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Approche diagnostic et biomécanique de la pubalgie et réhabilitation



L’existence éventuelle d’un déficit dans la synergie contractile entre ces muscles, ainsi qu’un déficit de tenue des segments osseux dans la zone, entraîne une altération de la balance entre mobilité et rigidité, conduisant par la suite à des douleurs et des surcharges.
Lorsqu’on regarde le secteur pelvien dans la globalité de la gestuelle sportive, on remarque que comme pour l’ensemble des zones dites relais, que ce soit au niveau de la ceinture scapulaire ou de la cheville, l’équilibre entre la mobilité et la rigidité de la zone joue un rôle prépondérant. Ce concept, bien défini par Paul Hodges en 2015 lors d’une interview pour le BJSM est plus connu sous le terme de core stability.
Pour nous, bien au-delà de la « core stability », c’est la notion de cohérence gestuelle qui nous semble la plus appropriée, où seule une zone stable peut permettre de transmettre les forces des éléments contractiles qui l’entoure. Cette cohérence gestuelle prend toute son importance au niveau de la région pelvienne, où un déficit de stabilité aura des répercussions d’une part sur la performance (perte et dissipation de force), mais aussi sur la santé du sportif, entraînant des contraintes trop importante en particulier sur la symphyse pubienne.
Comme nous venons de le voir, le thorax joue un rôle très important dans la stabilité pelvienne de part les insertions anatomiques des muscles obliques et transverses. L’analyse gestuelle, dans le cadre de la prise en charge en réhabilitation d’un sportif avec une pathologie de la région inguino-pubienne, devra donc s’attarder sur le contrôle thoraco-pelvien ainsi que sur le contrôle de la branche pubienne.
Ceci nous permet d’entrer de manière encore plus importante dans la globalité de la prise en charge en réhabilitation, où l’approche biomécanique revêt toute son importance. L’analyse gestuelle du complexe jambe-hanche-pelvis-thorax, permettra au thérapeute d’une part d’individualiser sa prise en charge, mais également de faire entrer sa réhabilitation dans un contexte préventif globale. Chaque structure corporelle ayant une répercussion sur l’autre, il semble dénuer de sens aujourd’hui d’occulter l’approche biomécanique dans les processus de réhabilitation.
C’est dans ce contexte que le Dr Franklyn-Miller propose une analyse 3D des patients présentant une pubalgie (AGP –Athletic Groin Pain). L’analyse est globale, c’est à dire qu’elle comprend le thorax, le bassin et les membres inférieurs, mais elle est également spécifique, car elle porte sur des changements de direction (cf. photos ci-dessous).

L’objectif de cette analyse est de pouvoir par la suite cibler la réhabilitation sur les déficiences éventuelles de recrutement musculaire, de stabilité et de force, dans l’intention de délivrer au sportif un programme de prévention individualiser.
Nous voyons tout l’intérêt de la prise en charge biomécanique lors d’une atteinte de la région pubienne, tout autant lors du diagnostic de départ à la recherche de l’étiologie la plus précise possible, que lors de la réhabilitation pour potentialiser la prise en charge, et essayer de limiter le plus possible le risque de récidive.
L’investigation de l’efficacité d’un programme de réhabilitation ayant une approche biomécanique, et utilisant des exercices de contrôle neuro-musculaires, chez des athlètes avec AGP, a été réalisée par les équipes du Dr Franklyn-Miller de Dublin.
En effet, ces derniers ont réalisés une étude portant sur 40 athlètes de haut niveau évoluant dans des sports avec changement de direction (football australien, football, rugby, hockey sur glace). La présence de l’AGP chez les athlètes avait été déterminée par un examen clinique réalisé par un médecin du sport et un IRM.  L’ensemble des 40 athlètes ont subi une analyse vidéo 3D lors de 3 changements de direction à 75°, et un questionnaire HAGOS a été rempli par chacun d’eux pour suivre la progression lors du protocole. Après les tests de départ, un programme de réhabilitation individuel basé sur les déficits identifiés au test vidéo 3D et l’examen physique est proposé au sportif. Le programme comprend un ensemble d’exercices neuro-musculaires de la hanche et de la région lombo-pelvienne. Toutes les 2 semaines, les sportifs sont à nouveau testés pour faire évoluer le programme de réhabilitation, et ainsi complexifier les exercices pour répondre à la demande de l’activité qui demande un nombre important de changements de direction.
Les résultats de l’étude sont très intéressants. En effet, ces derniers montrent une amélioration de tous les paramètres au questionnaire HAGOS tout au long du programme de réhabilitation.