les vertus cachées des épices

Les épices sont utilisées dans tous les pays du monde. Dans le monde antique, les épices étaient le plus précieux des biens. Elles avaient même parfois la fonction de monnaie. Des esclaves étaient échangés contre les épices les plus rares. Le personnage biblique Joseph a par exemple, été vendu par ses frères à des marchands d’épices. Déjà vers 2 000 ans avant J-C, les épices, dont principalement la cannelle et le poivre, étaient commercialisées dans tout le Moyen-Orient. Les archéologues ont découvert le clou de girofle dans les restes d’une cuisine incendiée, en Mésopotamie vers 1 700 avant J-C. Pline l’Ancien décrit le girofle dans ses écrits, preuve que les Romains du 1er siècle après J-C l’utilisaient. Le commerce des épices devient prospère et les marchands vont en Chine, en Inde, au Moyen-Orient et en Afrique de l’Est pour découvrir et vendre cet or aux milles saveurs. C’est Alexandrie en Égypte qui deviendra la plaque tournante des épices grâce à sa position géographique stratégique et son port prestigieux pour l’époque. Venise prendra la suite en exerçant un monopole sur le commerce de l’épice avec le Moyen-Orient.
La quête des épices a permis aux grands navigateurs de découvrir de nouvelles routes commerciales ainsi que des nouveaux pays. L’Inde a été découverte par Vasco de Gama dans le but de trouver de nouvelles régions productrices d’épices. Christophe Colomb, après sa découverte du nouveau monde, rapporta des épices en Espagne et au Portugal. Afonso de Albuquerque ouvre les voies maritimes arabes pour le Portugal. En prenant la Mer Rouge, le Golfe Persique, Albuquerque reprend le monopole des épices tant convoitées pour concurrencer Venise. Au XVIIIe, Pierre Poivre, dont le nom était un signe du destin bien que le mot « poivre » existait déjà, implante sur les îles Bourbon (aujourd’hui l’île de la Réunion) et l’île de France (l’île Maurice) des plants de canneliers, girofliers et muscadier. La production de ses épices devient alors plus abondante. En faisant de l’Inde une colonie, l’Angleterre récupère l’exclusivité du commerce de l’épice.

Aujourd’hui, l’Inde reste le plus gros producteur d’épices avec 1 600 000 tonnes produites en 2003-2004, soit 86% du marché, suivi par la Chine avec 66 000 tonnes. Si les épices se sont aujourd’hui largement démocratisées, certaines restent assez chères, preuve de leur rareté et de leur succès. Les épices peuvent être classées en 2 groupes : les fruits/graines et les racines/bulbes. La liste des épices va des plantes souterraines comme l’ail, l’oignon et le gingembre aux plantes aériennes (basilic, persil, cannelle, aneth) en passant par les fruits (citron, vanille, paprika) et les graines (anis, poivre, sésame). La liste des épices est donc bien longue et ne se résume pas comme on le croit souvent au curry, à la coriandre, au curcuma, etc. Bulbes, racines, écorces, tiges, feuilles, fleurs et baies font partie de la grande famille des épices.
Les épices sont d’origine végétale à l’exception du sel, d’origine minérale. Elles permettent d’assaisonner nos plats, de leur donner une touche personnalisée et de les rendre uniques. Les épices ont cette qualité de relever le goût d’un plat mais aussi d’amener un apport thérapeutique voire médicale. Ces vertus peuvent être antispasmodique, digestives, stimulantes, bactéricides, antiseptiques, et encore bien d’autres. Les épices font office d’ « alicaments », mot valise créé par l’industrie agro-alimentaire pour désigner les aliments-médicaments. L’ail, par exemple, en plus de contenir des vitamines A, B1, B2 et C et d’être un anticoagulant, facilite la respiration chez les asthmatiques et permet aux bactéries bénéfiques de se développer dans l’intestin. De même, le piment a une action antiparasitaire, anti-infectieuse, cicatrisante, astringente et anti diarrhéique, autant d’atouts qui devraient nous convaincre d’en manger plus souvent.

A chaque maladie son épice-médicament. Les épices ont des vertus très variées.
En cas de problème de digestion, l’anis étoilé est un antispasmodique reconnu. Originaire du sud de la Chine et du nord du Vietnam, l’anis peut être utilisé entier, moulu, pilé… Son goût est proche de la réglisse. Il peut relever vos soupes comme vos gâteaux.
La cannelle est le produit parfait pour parfumer vos desserts. Son huile stimule le corps et son goût suave permet de remplacer le sucre. Elle serait aussi un bon traitement pour le diabète car elle réduit le taux de glycémie chez les diabétiques.
La cardamome est utilisée en Asie du Sud contre les infections des dents et des gencives. Elle peut aussi calmer les douleurs d’estomac ou la congestion des poumons. Son goût citronné rafraîchit l’haleine. Vous pouvez l’utiliser pour aromatiser votre café.
Le safran est un bon antidépresseur. Il serait selon des études indiennes aussi efficaces que le Prozac. Malheureusement son prix est très élevé : il faut 66 000 fleurs pour 1 kilo de safran. Difficile d'en mettre dans tous nos plats dès qu’on a un coup de blues !
Le gingembre était déjà prescrit l’an 1 000 avant notre ère contre les problèmes d’asthme ou encore les hémorroïdes. Il est très efficace contre la nausée, la migraine et il fait baisser le taux de cholestérol.
Le poivre est utilisé aux États-Unis dans des crèmes pour soulager l’arthrite rhumatoïde et l‘arthrose.
Enfin, le curcuma est consommé contre les maladies de peaux en Inde et contre la gale dans l’île Maurice. Le curcuma permet aussi de stimuler les cellules du système immunitaire, en prévention de la maladie d’Alzheimer. Ses vertus sont décuplées si l’on rajoute à sa composition du poivre noir.
En définitive, les épices sont le produit miracle de la nature et devraient entrer dans la composition de nos plats quotidiens. Chaque épice est bénéfique pour l’homme et agit directement sur son corps et sa santé. Épices, c’est tout !