extrait de : http://www.lesinrocks.com/2017/02/news/pretentieux-philippe-poutou-revient-invitation-a-onpc/
La séquence a pris sa place dans l’anthologie de la condescendance à la télévision. Samedi dernier, Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle [...] était l’invité politique d’On n’est pas couché (ONPC), l’émission de Laurent Ruquier sur France 2. Mais au moment où Vanessa Burggraf tente de poser une question sur sa mesure phare, l’interdiction des licenciements, elle bute et part dans un fou rire encouragé par Laurent Ruquier, et prolongé par les invités Doria Tillier, Nicolas Bedos ou Michel Cymes. Cette hilarité déplacée a été très commentée sur les réseaux sociaux, qui l’ont globalement désapprouvée.
Commentaire " u zinu"
Mieux que moi d'autres téléspectateurs ont décrit la soirée et dénoncé la turpitude du maître de céans et de ses deux préposés aux basses oeuvres. Je leur laisse donc la parole (et l'écrit) :
Pitié pour Poutou
Je n'ai pas l'intention de voter Philippe Poutou, le candidat du NPA, au premier tour ni au second. Et je pense d'ailleurs qu'il sait très bien qu'il n'y sera pas. Mais je trouve que les médias, les éditorialistes dans la ligne et les journalistes le traitent avec un mépris à peine dissimulé en disant long sur le « progressisme » concret de ces gens et leur véritable ouverture à l'autre. Cela me conforte dans la conviction de l'existence d'une coupure abyssale entre les nantis du système et les petites gens. Et je ne pense pas seulement à Vanessa Burggraf et Yann Moix se retentant à peine de rire grossièrement face au candidat d'extrême gauche lors de la dernière livraison de l'émission de « On n'est pas couché ».
On a vu pleinement leur manque totale de correction élémentaire. Mais pourquoi auraient-ils été corrects alors que Poutou ne sera jamais de leurs maîtres, de ceux qui distribuent les -bonnes- places, qui maintiendront ou non leurs « ronds de serviette » et le salaire -confortable- allant avec. Ils ne sont pas fous, ils ne se permettraient jamais un tel comportement avec Bolloré ou Pinault, Arnault, Charles Beigbeider, Dassault voire Pierre Bergé. Ils ne se le permettraient pas non plus avec un politique des partis dits « républicains », ceux qui se partagent le pouvoir en alternance depuis une cinquantaine d'années selon une mécanique bien huilée.
Du moins jusque là...
Quoi ? Ils n'allaient pas bouder leur plaisir ainsi que la totalité des journalistes interviewant Philippe Poutou. Ils ont en face d'eux un de ces « métallo », un ouvrier qui travaille à la chaîne chez Ford, un de ces « prolos » dont ils parlent tant dans les salons, parfois avec des sanglots hypocrites dans la voix. Il peut même arriver que cela ait donné lieu à des débats enflammés lors des rassemblements de « Nuit debout ». Mais enfin bon, ils ne s'abaisseraient pas à en fréquenter un dans la vraie vie même s'ils leur arrivent d'en croiser, même si les jeunes filles de bonne famille aiment bien s'encanailler avec avant de se trouver un bon reproducteur gagnant bien sa vie.
C'est pour eux, pour elles, un genre de huron de Voltaire, on songe aussi au personnage de Charles Berling dans « Ridicule ». Si ça se trouve il ne va même pas à la FIAC chaque année ! Si ça se trouve il se fiche complètement de l'audace ou non de la programmation au théâtre de l'Odéon ! On n'est même pas certain qu'il se soucie de commerce équitable ou de développement durable le bougre, ces concepts « gadgets » inventés par les bourgeois de gauche sociétale pour se donner bonne conscience.
Il est de ces « petites » gens qui est moins intéressant que les autres car il n'appartient pas à une « communauté » exotique, n'est pas un de ces « bons sauvages » tellement utiles pour se fabriquer un alibi social. Il n'a pas de coutumes bizarres et étranges, il n'est pas issu de la diversité selon le terme hypocrite. Il n'a aucune revendication communautariste sur des pratiques ou des coutumes obscurantistes. Il en remontrerait même aux bourgeois pédagogues que l'on soit d'accord ou non avec lui quant à son sens du progrès, de la laïcité ou du souci du Bien Commun, notion qu'ils ont abandonné depuis longtemps.
La seule chose les intéressant, les passionnant, c'est la défense de leurs propres intérêts et de combler l'Ennui profond, au sens baudelairien du terme, qui leur sert d'idée de la liberté...
Philippe Poutou lui constate « de visu » les ravages de la mondialisation réputée heureuse sur les vies de ces copains de chaîne. Il voit ce que ça donne des politiques sociales-libérales ou libérales-libertaires ou libérales-conservatrices ce qui revient à chaque fois au même à l'exception de quelques détails cosmétiques superficiels. Il ne peut que percevoir les conséquences des « sacrifices » que les nantis n'hésitent jamais à demander aux plus précaires mais dont curieusement ils s'exemptent toujours, à commencer par la destruction méthodique des services publics de l'État depuis déjà des décennies par « souci » d'économie et de rentabilité des institutions.
Lui en tire des conclusions et un vote qui ne sont pas les miens. Mais je me sens plus proche de lui que tous les autres candidats...
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J’ai été comme l’auteur particulièrement choqué par les gloussements hystériques de Vanessa Burggraf, incapable pendant de longues minutes de formuler une question simple à Mr Poutou pourtant invité sur le plateau pour donner une vision de la société d’un œil un peu différent de la doxa officielle représentée dans les médias.
Ajoutons le sourire complice et un peu niais de Yann Moix et les trépidations clownesques de Ruquier.
En l’occurrence, en gardant son calme et en adoptant une attitude souriante malgré l’insultante parodie à laquelle il devait participer, c’est finalement lui qui est sorti grandi de cette affaire.
Il faut dire que Madame Burgraff est coutumière de ce genre de palinodies agressives où elle martèle ce qu’elle veut faire passer pour des évidences et qui ne sont que la feuille de route qu’elle est contrainte de respecter pour respecter la pensée dominante dont elle n’est qu’une médiocre porte-parole.
Déjà il y a quelques mois, elle s’était fait remettre à sa place par Jean Luc Mélenchon dont elle moquait le programme en répercutant tous les poncifs dont l’affligeaient ces fameux experts qui, avec la morgue de ceux qui n’arrêtent pas de se tromper et à qui nous devons la crise systémique qui nous accable depuis des décennies, n’arrêtent pourtant pas de condamner du haut de leur médiocrité militante tout ce qui remet en cause la doxa dominante.
S’il y a bien un problème dans l’univers médiatique, c’est que l’audience de ces jean-foutre est directement proportionnelle à la croissance de l’’étalage de leurs erreurs d’analyse. Plus ils se trompent et mieux on les considère.
Au fond la question que veulent imposer tous ces chiens de garde, c’est celle qui consiste à refuser toute légitimité à se présenter à la Présidentielle à ces petits candidats dont le système entrave de toute façon l’élection.
Folleville, amusons-nous entre nous et les lingots continueront d’être bien gardés...