La tendinopathie d'Achille (TA) est le terme utilisé pour décrire le tableau clinique incluant des douleurs au tendon d'Achille liées à l'activité, une raideur matinale, une sensibilité tendineuse et des changements intratendineux à l'imagerie.
Cette pathologie est un désordre musculo-squelettique fréquent chez nos sportifs, notamment dans les sports basés sur la course. Plus précisément, la TA représente entre 8% et 15% de toutes les blessures chez les coureurs récréatifs, avec une incidence cumulée de 24% chez les athlètes. L'identification des facteurs intrinsèques associés à la condition peut aider à la gestion et à la prévention appropriées de cette condition.
Cette pathologie est un désordre musculo-squelettique fréquent chez nos sportifs, notamment dans les sports basés sur la course. Plus précisément, la TA représente entre 8% et 15% de toutes les blessures chez les coureurs récréatifs, avec une incidence cumulée de 24% chez les athlètes. L'identification des facteurs intrinsèques associés à la condition peut aider à la gestion et à la prévention appropriées de cette condition.
Alors que l'activité du triceps sural et d'autres muscles distaux a été déjà largement étudiée en tant que facteur associé à l'apparition de TA, il est possible que l'activation de muscles proximaux puisse aussi avoir un rôle important dans cette pathologie. Une étude s'était déjà penchée sur le contrôle neuromoteur proximal pendant la course chez des sujets avec TA et avait rapporté une diminution significative d'amplitude d'activité du moyen fessier (MF) après impact du talon chez les sujets pathologiques comparés à des sujets sains. Il a été identifié que ce n'est pas que l'amplitude d'activation mais aussi le temps d'activation qui est associé à la cinématique de la hanche. Des altérations de cinématique de hanche peuvent être liées à des mécanismes plus distaux via deux phénomènes différents : un lien mécanique entre les plans frontal et transversal et un lien mécanique dans le plan sagittal.
Des études récentes chez des coureurs ont souligné que la cinématique de la hanche dans les plans frontal et transversal est étroitement liée aux cinématiques du tibia et de la cheville. Plus spécifiquement, il existe des corrélations modérées à fortes entre les rotations médiale / latérale de hanche et les rotations médiale / latérale du tibia [1], entre les rotations médiale / latérale de hanche et l'inversion / éversion de l'arrière-pied [1], et entre l'adduction de hanche et l'éversion de l'arrière-pied [2].
Une étude avait déjà rapporté qu'une apparition retardée du MF et du GF était associée à une augmentation de l'adduction et de la rotation médiale de hanche pendant la course chez les femmes avec syndrome fémoro-patellaire [3]. Ainsi, il est concevable qu'une altération des fessiers, qui contribuent à l'augmentation de l'adduction et à la rotation médiale de hanche, puisse être associée avec une augmentation de l'éversion de l'arrière-pied. Or, de précédentes études ont rapporté une éversion majorée de l'arrière-pied pendant la course chez des individus avec TA. Malgré ce lien théorique entre les plans frontal et transversal, le temps d'activation des fessiers n'a encore jamais été investigué dans la TA.
Le but de l'étude présentée ici [4] était de comparer le temps d'activation du MF et du GF chez des coureurs de fond masculins avec TA symptomatique à des coureurs de fond sains. L'hypothèse des auteurs était que les coureurs avec TA allaient présenter des temps d'activation altérés du MF et du GF pendant la course.
MATERIELS ET METHODES
Participants
14 hommes avec TA symptomatique et 19 hommes sains (en tant que contrôle) ont participé à l'étude. Cette cohorte était un sous-groupe des participants recrutés dans de précédentes études.
Les critères d'inclusion était d'être un homme, âgé de plus de 18 ans, et réalisant des activités de courses régulièrement à raison d'au moins 20 kilomètres par semaine.
Les participants ont été exclus s'il avait déjà subi une chirurgie des membres inférieurs, présenté des désordres inflammatoires ou un traumatisme ou une rupture du tendon d'Achille.
Pour être inclus dans le groupe avec TA, les participants ne devaient pas avoir eu d'autres blessures du MI au moment du test ni dans les 12 mois précédents, en dehors de symptômes au tendon d'Achille (douleur lors de la course, au saut et à la palpation, raideur matinale et symptômes affectant l'activité physique). Une confirmation de l'éligibilité était réalisée par échographie.
Les participants du groupe contrôle ne devaient pas présenter de blessures au moment du test, ne pas avoir eu de blessures des membres inférieurs leur obligeant d'arrêter la course pendant plus d'une semaine au cours des 12 derniers mois, et ne pas présenter de signes objectivables à l'échographie.
Questionnaires
Les caractéristiques des participants, incluant l'âge, le poids, la taille et la charge hebdomadaire de course ont été collectées. De plus, le groupe TA a précisé le côté atteint, la durée des symptômes et a rempli le questionnaire VISA-A composé de 8 questions, le tout sur 100 points (100 étant le score d'un sujet asymptomatique). Les questionnaires ont été remplis avant le commencement de l'exécution des essais.
Procédure
Il a été demandé aux participants de courir à une vitesse de 4 m/s (± 10%) sur 25 m sur un tapis au sol (plateau de force) dans un laboratoire de mouvement humain. Ils l'ont fait plusieurs fois pendant environ 3 minutes afin de s'accoutumer aux chaussures (même modèle pour tout le monde), à la vitesse demandée et à l'équipement. Un minimum de 6 essais consécutifs a été obtenu pour l'analyse. Les données de l'EMG et du plateau de force ont été relevées. Pour le groupe avec TA, c'est le côté symptomatique (ou le plus symptomatique en cas d'atteinte bilatérale) qui a été étudié. Pour le groupe contrôle, c'était le membre inférieur dominant.
Recueil des données
L'activité EMG a été relevée pour le MF et le GF, grâce à des électrodes adhésives espacées de 22 mm. Le placement des électrodes et les procédures de préparation de la peau étaient en accord avec les recommandations du groupe SENIAM (Surface ElectroMyoGraphy for the Non-Invasive Assessment of Muscles) [5].
Le placement pour l'électrode du MF était à distance égale sur la ligne reliant la crête iliaque et le grand trochanter. Celle pour le GF était à distance égale entre la vertèbre sacrée et le grand trochanter. Une électrode de masse a été placée sur la portion moyenne de la face antérieure du tibia.
Traitement des données
Pour chaque essai ont été identifiés les épisodes d'attaque du talon et de départ des orteils du sol grâce au plateau de force sur lequel avaient lieu les essais, en utilisant un seuil de 10 N. Trois variables temporelles ont été manuellement identifiées par une inspection visuelle des données EMG : début de l'activité musculaire, fin de l'activité musculaire et temps d'activation de l'activité musculaire. Un muscle était considéré comme actif lorsque l'amplitude de son activité EMG excédait 15% de l'activité pic du muscle, et ce pendant plus de 10% du cycle de foulée.
Analyse statistique
Certaines mesures EMG ont été exclues de l'analyse car jugées comme insatisfaisantes.
Il a été vérifié que les données étaient distribuées selon une loi normale.
Une analyse de la covariance (ANCOVA) multivariée a été réalisée pour comparer les deux groupes (comparaison inter-groupes) en ce qui concerne le début, la fin et le temps d'activation de chaque muscle. L'âge, le poids et la taille ont été inclus en tant que covariables.
Les différences de moyenne standardisées (DMS) (= différence moyenne divisée par écart-type) ont été calculées pour apporter une estimation de l'effet.