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commotions cérébrales



Discussion

Les résulats de l’étude indiquent que les joueurs de football masculins subissant une commotion cérébrale sont généralement plus vulnérables aux blessures après la commotion, mais présentaient déjà un risque accru avant la commotion.
Le risque de blessures ultérieures durant la période de suivi était 2,2 fois plus élevé chez les joueurs commotionnés. Par ailleurs, le risque de blessures était 2 fois plus élevé avant la commotion dans le groupe de joueurs commotionnés par rapport au reste de la cohorte.
Ces résultats peuvent s’expliquer par la position des joueurs sur le terrain ou à certains styles de jeu plus à risques que d’autres.
Suite à une commotion, le risque de blessures la première année est supérieure par rapport aux autres blessures. La confirmation de ces résultats, en s’intéressant aux athlètes sujets à d’autres blessures à la tête ainsi que par une évaluation plus approfondie des mécanismes sous-jacents de ce risque accru, serait utile.
L’analyse de la cohorte a montré que le risque de tous les types de blessures a augmenté progressivement dans l’année après une commotion, atteignant un risque 4 fois plus grand pour les blessures hors commoitions entre 6 et 12 mois.
Fait intéressant, une commotion cérébrale a été associée à un risque accru de blessures aigües, mais pas des blessures d’apparition progressive  après analyse d’une sous-cohorte, ce qui mécaniquement parlant semble plausible. A la connaissance des auteurs, il n’existe pas d’études ayant examiné la relation entre la commotion cérébrale et le risque de blessures chez les joueurs de football. Toutefois, les auteurs ont recemment signalé que la commotion cérébrale augmente le risque de commotion secondaire de 2 fois dans une cohorte d’hommes [12].
Ces résultats sont d’un grand intérêt étant donné que les grandes lignes cliniques actuelles suggèrent que le retour au sport sans réstriction peut être démarré après disparition complète des symptômes [14,15].
Mc Crea et col. [16] ont suivi 79 joueurs universitaires de football, victimes d’une commotion cérébrale jusqu’à 90 jours après le traumatisme. Les premiers déficits affectant l’équilbre et les fonctions cognitives sont généralement résolus après une semaine, sans différence significative après 90 jours. D’autres études ont donné des résultats similaires en ce qui concerne le temps de récupération complet se traduisant par 10 jours sans matchs ni entraînements [16-18]. Cependant les tests cognitifs utilisés dans ces études, comme le test des tracés (Trail Making Test) [19], pourraient ne pas être suffisamment sensibles pour détecter certains changement neuropsychologiques subtils pour cette population tels que les temps de réaction ou la prise de décision.
Afin de conforter cette hypothèse, certaines études rétrospective s’appuyant sur l’IRM ont montré une atteinte de l’intégrité axonale [20, 21] et des atteintes de la matière grise [22] après commotion.
Cependant, à la connaissance des auteurs, les anomalies cérébrales observées n’ont pas été associées à un affaiblissement des performances cognitives antérieures à la commotion.
Les résultats de la présente étude suggèrent qu’une évaluation médicale complète relève d’une importance capitale après commotion cérébrale, avec une attention particulière à l’évaluation des fonctions neurologiques et cognitives. Les résultats suggèrent également que suite à une commotion cérébrale, les sportifs doivent être étroitement surveillés pendant au moins 1 an.
Etant donné que les symptômes des commotions cérébrales sont souvent subtils, des tests de pré-saison évaluant la fonction cognitive pourraient être utiles afin de déterminer la capacité au retour au jeu et le risque de blessures secondaires.
En résumé, les auteurs ont trouvé un risque considérablement accru des blessures dans l’année après commotion dans une cohorte de joueurs de football élites. Les résultats de cette étude sont intéressants par rapport aux grandes lignes directrices cliniques qui généralement aboutissent à un retour à l’activité après 7 à 10 jours.
Par Erwann Le Corre