellules monocristallines de 4 pouces, Photowatt est passé en 1984 au silicium polycristallin avec le procédé de fusion POLIX que l'entreprise a élaboré puis industrialisé. Elle figure également parmi ceux qui ont développé les premières scies à fil qu’utilisent dorénavant presque toutes les entreprises qui produisent de l’énergie photovoltaïque. La société a été acquise par ATS en 1997 ce qui lui a permis de s’agrandir, de produire plus et de gagner plus. En mars 2007, l’entreprise fournissait 60 mégawatts et a pour objectif aujourd'hui d'en produire 100. La société s’est également dotée d’une ligne d’assemblage de modules, et fabrique des systèmes de génération photovoltaïque sur réseau et hors réseau. Elle est aussi présente à tous les stades, de l’étude à la réalisation et ceci dans le monde entier grâce à un réseau de partenaires professionnels. Malgré tous ces bons chiffres apparents, l’entreprise va mal. Que s’est-il passé ? Comment en arrive-t-on au plan social et au licenciement de presque la moitié des employés ? Que faudrait-il faire pour y remédier ?
Le plan social chez Photowatt
Photowatt envisage la suppression de 331 emplois de production sur 670. Cela comprend le licenciement de 195 ouvriers en contrat à durée déterminée et de 136 intérimaires permanents. L’entreprise prévoit la délocalisation en Pologne où la main d’œuvre est beaucoup moins chère. À cause de la concurrence asiatique, l’entreprise a vu chuter ses prix de vente de 45 % depuis 2008. C’est un effondrement des prix pour Photowatt qui est obligé de réagir. Les pertes sont lourdes au premier trimestre 2010. Il y a deux ans, l'entreprise comptait 800 salariés et après la réorganisation n'en dénombrera plus que 430. Les syndicats dénoncent également l’inertie de la filiale dédiée à la recherche qui devait être en avance sur les produits chinois. La direction, face à la colère des employés a signifié qu’ils créeraient 100 postes dans les services commerciaux et les bureaux d’études. Martine Rey, déléguée CFDT s’explique et ne comprend pas pourquoi on en arrive là pour le photovoltaïque qui est un secteur d'avenir et pourquoi la France ne conserve pas la seule filière intégrée sur le territoire. La CFDT dénonce également que le groupe a conçu une unité de montage en Ontario en passant un partenariat avec Q Cells qui fait fabriquer des cellules en Malaisie et leur savoir-faire provient de Photowatt. Il y a quelques années, l’entreprise était considérée comme un fleuron mondial et était classée à la 12e place avec la production de 20 mégawatts. Aujourd’hui elle n’arrive qu’à la 72e place avec une production de 57 mégawatts loin derrière l’entreprise chinoise Suntech qui en fournit 1 250. Que font les salariés de Photowatt ?
L’appel au gouvernement et à Nicolas Sarkozy
L’actionnaire canadien ATS n'a pas suffisamment investi dans l’entreprise pour lui permettre de croître suffisamment sa production. Ses prix de vente sont à 15 % de plus que le prix du marché ce qui est une erreur économiquement parlant. L’entreprise aurait besoin d’un marché français dynamique mais ce n’est pas le cas puisque les réductions de tarif d’achat de l’électricité ont freiné les investissements avant qu’un moratoire ait gelé quelques parties des projets. Les responsables syndicaux expliquent qu’ils ont perdu un marché de 30 mégawatts avec EDF énergies nouvelles et un de 7 mégawatts avec GDF Suez. L’entreprise pense qu’il faudrait mettre au point un label pour représenter la préférence nationale. Cette situation profite à la Chine : les entreprises de photovoltaïque chinoises bénéficient des subventions de leur gouvernement et des tarifs de rachat de l’électricité. Les syndicalistes de l’entreprise Photowatt demandent donc au gouvernement français de sauver leur entreprise en créant des conditions d’une concurrence loyale avec les produits importés. Ils demandent à Nicolas Sarkozy de tenir sa promesse "de mettre un euro dans le photovoltaïque pour un euro dans le nucléaire". Quelle sera la réponse du gouvernement ?
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