bouquet de fleurs, messager des dieux et du coeur

Les bouquets de fleurs ont une histoire très ancienne, et déjà au temps de la Grèce Antique, les conteurs leur accordaient une place de choix dans leurs récits. Souvent associées aux Dieux, les bouquets et les fleurs devaient leurs existences et leurs beautés à l’intervention d’une déesse ou d’un dieu.
Dans la mythologie grecque, la rose est créée à Chloris. Elle aurait créé les roses sur le corps sans vie d’une nymphe. Plusieurs divinités séduites par ces bouquets de fleurs odorantes et délicates lui auraient alors accordé d’autres qualités: la beauté (Aphrodite, déesse de l’Amour), le parfum (Dionysos, Dieu du Vin) ou encore sa place de reine des fleurs (Apollon, Dieu de la Beauté).
Environ 400 ans avant. J.-C., les Grecs confectionnaient des bouquets de violettes pour célébrer Dionysos. Les violettes sont la création de Zeus, qui les imagina pour que sa maitresse Io, transformée en génisse par son épouse, puisse s’alimenter. Il est également dit que Joséphine de Beauharnais aurait offert à Napoléon un bouquet de violettes lors de leur première rencontre.
La jacinthe est une fleur née de la mort d'un jeune garçon. Hyacinthe était le fidèle ami d'Apollon. Lors d’un partie de jeu de palets, Apollon lança le sien trop loin, et Hyacinthe en tentant de le rattraper fut touché en plein front et mourut sur le champ. Inconsolable, Apollon créa une fleur à partir du sang de son ami défunt pour qu’il ne soit jamais oublié.

Offerts à de multiples occasions, les bouquets de fleurs sont toujours appréciés pour le mélange de leurs couleurs et leurs senteurs. Aujourd’hui, le langage des bouquets de fleurs est un peu tombé en désuétude mais jusqu’au 19^ème siècle, les bouquets étaient également un moyen romantique de faire passer un message.
Pratique importée de l’Empire Ottoman au 16^ème siècle, l’Occident ne commence à vraiment utiliser le langage des fleurs qu’au 19^ème siècle, et plus particulièrement en Allemagne. L’usage du langage du bouquet de fleurs se répand en France au moment de la Belle Epoque.
Le langage de bouquets de fleurs attribue un sens particulier aux fleurs, permettant ainsi de transmettre un message, en particulier dans les affaires de cœur. Un dictionnaire est même édité en 1899 par Gessmann pour aider les tourtereaux à «utiliser ingénieusement ce langage parfumé»:

• la capucine : expression de la douleur et de la souffrance de ne plus voir l’être aimé
• l'œillet rouge:«Tu ne sauras résister à l’amour et au respect que j’éprouve pour toi»
• les roses rouges: Oui
• les roses blanches: Non
• le glaïeul était utilisé au milieu d’un bouquet de fleurs pour fixer un rendez-vous. Pour indiquer l’heure du rendez-vous les glaïeuls se plaçaient au centre du bouquet et leur nombre indiquait l’heure de la rencontre …

Une autre coutume dans le langage des bouquets de fleurs consistait à observer quelle main utilisait l’être aimée pour recevoir son bouquet: s’il c’était la droite, elle acceptait le message transmis par le bouquet de fleurs, si c’était la gauche elle le refusait.

Tradition florale très ancienne, l’art du bouquet de fleurs japonais ou Ikebana est une composition harmonieuse et simple. Ce bouquet de fleurs met aussi bien en valeur les fleurs, la tige , les feuilles comme le pot. L’ikebana peut avoir une forme haute ou au contraire être réalisée dans un plat. Ce bouquet de fleurs si particulier était conçu comme une offrande aux divinités du bouddhisme, et devait représenter dans sa forme l’union du ciel, de l’humanité et de la terre. Chaque essence contenue dans le bouquet de fleurs japonais représente un élément naturel. Ainsi, les branches de pin symbolisaient les falaises alors que les chrysanthèmes représentaient l’eau en mouvement.
Plus tard, au 18^ème siècle, l’art du bouquet floral japonais sera simplifié afin que toutes les classes de la société japonaise puissent en profiter. Jusqu’alors réservé aux hommes, l’art du bouquet Ikebana commencent à être enseigné aux femmes dans les écoles au même titre que les autres arts japonais. C’est également à cette époque qu’il devient indissociable de la cérémonie du thé.
Aujourd’hui, l’art de l’Ikebana s’est répandu dans le monde entier, et des écoles proposent son enseignement dans la plupart des pays et grandes villes. Des expositions de bouquets de fleurs japonais sont régulièrement organisées dans le métro des grandes métropoles japonaises, et en Occident, il existe même des concours d’Ikebana. Les jardins et musées japonais en France, comme celui de Maulévrier ou celui de Nice, proposent de découvrir ces compositions florales harmonieuses aux visiteurs.