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Le président normal n'est pas un homme normal


Olivier Taconet

La presse cherche à cerner le nouveau style de présidence de François Hollande. Elle reste encore sous influence et a du mal à accepter les nouveaux comportements du Président de la République. L'idée d'un Président normal avait fait rire...

François Hollande précise le contours d'un nouveau style, mieux adapté à la réalité de la présidence Française. tout en parlant de présidence simple, il démontre que la normalilté présidentielle n'est pas du même ordre que la normalité d'un individu. En ce qui concerne la normalité d'un individu, finalement, c'est encore Sarkozy qui était le meilleur modèle.


Le président normal n'est pas un homme normal
Ainsi donc, selon la grande presse, François Hollande en ferait trop sur le Président normal ! Ils veulent que ça bouge ! François Hollande a à peine commencé, à peine pris ses marques, à peine essoré la tornade de son investiture, s'est à peine remis de ses rencontres avec Merkel, de son accueil chaleureux par Obama, de ses distances prises avec Poutine, que des journalistes lui reprochent d'en faire trop dans la normalité... en gros d'avoir pris le train pour se rendre à Bruxelles, d'avoir répondu à l'invitation d'Antenne 2, alors qu'il n'a fait ourtant, jusque là que d'ouvrir la gamme de représentation.

Au fond, c'était cette même presse qui se répandait en disant que la campagne électorale était ennuyeuse... Tant pis si ce qu'elle dit à peu près à chaque élection, et qui n'a guère de sens non plus. C'est bête à dire mais le but d'un candidat n'est pas d'amuser la galerie, mais de se faire élire... C'est bête à dire, mais une campagne électorale, avant d'être un spectacle, est toujours un reflet de notre histoire ...à la presse de se donner les moyens de rendre la campagne intéressante pour ses lecteurs. au vu de ce qui s'est passé et de ce qui s'est passé, trouver cela ennuyeux est au premier chef ennuyeux pour les commentateurs même !

La normalité clivante

Je souhaite revenir sur ce débat sur la normalité, non seulement parce que la normalité nous concerne tous, mais aussi parce qu'il touche à l'idée qu'on peut se faire d'un président.
En fait, l'annonce par François Hollande qu'il souhaitait être un président normal a été un moment clivant de sa campagne. Il s'agissait d'une intéressante et complètement originale, qui lui a valu une avalanche de critiques, mais qui ne l'a pas fait dévier... mais surtout cette approche lui a permis de construire son identité de candidat, cette même identité qui lui a permis d'être élu.

Le contresens de Sarkozy

La critique a d'ailleurs été reprise par Sarkozy, lors de l'affrontement télévisé entre les deux finalistes. En gros, cela voulait dire :"vous vous imaginez qu'en étant normal, vous arriverez à vous imposer face aux monstres de la politique mondiale que sont Merkel et Obama ? "
Il s'agissait d'un contresens complet de Sarkozy ! Le même contresens que celui fait par une grande partie des commentateurs. Ils ont simplement confondu homme normal et président normal. Or il s'agit là de deux modes de représentation bien différents.

le plus normal des deux n'est pas celui qu'on croit ...

L'homme normal, c'est Nicolas Sarkozy. C'est le rôle qu'il a choisi de jouer dès le début, parce que, par crainte ou incapacité, Nicolas Sarkozy n'a pas compris que le fait d'être Président de la République impliquait de chausser certaines normes.
En fait, c'est Nicolas Sarkozy, pas Hollande, qui a mis sur le devant de la scène le principe de normalité. Il ne s'est pas assumé comme président normal, mais bien plutôt comme un homme normal. En fait, en 2007, en allant dans un grand restaurant avec les amis, en partant en vacances sur un yacht, Sarkozy s'est comporté comme n'importe quel gagnant de l'euromillion, c'est à dire comme tout homme normal se retrouvant dans une situation anormale.
Dans ce cas, on ne se maîtrise plus et l'on maîtrise encore moins l'image qu'on donne. Et de même que le vainqueur de l'euromillion s'attribue tout le mérite de sa victoire, de même le vainqueur du scrutin de 2007 a eu le plus grand mal à rendre compte aux circonstances et à l'Histoire les raisons de sa victoire.

Il a juste été ce qu'il est, profondément, et rien d'autre. Un homme que les circonstances étaient incapables de transformer.
Dès le départ les Allemands, puis d'autres Européens ont comparé notre ancien président de la République à Louis de Funès, le plus ambigu de nos personnages comiques, populaire à force d'être détestable ... visant à ce que chacun d'entre nous puisse se reconnaître dans ses travers odieux.
Encore, les difficultés de la langue, rendait les Allemands incapables de comprendre les propos si "normaux" de notre Président, des "casse-toi pov'con", aux "c'est du sérieux" en parlant de sa fiancée, en passant par la dénonciation de la Princesse de Clèves comme coupée de la réalité utile...tout a été fait pour procéder à l'évitement de la Fonction Présidentielle, l'accession au pouvoir étant vécue comme un bon coup.
On retiendra comme dernier geste, quelques foulées difficiles de jogging poussif, dans l'épuisement tonique de l'échec.




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