Combattantes kurdes qui affrontent Daech en Syrie. Ce sont elles, avec leurs frères d'armes kurdes, qui ont libéré Kobanê de Daech, malgré le sabotage de la Turquie qui a tout fait pour que daech anéantisse les kurdes de cette ville (PH/DR)
Kommersant avait annoncé le 20 octobre l’intention des délégués des autonomistes kurdes d’ouvrir une représentation en Russie. Ce à quoi le ministère russe des affaires étrangères avait répondu qu’il ne saurait être question d’une mission diplomatique à part entière.
Finalement, les parties ont trouvé un compromis : juridiquement, la représentation qui doit ouvrir le 10 février aura le statut d’organisation civile, enregistrée au ministère russe de la justice. « Le Kurdistan syrien ne peut pas ouvrir d’ambassade en Russie, parce qu’il s’agit d’un territoire autonome au sein de la Syrie, et non d’un État, a précisé à Kommersant une source proche du dossier au sein de la partie kurde. Pour autant, une représentation qui promeut ses intérêts sur le territoire d’un pays étranger remplit, dans les faits, les fonctions d’une ambassade. »
La Russie sera ainsi le deuxième pays du monde à accueillir un bureau des autonomistes kurdes du Nord syrien. Jusque là, on ne trouvait d’établissement analogue qu’en Irak, et encore, situé sur le territoire du Kurdistan irakien. En perspective, pour la suite : la France et l’Allemagne.
« La première étape était d’ouvrir une représentation précisément en Russie car nous y travaillons depuis longtemps, a expliqué à Kommersant Farhat Patiev, président du Conseil de l’autonomie nationale et culturelle fédérale des Kurdes en Russie. L’important, c’est que les deux parties se comprennent mutuellement, et qu’elles aient des tâches communes, dont la réalisation exige des efforts combinés. »
Les représentants du parti Union démocratique, force politique clé dans le Kurdistan syrien qui s’est chargée d’organiser la défense contre l’État islamique, ont effectué une visite à Moscou fin novembre 2015. La délégation a participé à des négociations avec l’adjoint du ministre russe des affaires étrangères, mais également pris part à une conférence consacrée à la formation d’une coalition internationale de lutte contre l’EI.
Des représentants des Kurdes turcs ont également participé aux débats sur la mise en place d’une telle coalition. Les uns et les autres sont considérés comme des terroristes par Ankara, qui estime que l’Union démocratique est une aile du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rangé par la Turquie au nombre des organisations terroristes.
L’affaire du bombardier Su-24 russe abattu fin novembre par l’armée turque n’a fait que renforcer les liens entre la Fédération de Russie et les Kurdes : à la fin de l’année dernière, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a chaleureusement accueilli le leader de l’opposition turque pro-kurde Selahattin Demirtas.
En visite à Moscou, ce dernier a critiqué la décision du pouvoir turc d’abattre l’avion militaire russe et appelé la Russie à collaborer de façon plus étroite avec les Kurdes de Syrie.
La visite de M. Demirtas à Moscou, effectuée sans l’aval d’Ankara, avait provoqué une réaction violente du pouvoir turc, qui considère toute prise de contact entre les Kurdes et la Fédération de Russie comme un coup porté à ses intérêts.
Finalement, les parties ont trouvé un compromis : juridiquement, la représentation qui doit ouvrir le 10 février aura le statut d’organisation civile, enregistrée au ministère russe de la justice. « Le Kurdistan syrien ne peut pas ouvrir d’ambassade en Russie, parce qu’il s’agit d’un territoire autonome au sein de la Syrie, et non d’un État, a précisé à Kommersant une source proche du dossier au sein de la partie kurde. Pour autant, une représentation qui promeut ses intérêts sur le territoire d’un pays étranger remplit, dans les faits, les fonctions d’une ambassade. »
La Russie sera ainsi le deuxième pays du monde à accueillir un bureau des autonomistes kurdes du Nord syrien. Jusque là, on ne trouvait d’établissement analogue qu’en Irak, et encore, situé sur le territoire du Kurdistan irakien. En perspective, pour la suite : la France et l’Allemagne.
« La première étape était d’ouvrir une représentation précisément en Russie car nous y travaillons depuis longtemps, a expliqué à Kommersant Farhat Patiev, président du Conseil de l’autonomie nationale et culturelle fédérale des Kurdes en Russie. L’important, c’est que les deux parties se comprennent mutuellement, et qu’elles aient des tâches communes, dont la réalisation exige des efforts combinés. »
Les représentants du parti Union démocratique, force politique clé dans le Kurdistan syrien qui s’est chargée d’organiser la défense contre l’État islamique, ont effectué une visite à Moscou fin novembre 2015. La délégation a participé à des négociations avec l’adjoint du ministre russe des affaires étrangères, mais également pris part à une conférence consacrée à la formation d’une coalition internationale de lutte contre l’EI.
Des représentants des Kurdes turcs ont également participé aux débats sur la mise en place d’une telle coalition. Les uns et les autres sont considérés comme des terroristes par Ankara, qui estime que l’Union démocratique est une aile du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rangé par la Turquie au nombre des organisations terroristes.
L’affaire du bombardier Su-24 russe abattu fin novembre par l’armée turque n’a fait que renforcer les liens entre la Fédération de Russie et les Kurdes : à la fin de l’année dernière, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a chaleureusement accueilli le leader de l’opposition turque pro-kurde Selahattin Demirtas.
En visite à Moscou, ce dernier a critiqué la décision du pouvoir turc d’abattre l’avion militaire russe et appelé la Russie à collaborer de façon plus étroite avec les Kurdes de Syrie.
La visite de M. Demirtas à Moscou, effectuée sans l’aval d’Ankara, avait provoqué une réaction violente du pouvoir turc, qui considère toute prise de contact entre les Kurdes et la Fédération de Russie comme un coup porté à ses intérêts.
À propos de l’ouverture possible d’une représentation du Kurdistan syrien en Russie, les sources diplomatiques de Kommersant à Ankara ont promis de « réagir fermement » à tout rapprochement entre Moscou et les Kurdes. Et dans le contexte actuel, alors que les divergences russo-turques ont atteint un pic, l’ouverture de cette représentation pourrait constituer un nouveau facteur de discorde important entre les deux pays.
Moscou continue néanmoins de renforcer ses liens avec les Kurdes de Syrie, tentant d’obtenir qu’ils soient autorisés à participer aux consultations qui ont débuté fin janvier à Genève sur la résolution du conflit en Syrie, contre l’avis de la Turquie.
L’invitation des Kurdes aux consultations à Genève avait, rappelons-le, été reportée de neuf jours supplémentaires le 2 février dernier « à cause de sérieuses divergences sur cette question entre les différents pays participants ».
Après avoir déclaré que la Russie considérait les Kurdes comme une « partie importante de l’opposition » syrienne, l’adjoint au ministre russe des affaires étrangères, Guennadiï Gatilov, a assuré que la Russie consacrerait tous ses efforts à les impliquer dans les négociations inter-syriennes à Genève.
Les négociations de Genève sur la résolution du conflit syrien ont commencé le 29 janvier sous l’égide de l’ONU. La composition des participants a été déterminée au cours de consultations multilatérales impliquant la Russie, les États-Unis et d’autres pays.
Sur requête de la Turquie, les détachements des milices kurdes n’y sont pas représentés. Moscou a déclaré à plusieurs reprises que, sans la participation des représentants des Kurdes, les négociations en Suisse ne seraient pas représentatives. Les détachements armés kurdes participent activement à l’opération terrestre engagée contre le groupe État islamique, inscrit à la liste des organisations terroristes en Russie.
Le Kurdistan syrien se trouve dans le nord et le nord-est de la Syrie. Depuis 2012, la majorité du Kurdistan syrien est contrôlé par des milices kurdes. En novembre 2013, des représentants kurdes, arabes, assyriens et d’autres minorités plus petites ont déclaré un gouvernement de facto dans la région. Deux millions de Kurdes vivent sur ce territoire. Si l’Armée syrienne libre a de bonnes relations avec les Kurdes, ce n’est pas le cas des groupes islamistes. Depuis 2013, les Kurdes défendent leur territoire contre les groupes issus d’Al-Qaïda : le Front al-Nosra, branche officielle, et l’État islamique. En automne 2014, la résistance kurde fait de Kobané une bataille d’usure et un symbole majeur dans la lutte contre l’EI. En janvier 2015, les djihadistes sont repoussés de la ville en ruines, la bataille continuant dans la région alentour.
Source Le courrier de Russie
SIWEL 071717 FEV 16
Moscou continue néanmoins de renforcer ses liens avec les Kurdes de Syrie, tentant d’obtenir qu’ils soient autorisés à participer aux consultations qui ont débuté fin janvier à Genève sur la résolution du conflit en Syrie, contre l’avis de la Turquie.
L’invitation des Kurdes aux consultations à Genève avait, rappelons-le, été reportée de neuf jours supplémentaires le 2 février dernier « à cause de sérieuses divergences sur cette question entre les différents pays participants ».
Après avoir déclaré que la Russie considérait les Kurdes comme une « partie importante de l’opposition » syrienne, l’adjoint au ministre russe des affaires étrangères, Guennadiï Gatilov, a assuré que la Russie consacrerait tous ses efforts à les impliquer dans les négociations inter-syriennes à Genève.
Les négociations de Genève sur la résolution du conflit syrien ont commencé le 29 janvier sous l’égide de l’ONU. La composition des participants a été déterminée au cours de consultations multilatérales impliquant la Russie, les États-Unis et d’autres pays.
Sur requête de la Turquie, les détachements des milices kurdes n’y sont pas représentés. Moscou a déclaré à plusieurs reprises que, sans la participation des représentants des Kurdes, les négociations en Suisse ne seraient pas représentatives. Les détachements armés kurdes participent activement à l’opération terrestre engagée contre le groupe État islamique, inscrit à la liste des organisations terroristes en Russie.
Le Kurdistan syrien se trouve dans le nord et le nord-est de la Syrie. Depuis 2012, la majorité du Kurdistan syrien est contrôlé par des milices kurdes. En novembre 2013, des représentants kurdes, arabes, assyriens et d’autres minorités plus petites ont déclaré un gouvernement de facto dans la région. Deux millions de Kurdes vivent sur ce territoire. Si l’Armée syrienne libre a de bonnes relations avec les Kurdes, ce n’est pas le cas des groupes islamistes. Depuis 2013, les Kurdes défendent leur territoire contre les groupes issus d’Al-Qaïda : le Front al-Nosra, branche officielle, et l’État islamique. En automne 2014, la résistance kurde fait de Kobané une bataille d’usure et un symbole majeur dans la lutte contre l’EI. En janvier 2015, les djihadistes sont repoussés de la ville en ruines, la bataille continuant dans la région alentour.
Source Le courrier de Russie
SIWEL 071717 FEV 16