Rome : capitale incotournable
Paolo, notre guide improvisé rencontré la nuit passée par-delà le Tibre, n’avait rien exagéré en sifflant cul sec sa troisième grappa au comptoir du bien nommé Baccanale, un petit bar du Trastevere, c’est la nuit, alors que la horde de touristes – repus par toutes les nourritures terrestres et célestes que Rome leur a offertes tout au long de la journée – est absorbée par les innombrables hôtels de la capitale italienne, que la louve se laisse le mieux approcher.
Le Colisée, sous les arches duquel s’endorment parfois des centurions épuisés par l’incessant crépitement des flashs avides de photos souvenirs, revêt alors, comme tout bon Italien qui se respecte, ses habits de lumière. Le temps semble se suspendre au-dessus du Forum romain pour mieux laisser César, sur son piédestal, discuter avec l’obscurité et refaire l’Histoire avec Trajan (éternellement accroché à sa colonne), Auguste ou Hadrien.
Un vent glacial venu du nord traverse la place Saint-Pierre et ajoute une certaine raideur à sa posture hautaine. Le château Saint-Ange – conçu à l’origine pour être un mausolée, devenu au vie siècle forteresse du pape, puis prison au Moyen Âge et palais à la Renaissance (avant d’être transformé en merveilleux musée) – contemple, avec ce regard que se portent immanquablement les amants dans cette ville faite pour les amoureux, la villa Médicis, perchée sur les hauteurs, inaccessible.
Le Colisée, sous les arches duquel s’endorment parfois des centurions épuisés par l’incessant crépitement des flashs avides de photos souvenirs, revêt alors, comme tout bon Italien qui se respecte, ses habits de lumière. Le temps semble se suspendre au-dessus du Forum romain pour mieux laisser César, sur son piédestal, discuter avec l’obscurité et refaire l’Histoire avec Trajan (éternellement accroché à sa colonne), Auguste ou Hadrien.
Un vent glacial venu du nord traverse la place Saint-Pierre et ajoute une certaine raideur à sa posture hautaine. Le château Saint-Ange – conçu à l’origine pour être un mausolée, devenu au vie siècle forteresse du pape, puis prison au Moyen Âge et palais à la Renaissance (avant d’être transformé en merveilleux musée) – contemple, avec ce regard que se portent immanquablement les amants dans cette ville faite pour les amoureux, la villa Médicis, perchée sur les hauteurs, inaccessible.
Tous les loups sont gris
À mesure que l’on avance, les statues se figent et les colonnes se redressent, avant de reprendre, en s’étant assurées que nous étions bien partis, leurs chuchotements. À partir d’une certaine heure, il est très difficile d’extraire de cet immense spectacle à ciel ouvert ce qui ne relève ni du mirage, ni du miracle. Il faut dire que tout se mélange, mythe, Histoire, art et religion aiment à se jouer du désorienté promeneur.
La route des Rome
Que l’on ne s’y trompe pas, le jour ne nous éclairera guère davantage sur la réelle nature de Rome. De toute façon, l’orgueil latin se trompe, aucun chemin ne mène à Rome, ou, plus exactement, tout chemin mène à une Rome différente. Que l’on aille découvrir les milliers de chefs-d’oeuvre conservés au Vatican (sans doute l’un des plus grands musées du monde) ou les vestiges de la gloire antique ; que l’on arpente les jardins ou que l’on se repose à l’ombre de quelque palais ; que l’on erre sans but (la meilleure façon de saisir la Rome actuelle)... le visage qui nous sera offert sera totalement différent.
D’un côté, on se rendra compte, devant l’indicible splendeur de la basilique Saint-Pierre, face à la beauté froide et idéale de l'Apollon du Belvédère, sous les plafonds bénis de la chapelle Sixtine ou à l’ombre du Panthéon, que nulle part comme à Rome hommes et dieux furent si proches. Et si d’aventure on venait à l’oublier, la célèbre fresque de Michel-Ange, avec ces deux doigts qui se frôlent sans jamais se toucher, est là pour nous le rappeler.
De l’autre, on goûtera (à la villa d’Este ou sur la colline du Janicule) à l’otium latin que notre époque, convulsive et pressée, nous a fait oublier, et on célébrera, devant fontaines et allées verdoyantes, la nature et le temps qui passe.
Enfin, en choisissant la troisième voie (et en essayant de ne pas se faire écraser par une Vespa fatiguée ou une Fiat en colère), on se prendra à aimer éperdument cette ville aux ruelles étroites, aux murs tagués quand ils ne sont pas délabrés, aux boulevards sales parfois, bruyants souvent, à la vitalité brouillonne, quelque part entre langueur et précipitation, mais aux surprises incessantes, à l’art de vivre inégalable et à la créativité débordante, à peu près sûr de n'être pas vraiment sur Terre, mais pas certain d'être encore au ciel – heureusement.
D’un côté, on se rendra compte, devant l’indicible splendeur de la basilique Saint-Pierre, face à la beauté froide et idéale de l'Apollon du Belvédère, sous les plafonds bénis de la chapelle Sixtine ou à l’ombre du Panthéon, que nulle part comme à Rome hommes et dieux furent si proches. Et si d’aventure on venait à l’oublier, la célèbre fresque de Michel-Ange, avec ces deux doigts qui se frôlent sans jamais se toucher, est là pour nous le rappeler.
De l’autre, on goûtera (à la villa d’Este ou sur la colline du Janicule) à l’otium latin que notre époque, convulsive et pressée, nous a fait oublier, et on célébrera, devant fontaines et allées verdoyantes, la nature et le temps qui passe.
Enfin, en choisissant la troisième voie (et en essayant de ne pas se faire écraser par une Vespa fatiguée ou une Fiat en colère), on se prendra à aimer éperdument cette ville aux ruelles étroites, aux murs tagués quand ils ne sont pas délabrés, aux boulevards sales parfois, bruyants souvent, à la vitalité brouillonne, quelque part entre langueur et précipitation, mais aux surprises incessantes, à l’art de vivre inégalable et à la créativité débordante, à peu près sûr de n'être pas vraiment sur Terre, mais pas certain d'être encore au ciel – heureusement.
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