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Lettre ouverte de Ferhat Mehenni au Directeur d'El-Watan Omar Belhouchet

30/01/2012 - 15:37


Ferhat Mehenni © Marlene Dittrich-Lux
Ferhat Mehenni © Marlene Dittrich-Lux
Monsieur le Directeur

Je devais réagir plus tôt au message qui vous engage en tant que Directeur d'El-Watan, reçu de la "Nationale" de votre quotidien. La décence et la douleur devant la mort du génie de la musique kabyle, Cherif Kheddam, m'en ont empêché.

Si ce message m'a été envoyé à votre insu, cette lettre se trompe de destinataire même si, formellement, il engage votre responsabilité.

Dans tous les cas, je prends acte de votre refus d’insérer mon légitime droit de réponse, suite à un article me diffamant, publié à la « une » de votre quotidien le 17/01/2012. Le motif invoqué à cette fin de non-recevoir est la longueur du texte. Ce n’est là qu’un prétexte ! Pour ceux qui ont pris la décision de cet acte, l’essentiel est de gagner du temps pour que la communication soit à sens unique. Vous le savez autant que moi, l’information est une arme de guerre aux conséquences incommensurables. Toutefois, en s’attaquant avec autant de hargne à la crédibilité d’autrui, on risque d'y laisser la sienne.

En effet, l’image est scandaleuse ! M. Omar Belhouchet, brillant récipiendaire de la Plume d’Or, se met à couvrir l’insulte contre un démocrate !

Je suis au courant du permanent harcèlement judiciaire auquel les autorités militaires vous soumettent depuis longtemps, et particulièrement ces derniers temps. Est-il pour autant déontologique de se servir de la diffamation contre le Président du Gouvernement Provisoire Kabyle comme monnaie d’échange avec le pouvoir criminel algérien ? En contrepartie de l’extinction de certaines poursuites judiciaires, par ailleurs tout à fait révoltantes, par lesquelles le DRS vous tient en chantage, seriez-vous vraiment obligé d’en venir jusqu’au déni d’un droit de réponse ? Vous muselez un homme pour le faire trainer dans la boue !

Pour conforter votre position, quitte à ce que ma réputation en pâtisse, je vous assure que je ne retrancherai pas un mot du texte que vous avez refusé de publier. Que le DRS s’en réjouisse.
Par ailleurs, dans le message que vous m’avez transmis et dans la vaine recherche de prétextes à l'intenable posture d'El Watan, était-il besoin de me menacer et de m’agresser en écrivant : « Nous nous réservons quant à nous, le droit et le devoir de ne pas livrer nos journalistes à des attaques dans le genre de celles avec lesquelles vous l’avez ciblée. » ?

Tout le monde aura constaté que dans cette affaire vous inversez les statuts de la victime et du bourreau. Je suis trop responsable pour m’autoriser, dans ma réponse le moindre écart contre votre journaliste.
Je comprends qu'au nom de certaines convictions, un "malentendu" en appelle un autre au lieu de se questionner et de débattre sur le terme idoine devant qualifier l'incompréhension ayant existé entre la Kabylie et la France depuis 1857. Mais comment se fait-il que votre journaliste ou votre rédaction soient si heurtés par un mot de ma part et restés de marbre devant l’appel au meurtre lancé contre moi sur « Youtube », par un mufti, et ex terroriste islamiste, à partir d'Alger ?

Le courage de la liberté d’expression a de tout temps été autre chose que l’obtempération à la dictature. Et pour ce qui me concerne, je refuse de censurer votre réponse et la publie ci-dessous.

Salutations

Paris le 30/01/2012

Réponse d’El Watan à la mise au point censurée de Ferhat Mehenni du 21/01/2012

Monsieur,

Nous avons été destinataires, le 21 janvier 2012, d’un droit de réponse que vous avez demandé à voir inséré dans nos colonnes.

Pour pouvoir accéder a votre souhait de voir le texte publié « à la même page et dans les mêmes conditions » que celles dont a bénéficié l’article auquel vous répondez, nous vous demandons de réduire la longueur de la mouture que vous nous avez envoyée, de sorte à l’adapter à la longueur de l’article que vous mettez en cause.
Nous ne faisons ici que vous préciser une disposition, à la fois technique et réglementaire, liée aux conditions de l’insertion du droit de réponse.

Nous vous demandons enfin de ne pas vous en prendre personnellement à la journaliste auteure de l’article. Notre collègue n’a fait que son travail et vous êtes libre, bien entendu, de contester le contenu de son article.

Nous nous réservons quant à nous, le droit et le devoir de ne pas livrer nos journalistes à des attaques dans le genre de celles avec lesquelles vous l’avez ciblée.

Salutations…




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