Je vous livre le texte de cette note de travail
Notre volonté politique de reconstruire la ville sur la ville, s’est exprimée en trois règles simples. La libre expression de l’architecture de notre temps. Oui à l’intégration harmonieuse du neuf dans l’existant. Non au pastiche, à la copie monotone du passé.
Les Anciens affirmaient que l’architecture est un art majeur. Toute démarche artistique nait de la tension entre le désir, le rêve, l’invention d’une forme idéale et les contraintes du terrain, de la matière, de l’usage, du coût du bâtiment à construire.
Trop souvent, le maître d’ouvrage vient ajouter à ces contraintes l’exigence du lieu commun, dicté par la frilosité des élus devant la réaction de la population, la peur de choquer en proposant des formes inconnues, des propositions originales.
Sous prétexte d’intégration au patrimoine bâti des villes, on se cantonne à produire des pastiches, des copies d’ancien lourdement, affreusement modernisées. Trop souvent, alors que le vieux se meurt, le nouveau ne peut pas naître.
Reconstruire la ville sur la ville n’est pas une idée neuve. Jusqu’au 19ème siècle, on ne se posait guère la question de la préservation du patrimoine bâti, du respect des formes passées, que les romantiques ont imposé. On détruisait ce qu’il fallait détruire, sans trop se poser de questions. On reconstruisait selon le goût de l’époque.
Sans faire n’importe quoi n’importe où, il faut retrouver cette spontanéité créatrice, en n’oubliant jamais que l’art d’une époque donnée intègre, englobe et dépasse l’héritage du passé, qui ne se laisse jamais oublier.
Si nos villes sont belles, c’est bien grâce au mélange des styles, des époques. Le véritable héritage du passé est produit par le cycle incessant de la destruction créatrice.
Les élus locaux n’ont pas la prétention de changer la vie. Mais ils ont le pouvoir de changer la ville.
Toute promenade, passage ou séjour dans une rue, rue de Louviers ou d’ailleurs, imprègne nos sens, baignés dans un milieu singulier. L’oeil perçoit une fresque visuelle et sonore composée de la juxtaposition, plus ou moins harmonieuse, d’images et de sons émis par chaque bâtiment et les espaces qui les relient.
Ces images singulières, ces fragments sont autant de messages écrits par des bâtisseurs, créateurs d’hier ou d’aujourd’hui, messages que l’œil déchiffre, lit, recompose en un paysage urbain. Ce paysage urbain est sensible par tous. Le corps le ressent comme une ambiance singulière, l’atmosphère, le petit monde de la rue qu’il habite ou traverse.
Le sujet de ce film est de rendre cette perception du paysage urbain plus consciente, pour mieux l’apprécier, la savourer, la mieux vivre, en écoutant les architectes nous parler de leur art et de sa concrétisation à Louviers, aujourd’hui.