Les PME : force vive délaissée de la France
Les PME indépendantes représentent le premier employeur de France et le premier moteur de valeur ajoutée. Ainsi, entre 1985 et 2000, elles auraient assuré à elles seules 85% des créations d’emplois. Dans le même temps, les entreprises de plus de 3000 salariés n’en créaient aucun. Au contraire même puisque les grands groupes seraient responsables de 286 000 destructions nettes d’emploi sur la même période. Ces chiffres émanent d’une institution qu’on peut difficilement taxer d’être un repaire de dangereux gauchistes hostiles aux grands groupes : il s’agit du Conseil d’Analyse Economique, CAE, dont le président a été conseiller économique auprès de nombreux grands groupes et de nombreuses banques. Cette analyse rejoint celle de l’OCDE puisque, selon cette organisation, les PME sont le cœur de tout tissu économique moderne. Entre 60% et 70% de la création nette d’emplois dans les pays de l’OCDE est assurée par elles. Elles sont aussi les acteurs principaux de la mise sur le marché de produits innovants. Ce sont d’ailleurs les PME qui, selon le CAE, représentent 56% de la Valeur Ajoutée marchande de la France. Pourtant, il a déjà dû tirer la sonnette d’alarme en 2009 pour prévenir le gouvernement de la souffrance des PME françaises et du risque qu’il pouvait y avoir à ne pas rapidement mettre en place des solutions pour les aider à passer cette période difficile. De fait, elles ont été les premières victimes de la crise financière qui a secoué le monde entier depuis 2007/2008.
Les PME face aux banques : un combat inégal
Aujourd’hui, en 2012, 30% des PME se voient refuser des crédits, pourtant vitaux pour elles. Toutes les PME se sont déjà retrouvées à avoir besoin d’un peu de trésorerie en fin de mois : retards de paiements des factures clients, paiements à 60 jours, voire 90 jours, non encore échus etc… Certaines arrivent à passer le cap et peuvent survivre ; d’autres n’y arrivent pas, et peuvent péricliter pour seulement 5000 ou 10 000 euros de manque. La question est de savoir si ces situations sont admissibles à l’heure où tous s’accordent à déplorer le manque de compétitivité de la France. Est-ce que le problème principal des PME ne viendrait pas tout simplement des banques ? C’est ce que semblent s’accorder à dire un grand nombre d’acteurs, les PME en tête bien sûr. Mais elles ne sont pas les seules : la CGPME, le CAE, certains sénateurs… et même les dirigeants de la BCE. Alors même, pour ne prendre que l’exemple français, que les 5 plus grandes banques ont dégagé des bénéfices record en 2010, 21 milliards d’euros en 2010 tout de même, et que la BCE, Banque Centrale Européenne, leur a largement ouvert les vannes avec des dizaines de milliards d’euros prêtés à 1%, ces dernières freinent des quatre pieds pour accorder des crédits aux PME ! Pendant ce temps-là, les marchés, eux, se réjouissent de ces afflux massifs de capitaux qui lui redonnent le moral. Pendant que les PME peinent à boucler les fins de mois, les traders, les gros actionnaires, les banques et les grands groupes, eux, s’attribuent des salaires mirobolants et dégagent des marges indécentes.
Face à des situations iniques, les PME sortent les crocs
Furieuses d'être laissées pour compte, saignées à blanc - il faut rappeler qu'en moyenne, en France, les PME sont en réalité imposées à 38% alors même que les grands groupes, eux, qui dégagent pourtant des milliards de bénéfices, le sont à 15% - les PME ont décidé de se battre pour leur survie, et qu'enfin on reconnaisse leur importance dans l'économie française. C'est donc par l'intermédiaire de la CGPME notamment qu'elles ont interpellé les politiques durant la campagne présidentielle. La CGPME, principal syndicat des PME, réclame ainsi des mesures fortes : transparence sur les encours de crédit aux TPE-PME et transparence également sur les résultats des banques liés exclusivement aux activités purement spéculatives. Selon le syndicat, ces mesures devraient conduire les banques à revenir à des comportements plus décents et à enfin accepter leur rôle : soutenir l’économie réelle. D’autant plus que c’est sur la base de cet argument que l’Etat français les avait renflouées aux tous débuts de la crise. Mais aussi, l’organisation syndicale réclame un rééquilibrage du taux d’imposition des entreprises françaises, une baisse des charges qui pèsent sur les PME et un développement plus important des aides existantes. Toutes ces propositions faisaient partie du programme de l’actuel nouveau président, François Hollande. Quinze jours maintenant que la passation est faite, le travail commence. Jean-Marc Ayrault a d’ores et déjà rencontré les partenaires sociaux afin de mettre en place le planning social des années à venir. Qu’il sache que les PME sont en embuscade, et qu’elles ne le rateront pas !
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