KINESPORT KINESPORT


   



Imagerie et tests cliniques pour le diagnostic de la pubalgie de longue durée chez les athlètes : une revue systématique



Résultats
 
La recherche dans les bases de données a recensé 577 articles, dont seulement 5 remplissent les critères d'inclusion.
Les 5 études ont considéré 6 pathologies différentes avec 4 évaluations physiques et 5 techniques d'imagerie diagnostique en cours d'évaluation. Cela est résumé dans le tableau I. Trois des 5 études rapportent des pathologies multiples chez les athlètes avec PLD [5,33,49]. Le tableau I résume les informations à propos des patients. Aucune de ces conclusions n'a été comparée à la référence standard. Le tableau I fournit un résumé des données pour chaque test incluant la sensibilité, la spécificité, les ratios de vraisemblance et les valeurs prédictives.
 
Faisons un petit rappel de la définition de ces termes avant de continuer !

            - sensibilité : probabilité que le test soit positif si le sujet est malade,
            - spécificité : probabilité que le test soit négatif si le sujet n'est pas malade,
            - valeur prédictive positive (VPP) : probabilité qu'un sujet soit réellement malade lorsque le test est positif,
            - valeur prédictive négative (VPN) : probabilité qu'un sujet soit vraiment non-malade quand le test est négatif,
            - rapport de vraisemblance positif (RVP) : mesure la vraisemblance d’avoir un test positif si on est malade. Variant de 0 à l’infini, plus il est élevé plus le « gain diagnostique » est important.
            - rapport de vraisemblance négatif (RVN) : mesure la vraisemblance d’avoir un test négatif si on n’est pas malade.  Plus il est proche de 0, plus il permet d'exclure le diagnostic.
 
La sensibilité du diagnostic par imagerie se situe entre 68 et 100%. La sensibilité des évaluations physiques était plus faible (30 à 86%) avec une exception pour la palpation des hernies inguinales qui, dans un petit échantillon, avaient une sensibilité de 100%.
 
La spécificité du diagnostic par imagerie se situe entre 0 et 100% alors que celle pour les évaluations physiques était entre 88 et 100%. A l'exception de l'IRM du tendon adducteur (RVP = 8,07 et RVN = 0,15) et de l'adduction bilatérale (RVP = 11,0), les tests évalués dans cette RS ne permettraient pas d'augmenter sensiblement la probabilité post-test du diagnostic.
 
Discussion
 
Bien que le diagnostic précis et en temps voulu de la PLD soit impératif pour les athlètes professionnels, un test de diagnostic, même avec de bonnes statistiques de diagnostic, est important seulement s'il a un impact positif sur les résultats du patient [15]. On ne sait pas si les tests mis en avant dans cette RS améliorent soit le choix des traitements ou leurs résultats. Cependant, comme de multiples structures peuvent être impliquées, le diagnostic peut être difficile.
De nombreuses évaluations cliniques utilisées par les cliniciens du sport et les kinésithérapeutes n'ont pas été confrontées à des références standards. Les résultats de cette RS reflètent le manque de validation des tests cliniques dans leur utilisation courante. Cela est reflété par le fait que seulement 5 études répondent aux critères d'inclusion a priori. Actuellement il n'existe pas d'analyses coûts-avantages liées à l'imagerie diagnostique dans cette population. De études futures pourraient être justifiées. Les précisions des athlètes ayant une PLD lors de leur consultation peuvent donner un aperçu de la pathologie [17,24,27,36,42,44]. Cependant, ces symptômes rapportés ne sont pas exclusifs à une pathologie particulière et n'ont pas été évalués par rapport à une référence standard. C'est un domaine de recherche future.

Les cliniciens peuvent être confiants en la fiabilité des évaluations cliniques des patients avec PLD [18,20,28,41,44]. Cependant, il doit y avoir une distinction claire entre les tests qui sont cliniquement utiles et ceux qui ont été évalués pour leur précision diagnostique. Verrall et al. en 2005 [41] ont examiné trois tests de provocation de la douleur par adduction résistée  chez des footballeurs australiens avec ou sans pubalgie. Ces athlètes ont subi ensuite une IRM de la région de l'aine. En présence des trois tests de provocation de la douleur positifs, il y a une forte probabilité d'avoir un œdème médullaire de l'os pubien (OMOP) détectée par IRM. La sensibilité de la symphyse pubienne et / ou des branches pubiennes supérieures en plus des trois tests de provocation positifs améliore encore la capacité prédictive de l'examen [41,44]. Cela fournit des recommandations utiles à la clinique si un OMOP est suspecté et qu'une IRM n'est pas disponible.
 
Bien que des évaluations cliniquement utiles pouvant aider le clinicien dans la gestion de la PLD aient été publiées, elles ont été exclues de la RS car elles ne répondaient pas aux critères d'inclusion de l'évaluation par rapport à une référence standard. Les mesures cliniquement utiles telles que la force au "squeeze test" (adduction isométrique) sont à la fois cliniquement et statistiquement moins importantes chez les athlètes souffrant de PLD [28], mais cela peut ne pas être entièrement liée à une pathologie de l'adducteur.
 
Cette RS met en évidence que l'IRM peut être utilisée en partie dans le processus de diagnostic. Des anomalies du pubis antérieur et de l'enthèse des adducteurs à l'IRM ont été montrées comme correspondant au côté des symptômes présentés [39].
 
Les résultats de cette RS suggèrent clairement que les futures études à propos du diagnostic devront inclure un test de référence standard et devront rapporter des données assez détaillées afin de permettre le calcul de la sensibilité, de la spécificité, des rapports de vraisemblance et des valeurs prédictives.
Malgré la rigueur des critères d'inclusion dans cette RS, les études incluses présentent certaines limites. L'une [5] n'a pas précisé le niveau de compétition de ses participants et avait un petit échantillon. Une autre [49] a inclus des participants âgés de 17 à 71 ans, ce qui limite la généralisation des résultats. Celle de Verrall et al. [41] s'est basée sur une cohorte de footballeurs et ne permet pas non plus l'extrapolation des résultats à toutes les autres pubalgies présentes dans les autres sports.
 
Cette RS a mis en exergue que les termes génériques de pubalgie chronique et de pubalgie de longue durée sont utilisés pour décrire des pathologies multiples et souvent co-existantes. De nombreux tests cliniques fiables sont disponibles. Cependant la majorité d'entre eux n'ont pas été validés et ne sont pas spécifiques à cette pathologie. Leur utilisation pour le diagnostic est de plus limité. En outre, les informations collectées lors des consultations avec les patients sont faiblement rapportées et n'ont pas été évaluées contre référence standard.
La nécessité d'une prise en charge multidisciplinaire est également soulignée, étant donné le nombre de pathologies possibles. Lorsque des désordres patho-anatomiques de la symphyse ou du pubis sont suspectés, une IRM est recommandée ; l'IRM a une forte valeur prédictive positive pour détecter les atteintes accessoires. De même, en cas de suspicion d'une pathologie du tendon /de l'enthèse des muscles adducteurs ou du grand droit de l'abdomen, l'IRM est également recommandée, comme indiquée par un rapport de vraisemblance positif haut à modéré.
 
Conclusion
 
Les cliniciens devraient accorder plus d'importance   à l'identification spécifique des désordres patho-anatomiques. Cela devrait également se refléter dans une plus grande mesure dans la littérature actuelle. De nombreux tests cliniques couramment utilisés sont fiables et peuvent avoir une place dans la réévaluation et l'orientation de la progression du traitement. Cependant, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour examiner les propriétés de ces tests diagnostiques. Il n'y a pas de "gold standard" pour comparer les résultats des tests cliniques. Ceci est principalement dû à la variété de structures possibles impliquées.

De nombreux auteurs préconisent des références standards différentes et l'IRM montre un potentiel, mais sur la base de cette étude, les auteurs ne peuvent pas la recommander pour toutes les pathologies de la région pubienne. De nombreuses études ont rapporté la symptomatologie des patients présentant une PLD et à la connaissance des auteurs, elles n'ont pas été évaluées par rapport à une référence standard. Cela peut être à ajouter aux outils de diagnostic disponibles pour le clinicien. Les recherches futures devraient examiner la validité des tests cliniques et les symptômes par rapport à une référence standard pour identifier les pathologies individuelles et publier des données de façon suffisamment détaillée pour permettre le calcul des statistiques diagnostiques. Cela aidera le clinicien à déterminer les recherches correctes et à confirmer un diagnostic. Un traitement en temps opportun peut alors être administré en vue de réduire le délai de réadaptation et de retour au sport.
 
 
 
 
 
 
[1] Albers, S. L., Spritzer, C. E., Garrett, W. E., Jr., & Meyers, W. C. (2001). MR findings in athletes with pubalgia. Skeletal Radiology, 30, 270e277.
[2] Bradshaw, C. J., Bundy, M., & Falvey, E. (2008). The diagnosis of longstanding groin pain: a prospective clinical cohort study. British Journal of Sports Medicine, 42(10), 551e554.
[3] Bradshaw, C., & Holmich, P. (2006). Longstanding groin pain. In P. Brukner, & K. Khan (Eds.), Clinical sports medicine (3rd ed.) (pp. 405e426). McGraw-Hill Professional.
[4] Bradshaw, C., McCrory, P., Bell, S., & Brukner, P. (1997). Obturator nerve entrapment: a cause of groin pain in athletes. American Journal of Sports Medicine, 25(3), 402e408.
[5] Brennan, D., O’Connell, M. J., Ryan, M., Cunningham, P., Taylor, D., Cronin, C., et al. 2005). Secondary cleft sign as a marker of injury in athletes with groin pain: MR image appearance and interpretation. Radiology, 235(1), 162e167.
[6] Brown, R. A., Mascia, A., Kinnear, D. G., Lacroix, V., Feldman, L., & Mulder, D. S. (2008). An 18-year review of sports groin injuries in the elite hockey player: clinical presentation, new diagnostic imaging, treatment, and results. Clinical Journal of Sport Medicine, 18(3), 221e226.
[8] Brukner, P., Bradshaw, C., & McCrory, P. (1999). Obturator neuropathy: a cause of exercise-related groin pain. Physician & Sportsmedicine, 27(5), 62.
[9] Cohen, R. H., Turkenburg, J. L., & van Dalen, A. (1990). Herniography in 79 patients with unexplained pain in the groin: a retrospective study. European Journal of Radiology, 11(3), 184e187.
[12] Ekberg, O., Persson, N. H., Abrahamsson, P. A., Westlin, N. E., & Lilja, B. (1988). Longstanding groin pain in athletes. A multidisciplinary approach. Sports Medicine, 6(1), 56e61.
[13] Ekstrand, J., & Hilding, J. (1999). The incidence and differential diagnosis of acute groin injuries in male soccer players. Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports, 9, 98e103.
[14] Falvey, E. C., Franklyn-Miller, A., & McCrory, P. R. (2008). The groin triangle: a pathoanatomical approach to the diagnosis of chronic groin pain in athletes. British Journal of Sports Medicine, 43, 213e220.
[15] Ferrante, d. R. L., Hyde, C., McCaffery, K., Bossuyt, P., & Deeks, J. (2012). Assessing the value of diagnostic tests: a framework for designing and evaluating trials. BMJ (Clinical Research Ed.), 344, e686.
[17] Harris, N. H., & Murray, R. O. (1974). Lesions of the symphysis in athletes. British Medical Journal, 4(5938), 211e214.
[18] Hogan, A., & Lovell, G. (1997). Pubic symphysis stress test and rehabilitation of osteitis pubis. Science and Football, IV, 207e214.
[19] Holmich, P. (2007). Long-standing groin pain in sportspeople falls into three primary patterns, a “clinical entity” approach: a prospective study of 207 patients. British Journal of Sports Medicine, 41(4), 247e252. discussion 252.
[20] Holmich, P., Holmich, L. R., & Bjerg, A. M. (2004). Clinical examination of athletes with groin pain: an intraobserver and interobserver reliability study. British Journal of Sports Medicine, 38(4), 446e451.
[21] Irshad, K., Feldman, L., Lavoie, C., Lacroix, V., Mulder, D. S., & Brown, R. A. (2001). Operative management of “hockey groin syndrome”: 12 years experience in National Hockey League players. Surgery, 130, 759e766.
[23] Kesek, P., Ekberg, O., & Westlin, N. (2002). Herniographic findings in athletes with unclear groin pain. Acta Radiologica, 43(6), 603e608.
[24] Kunduracioglu, B., Yilmaz, C., Yorubulut, M., & Kudas, S. (2007). Magnetic resonance findings of osteitis pubis. Journal of Magnetic Resonance Imaging, 25(3), 535e 539.
[27] Major, N. M., & Helms, C. A. (1997). Pelvic stress injuries: the relationship between osteitis pubis (symphysis pubis stress injury) and sacroiliac abnormalities in athletes. Skeletal Radiology, 26(12), 711e717.
[28] Malliaras, P., Hogan, P., Nawrocki, A., Crossley, K., & Schache, A. (2010). Hip flexibility and strength measures: reliability and association with athletic groin pain. British Journal of Sports Medicine, 43, 739e744.
[30] Meyers, W. C., Foley, D. P., Garrett, W. E., Lohnes, J. H., & Mandlebaum, B. R. (2000). Management of severe lower abdominal or inguinal pain in high-performance athletes. PAIN (Performing Athletes with Abdominal or Inguinal Neuromuscular Pain Study Group). American Journal of Sports Medicine, 28(1), 2e8.
[31] Meyers, W. C., Greenleaf, R., & Saad, A. (2005). Anatomic basis for evaluation of abdominal and groin pain in athletes. Operative Techniques in Sports Medicine, 13(1), 55e61.
[32] Meyers, W. C., McKechnie, A., Philippon, M. J., Horner, M. A., Zoga, A. C., & Devon, O. N. (2008). Experience with “sports hernia” spanning two decades. Annals of Surgery, 248(4), 656e665.
[33] O’Connell, M. J., Powell, T., McCaffrey, N. M., O’Connell, D., & Eustace, S. J. (2002). Symphyseal cleft injection in the diagnosis and treatment of osteitis pubis in athletes. AJR American Journal of Roentgenology, 179(4), 955e959.
[34] O’Connor, D. (2004). Groin injuries in professional rugby league players: a prospective study. Journal of Sports Sciences, 22(7), 629e636.
[35] Orchard, J., James, T., Alcott, E., Carter, S., & Farhart, P. (2002). Injuries in Australian cricket at first class level 1995/1996 to 2000/2001. British Journal of Sports Medicine, 36(4), 270e274.
[36] Orchard, J. W., Read, J. W., Neophyton, J., & Garlick, D. (1998). Groin pain associated with ultrasound finding of inguinal canal posterior wall deficiency in Australian rules footballers. British Journal of Sports Medicine, 32(2), 134e139.
[37] Orchard, J., & Verrall, G. M. (2000). Groin injuries in the Australian Football League. International SportMed Journal, 1(1).
[38] Renstrom, P., & Peterson, L. (1980). Groin injuries in athletes. British Journal of Sports Medicine, 14(1), 30e36.
[39] Robinson, P., Barron, D. A., Parsons, W., Grainger, A. J., Schilders, E. M., & O’Connor, P. J. (2004). Adductor-related groin pain in athletes: correlation of MR imaging with clinical findings. Skeletal Radiology, 33(8), 451e457.
[41] Slavotinek, J. P., Verrall, G. M., Fon, G. T., & Sage, M. R. (2005). Groin pain in footballers: the association between preseason clinical and pubic bone magnetic resonance imaging findings and athlete outcome. The American Journal of Sports Medicine, 33(6), 894e899.
[42] Smedberg, S. G., Broome, A. E., Gullmo, A., & Roos, H. (1985). Herniography in athletes with groin pain. American Journal of Surgery, 149(3), 378e382.
[43] Taylor, D. C., Meyers, W. C., Moylan, J. A., Lohnes, J., Bassett, F. H., & Garrett, W. E., Jr. (1991). Abdominal musculature abnormalities as a cause of groin pain in athletes. Inguinal hernias and pubalgia.American Journal of SportsMedicine,19(3), 239e242.
[44] Verrall, G. M., Slavotinek, J. P., Barnes, P. G., & Fon, G. T. (2005). Description of pain provocation tests used for the diagnosis of sports-related chronic groin pain: relationship of tests to defined clinical (pain and tenderness) and MRI (pubic bone marrow oedema) criteria. Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports, 15(1), 36e42.
[45] Verrall, G. M., Slavotinek, J. P., & Fon, G. T. (2001). Incidence of pubic bone marrow oedema in Australian rules football players: relation to groin pain. British Journal of Sports Medicine, 35(1), 28e33.
[46] Werner, J., Hägglund, M., Walden, M., & Ekstrand, J. (2009). UEFA injury study: a prospective study of hip and groin injuries in professional football over seven consecutive seasons. British Journal of Sports Medicine, 43(1), 1036e1040.
[47] Whiting, P., Rutjes, A. W., Reitsma, J. B., Bossuyt, P. M., & Kleijnen, J. (2003). The development of QUADAS: a tool for the quality assessment of studies of diagnostic accuracy included in systematic reviews. BMC Medical Research Methodology, 3(25).
[48] Yilmazlar, T., Kizil, A., Zorluoglu, A., & Ozguc, H. (1996). The value of herniography in football players with obscure groin pain. Acta Chirurgica Belgica, 96(3), 115e118.
[49] Zoga, A. C., Kavanagh, E. C., Omar, I. M., Morrison, W. B., Koulouris, G., Lopez, H., et al. (2008). Athletic pubalgia and the “sports hernia”: MR imaging findings. Radiology, 247(3), 797e807.
 
[50] Drew MK, Osmotherly PG, Chiarelli PE.  Imaging and clinical tests for the diagnosis of long-standing groin pain in athletes. A systematic review. Phys Ther Sport. 2014 May;15(2):124-9. doi: 10.1016/j.ptsp.2013.11.002. Epub 2013 Nov 15.

1 2