Ganymède, le plus beau des mortels,
est le fils de Tros, fondateur de Troie
et de la Nymphe Callirhoé.
Alors qu’il gardait les troupeaux de son père,
Zeus, séduit par sa beauté, se métamorphosa en aigle
et l’enleva pour l’emmener dans l’Olympe.
Devenu l’échanson des dieux,
il leur sert le nectar et l’ambroisie
qui les rendent immortels.
Ganymède fait partie de ces personnages mythologiques
victimes de rapt de la part des dieux.
Perséphone enlevée par Hadès,
Europe enlevée par Zeus,
Borée enlevant Orithye,
la liste est longue et pourrait même être complétée
par des rapts commis par des humains,
le plus célèbre étant celui d'Hélène par le jeune Pâris.
L' histoire de Ganymède nous est parvenue par plusieurs auteurs antiques
(Apollodore, Hygin, Ovide, Pausanias etc)
mais la plus grande part provient de l’Iliade.
Homère nous dit que ce jeune prince était connu de par le monde grâce à
sa beauté qui égalait le divin.
C’est pour cette raison qu’il fut enlevé par Zeus pour devenir l’échanson des dieux.
Pendant l’époque hellénistique, ce mythe attire les poètes,
c’est à Rome qu’il occupera une place importante.
Virgile parle de Ganymède dans l’Eneide,
Horace dans ses Odes ou encore Properce dans ses Elégies
mais surtout Ovide dans ses métamorphoses :
"Le souverain des dieux jadis brûla d'amour pour le phrygien Ganymède ;
(...) [Jupiter] ne jugea digne de revêtir la forme que de l'oiseau
qui pouvait porter sa foudre.
Aussitôt, battant l'air de ses ailes d'emprunt, il enlève le petit-fils d'Ilus
lequel, aujourd'hui encore, mélange le breuvage dans la coupe et,
malgré Junon, présente le nectar à Jupiter. »
Métamorphoses, X, 155-161, traduction de Georges Lafaye,
Les Belles Lettres, 1928/2002.
Les arts également ont immortalisé cet enlèvement
Bien entendu ce mythe déchaîna les passions et les interprétations.
Ganymède a souvent été considéré comme le dieu de l’amour homosexuel.
Alors que la représentation des pratiques pédérastiques de Ganymède
et Zeus étaient préférées pendant l’Antiquité, à l’époque moderne,
c’est le thème du rapt qui passionne les artistes.
Mais la composition de Rembrandt est particulièrement intéressante.
Il nous présente un Ganymède bébé, en pleurs,
montrant ainsi l’absence de consentement du jeune Ganymède.
Son corps dénudé, évoque les futures relations sexuelles
qu’il entretiendra avec son ravisseur…
L’œuvre représente Ganymède à côté de Zeus sous sa forme d’aigle.
Comme Paris, fils de Priam, roi de Troie, il porte le bonnet phrygien
et le bâton des bergers, mais il est reconnaissable par la coupe plate
qu’il tient à la main. Celle-ci lui permet de puiser le nectar dans le cratère
et de le verser aux dieux.
Sa chlamyde, rejetée en arrière permet d’admirer la beauté de son corps.
Ganymède et l’Aigle Zeus se regardent amoureusement.
Ganymède, nonchalamment appuyé contre le tronc d’un arbre,
de sa main libre caresse la tête de son amant.
La statue de marbre blanc, copie d’une sculpture hellénistique,
fut trouvée lors des fouilles de la via Labicana.
Bernard Bouisset
Lundi 9 Octobre 2017
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