Tout aussi obsolète est le testament social-démocrate que les derniers survivants du Parti socialiste de gouvernement ont bradé depuis une décennie, ignorant les leçons du déclin avant de se désintégrer dans le populisme des « insoumis ».
La droite du parti Les Républicains, depuis, a sombré de la même façon.
Les deux blocs populistes émergents affichent sans complexe leur radicalité contre tout ce qui leur échappe : l’économie, l’entrepreneuriat, la compétitivité, les nouvelles technologies, l’innovation, le marché, l’Europe… Avec un succès réel auprès des jeunes qui doit nous interpeller.
Entre ces deux blocs, ne reste qu’un centre incarné par Emmanuel Macron, qui absorbe le reste de l’espace politique. Si sa personne a reçu le soutien d’une large majorité du pays, les propositions des partis rapidement réunis sous l’étiquette « Ensemble ! » sont empreintes d’un flou idéologique et programmatique qui pourrait ouvrir trop d’espace aux populismes.
Cela est d’autant plus préoccupant que le président élu ne pourra se représenter en 2027, à la différence des leaders des partis extrêmes qui, quoi qu’ils en disent, s’y préparent déjà.
En Italie, la droite dure n’est pas loin de rallier la majorité des électeurs, tandis qu’une majorité radicale s’est imposée au sein du Mouvement 5 étoiles.
Aux Etats-Unis, le trumpisme a conquis le Parti républicain, tandis qu’une gauche doctrinaire, de Bernie Sanders à Alexandria Ocasio-Cortez, gagne en influence chez les démocrates.
Nous y aspirons avec ferveur mais aussi avec lucidité face aux programmes démagogiques qui ignorent les réalités de la situation économique et sociale du pays comme de l’environnement international.
Mis en œuvre, ces programmes nous conduiraient à la déroute financière, comme Alexis Tsipras aggravant la crise grecque, en pire, et à la relégation en Europe.
Notre jeunesse, en particulier, attend plus d’écoute et de prise en compte de ses préoccupations dans le débat politique.
Il y a donc aujourd’hui urgence à poser les fondements d’une « troisième voie à la française », à l’image d’Anthony Giddens ouvrant une alternative entre le conservatisme dur et la dérive gauchiste du Labour dans le Royaume-Uni des années 1980.
Libérale parce que nous croyons en l’efficacité d’une économie de marché correctement régulée, comme à la défense des libertés individuelles et collectives dans un Etat de droit.
Sociale parce que, pour nous, la finalité de la richesse créée est d’être mise au service de l’intérêt général et de permettre l’émancipation de chacun.
Un aggiornamento est nécessaire pour offrir au débat public une vision politique globale en prise étroite avec les attentes de nos concitoyens, et qui renoue avec le débat d’idées indispensable à la réussite du nouveau quinquennat, comme de ceux qui le suivront.
Un nouveau contrat social
Un contrat qui permettra à la société française de retrouver le sens de sa responsabilité collective et d’écarter les réflexes individualistes qui consistent à s’en remettre à l’Etat au prix de déficits intenables.
Trouver la voie qui permette de remettre sur la route ceux qui sont restés sur le bas-côté, corriger les déséquilibres croissants en défaveur des jeunes, rétablir l’égalité des chances, redémarrer l’ascenseur social et financer les transitions environnementale et numérique.
Volonté de rassemblement
Nos objectifs sont multiples :
compétitivité dans un marché mieux régulé, équité comme condition de l’efficacité, solidarité pour ceux sur qui pèsent les accidents de la vie et les discriminations de tous ordres, renouveau démocratique par la relégitimation des institutions et la réforme de l’Etat, accélération des transitions énergétique, agricole et numérique, justice plus proche des citoyens, promotion de la science, de l’industrie et de l’innovation technologique pour un progrès technique maîtrisé, éducation pour tous aux compétences de demain, nouveau souffle pour les politiques de création artistique, refondation du système de santé et préparation au choc démographique de la dépendance, dynamique entrepreneuriale, industrielle, technologique incluant l’abolition des rentes et préservation de l’identité culturelle et de la laïcité dans le respect des différences et des valeurs qui nous fédèrent.
Tout cela, bien sûr, ne peut s’envisager qu’en adhérant au renforcement de la construction européenne et à l’exigence de réduction de nos déficits publics et commerciaux.
Les Gracques ouvrent dès à présent cette réflexion autour d’un nouveau manifeste pour une troisième voie française.
Avec nos amis européens, nous voulons engager le débat intellectuel et politique d’un grand projet moderne de société capable d’accompagner les progressistes dans leur volonté de rassemblement. Pour construire la France d’aujourd’hui et de demain dans une Europe souveraine et solidaire.