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Effets de la technique PRP sur les lésions musculaires : résultats à 1 an



Introduction
 
Depuis de nombreuses années, la question de l’amélioration de la cicatrisation tendineuse et musculaire, est au centre des préoccupations des staffs médicaux et spécialistes intervenant dans le milieu sportif professionnel. Les pressions entourant la participation ou non d’un joueur à un match, pour des raisons diverses et variées, obligent à essayer de potentialiser les phénomènes qui sont garants d’une bonne cicatrisation tissulaire. Nul n’est besoin de rappeler l’importance du taux de lésion musculaire dans le football professionnel à ce jour et les impacts qui s’en suivent. Cependant, l’optimisation des facteurs qui influencent la reprise sur le terrain (RTP – Return To Play) doit se faire de manière scientifique et pragmatique, pour éviter certaines dérives « éthiques » qui nous laissent quelquefois sur notre fin.  Quoiqu’il en soit, la démarche d’améliorer le processus de cicatrisation après lésion musculaire aiguë, dans un but thérapeutique et préventif secondaire est bien entendu fondamentale.
Depuis les années 90, nous avons vu émerger l’utilisation de la technique PRP (Platelet-Rich Plasma) dans de nombreuses pathologies musculo-squelettiques. Cette technique permet de moduler la réponse tissulaire à une lésion, dans le but de stimuler les capacités de régénération d’un tissu à faible potentiel de guérison intrinsèque.
Pour rappel, le PRP est un concentré plaquettaire cinq fois supérieur à la normale, qui est obtenu à partir de sang autologue. Le concentré plaquettaire qui est récupéré à partir de la centrifugation du sang du patient, libère une douzaine de puissantes protéines contenues dans les granules alpha, relâchées lors de l’activation de ces dernières, et responsables de la cicatrisation tissulaire. Le PRP peut également accélérer le processus de cicatrisation en raison de sa composition en facteurs de croissance tels que le platelet-derived growth factor (PDGF), l’insulin-like growth factor (IGF) ou le transforming growth factor beta (TGF bêta).
 
 
L’intérêt de l’utilisation des PRP n’a fait qu’augmenter depuis les années 2009, grâce notamment à l’autorisation de l’Agence Mondiale Anti-Dopage (WADA en Anglais) en 2011 des injections de PRP intramusculaires. Le marché commercial est en constante augmentation avec un marché qui est estimé à 126 millions de dollars à l’aube de l ‘année 2016, alors qu’il n’était que de 45 millions de dollars en 2009.
Cependant, nous ne jugeons pas l’intérêt d’une technique en fonction de la croissance de son marché financier, mais bel et bien en fonction de la preuve de son efficacité.
 
Utilisation du PRP dans les lésions musculaires
Une étude de 2015, de Reunrink G et al. publiée dans le BJSM attire particulièrement notre attention. Cette étude : « Rationale, secondary outcome scores and 1-year follow-up of a randomised trial of platelet-rich plasma injections in acute hamstring muscle injury: the Dutch Hamstring Injection Therapy study », a pour but d’examiner si l’injection de PRP lors d’une lésion aigue des ischios jambiers pourrait accélérer le retour à la pratique sportive.
L’étude présentée ici, est la suite d’une étude que nous avions évoquée dans un précédent speed meeting (Reurink G, Goudswaard GJ, Moen MH, et al. Platelet-rich plasma injections in acute muscle injury. N Engl J Med 2014; 370:2546–7).
Cependant, l’étude que nous allons présenter a pour intérêt supplémentaire de justifier le raisonnement de l’étude de départ et de présenter les résultats du taux de récidive à 1 an post-lésionnel.

Méthode
Pour rappel, il s’agit d’une étude multicentrique, randomisée et en double aveugle. Cette dernière est réalisée sur un ensemble de 80 athlètes amateurs et de compétition, ayant subi une lésion musculaire dites « aiguë ».
Lors de la première étude, le résultat mesuré  était le temps de retour au sport dans les 6 mois post-lésionnel.
L’étude publiée dans le BJSM nous apporte les résultats sur le taux de lésions musculaires dans l’année qui suit la première lésion, les altérations éventuelles des paramètres cliniques et des images à l’IRM, la satisfaction du patient, ainsi que le score des IJ (extensibilité et force).
Rappelons que lors de la première étude (figure ci-dessous), il n’avait été montré aucune différence significative sur le taux de lésion à 2 mois post-lésionnel, entre un groupe ayant subi une injection de PRP dans la zone en lésion et un autre groupe ayant subi une  injection de solution saline isotonique.v

Raisonnement pour inclure les critères de l’imagerie IRM
L’étude de Reurink G et al. s’est voulue très stricte du point de vue des critères d’inclusion, pour essayer de rendre les résultats les plus fiables possibles. Pour se faire, les patients ayant eu un diagnostic de lésion musculaire des IJ, sans signe de lésion macroscopique à l’IRM (communément diagnostiquée Grade 0 d’après la classification de Munich) n’ont pas été inclus. Les sujets avec une rupture musculaire à l’insertion avec avulsion (Grade III) n’ont pas été retenus également.
Au final, l’étude n’a inclu que les patients avec une lésion musculaire de Grade I et II, c’est à dire positive à l’IRM mais sans signe de rupture.
Durant l’étude, deux IRM ont été réalisées, l’un dans les 5 jours post-lésionnel et un second 7 jours après le retour au sport.
 
Raisonnement pour le nombre et le timing des injections

Dans le protocole d’injection de la PRP, les notions de dose, de timing et du nombre d’injection fait grandement débat chez les spécialistes.
Dans l’étude, le protocole utilisé est une injection dans les 5 jours post-lésionnel (médiane à 3 jours), incluant 3 dépôts de 1 ml à chaque procédure. Cette dose est en accord avec les études de Magalon et al. pour une dose contenant 40 000 picogramme de PDGF (Platelet-Derived Growth Factor).