Revue Conflits
12 juillet 2021
https://www.revueconflits.com/rencontres-napoleoniennes-sartene/
Conflits est partenaire des Rencontres napoléoniennes de Sartène qui se tiennent du 23 au 25 juillet. Tous les soirs, conférences et échanges avec les meilleurs historiens et connaisseurs de Napoléon.
Les Rencontres se tiennent à partir de 21h30 dans le Théâtre minéral de Sartène. Chaque soir, 4 conférences sont données, donnant lieu ensuite à des échanges avec le public.
Les Rencontres se déroulent sous les hospices de la ville de Sartène et sont organisées par Olivier Battistini et Antoine-Baptiste Filippi.
Certaines interventions seront enregistrées et diffusées sur la chaine podcast de Conflits. Les Actes des Rencontres 2020 ont été publiés par les éditions L’Artilleur, agrémentés de textes complémentaires.
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Olivier Battistini est professeur d’histoire grecque à l’Université de Corse. Il ouvre les journée napoléoniennes de Sartène 2021 par une intervention sur l’héritage de Napoléon Bonaparte.
https://www.revueconflits.com/podcast-lheritage-de-napoleon-olivier-battistini/
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24 juillet 2021
Gaétan TRINGHAM
Historien et écrivain, Jean-Baptiste Noé est également le rédacteur en chef de la revue de géopolitique Conflits. Après avoir donné une conférence dans le cadre des Rencontres napoléoniennes, l’année dernière, il tient le rôle de présentateur des intervenants et modérateur des temps de parole lors de cette édition. Les prochaines interventions sont prévues ce soir et demain soir à 21 h 30 au théâtre de verdure de Sartène.
La revue Conflits est partenaire des Rencontres napoléoniennes depuis l’année dernière. Qu’est-ce que cela apporte à la revue ?
Sartène D’abord, la figure de Napoléon est évidemment intéressante. Elle est extrêmement riche. Et puis, c’est aussi pour nous l’occasion de mettre en avant des historiens et des écrivains qui ne sont pas forcément connus du grand public. Ce partenariat permet, à travers les articles et podcasts réalisés, de faire connaître au-delà du monde universitaire l’ensemble de ces intervenants. C’est quelque chose qui nous tient à cœur.
Entre ces Rencontres et votre revue, il y a donc une synergie commune ?
Tout à fait. Conflits fait connaître l’événement grâce à son réseau d’auteurs et de lecteurs. Plusieurs auteurs de la revue y interviennent et participent d’ailleurs à son organisation, à l’image d’Olivier Battistini, Antoine-Baptiste Filippi et Jérôme Besnard. C’est un peu une manière de poursuivre le travail conduit au cours de l’année. Et puis, on va également enregistrer les interventions, qui seront ensuite diffusées sous forme de podcast tout au long du mois d’août. Cela permettra à ceux qui n’ont pas pu venir à Sartène d’écouter les interventions qui ont eu lieu.
« Une des figures françaises les plus connues dans le monde »
D’où vient votre intérêt pour Napoléon ?
Ce n’est pas vraiment mon sujet de recherche en histoire, mais c’est l’une des figures française les plus connues dans le monde et sur laquelle il y a sans arrêt à retravailler et à redécouvrir. Il n’y a pas que les aspects militaires ou politiques. Il y a aussi beaucoup d’autres choses intéressantes sur lesquelles on peut se pencher. Cette année, le thème de l’héritage de Napoléon sera ainsi abordé de manière large, à travers ses dimensions institutionnelle, philosophique, juridique, politique… Une grande partie de la France d’aujourd’hui a été fondée sous l’époque napoléonienne. On cite souvent le Code civil, la légion d’honneur, les préfets, des écoles comme Polytechnique ou Saint-Cyr…
L’année dernière, votre intervention portait sur le sujet : « Alexis de Tocqueville et Napoléon III. Deux visions de l’esthétique du politique. » Pouvez-vous repréciser les idées qui ont été abordées ?
Ce sont deux personnes qui se sont croisées politiquement puisque Tocqueville a été le ministre des Affaires étrangères de Louis Napoléon Bonaparte (lorsqu’il était président de la République). Tocqueville a également été député. Puis il y a eu une divergence au moment de l’instauration du Second empire, Tocqueville s’étant opposé à Napoléon III. J’ai voulu montrer que malgré leurs points de convergence, ils avaient quelques différences de fond. Tocqueville est quelqu’un qui avait compris comment fonctionnait Napoléon III. Dans ses souvenirs, il en dresse un portrait qui est l’un des plus justes que l’on ait.
Sur quels thèmes étaient-ils les plus en accord ?
Ils avaient la même idée consistant à réconcilier les Français, notamment les différentes catégories intellectuelles. Au XIXe siècle, il y avait ceux qui étaient opposés à la révolution, ceux qui y étaient favorables, puis les républicains et ceux qui défendaient l’empire. Napoléon III et Tocqueville avaient compris qu’il fallait élaborer un régime rassemblant toutes les tendances politiques. On ne pouvait pas avoir une guerre civile permanente et une opposition permanente.
Ce partenariat avec les Rencontres est-il voué à durer ?
On verra, mais je pense que oui. On peut imaginer une autre venue l’année prochaine et même peut-être une autre conférence suivant le sujet.
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* AA A 38 ans, Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique mais également professeur de géopolitique et d’économie politique. - G. T.
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Les Actes des Rencontres napoléoniennes de Sartène, dont Conflits est partenaire, paraissent dans une version revue et augmentée. Le thème en est Napoléon. Le politique, la puissance, la grandeur. L’ouvrage est dirigé par le Pr. Olivier Battistini et préfacé par Jean Tulard.
Les auteurs
Olivier Battistini. Maître de conférences HDR en histoire grecque à l’Université de Corse, directeur du LABIANA et chercheur associé à l’ISTA, Université de Franche-Comté. Ses ouvrages portent sur la guerre – theôria et praxis–, le politique en Grèce ancienne, Thucydide et Alexandre le Grand. Parmi eux : La Guerre – avec Pascal Charvet et Anne-Marie Ozanam – (NiL, 1994) ; Les Saisons de la loi (Klincksieck, 2000) ; La Guerre du Péloponnèse. Thucydide d’Athènes (Ellipses, 2002) ; Alexandre le Grand, Histoire et Dictionnaire, en codirection avec Pascal Charvet, (Robert Laffont, « Bouquins », 2004) ;Dictionnaire des lieux et pays mythiques, en codirection, (Robert Laffont, « Bouquins », 2011) ; L’Histoire grecque de Thucydide, Jean-Baptiste Gail, 1807 (Clémentine, 2013) ; Pour saluer Plutarque (Clémentine, 2013) ; Alexandre le Grand, Le Philosophe en armes, (Ellipses, 2018).
Jacques-Olivier Boudon. Ancien élève de l’École normale supérieure, professeur d’histoire contemporaine à la faculté des Lettres de Sorbonne Université et président de l’Institut Napoléon. Il a dirigé une vingtaine d’ouvrages collectifs et publié en son nom propre une quarantaine de livres, parmi lesquels, Histoire du Consulat et de l’Empire (Perrin, 2000, Tempus, 2003), Napoléon et les cultes (Fayard, 2002), La France et l’Europe de Napoléon (Armand Colin, 2006), Les Habits neufs de Napoléon (François Bourin, 2009), ou plus récemment La Campagne d’Égypte (Belin, 2018) et Napoléon, Le Dernier Romain (Belles Lettres, 2021).
Gérard Chaliand. Spécialiste des conflits, il est géopoliticien et historien de la guerre ainsi qu’homme de terrain. Il a connu, au cours des cinquante dernières années, la plupart des mouvements insurrectionnels en Asie, en Afrique et en Amérique Latine. Visiting Professor à Harvard, Berkeley et UCLA, il a enseigné sept ans à l’ENA, et cinq ans au Collège Interarmées de Défense, ainsi que dans nombre d’institutions à travers le monde (Capetown, Montréal, Bogota, Singapour, Canberra…). Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont l’Atlas stratégique, (avec J.-P. Rageau), Fayard, 1983, L’Anthologie mondiale de la stratégie, Robert Laffont, « Bouquins », (1990 revu en 2009), Guerres irrégulières, Gallimard, « Folio », 2008, Guerres et civilisations Odile Jacob, 2005, Géopolitique des empires, des pharaons à l’imperium américain, Arthaud, 2010, Pourquoi perd-on la guerre, un nouvel art occidental, Odile Jacob, 2016 et Des guérillas au reflux de l’Occident, Passé composé, 2020. Il donne des conférences dans des entreprises européennes et américaines.
David Chanteranne. Journaliste, historien et historien de l’art. Diplômé de l’Université de Paris-Sorbonne, administrateur de l’Institut Napoléon, il est rédacteur en chef du magazine Napoléon 1er – Revue du Souvenir Napoléonien, ainsi que de plusieurs publications d’histoire. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages et consultant pour France Télévisions, il est également attaché de conservation au musée Napoléon de Brienne-le-Château.
François Costantini. Docteur en sciences politiques (Université Paris I, Panthéon Sorbonne), diplômé de Sciences Po Paris, spécialiste de géopolitique du Proche-Orient, a enseigné à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Le Liban, Histoire et destin d’une exception (Perspectives Libres) et Les Relations Internationales en fiches (Ellipses).
Antoine-Baptiste Filippi. Étudiant en droit (Université Paris I Panthéon Sorbonne), chercheur au LABIANA (CNRS-LISA ; CNRS-ISTA), laboratoire de philologie du politique. Il a publié La Corse, terre de droit ou Essai sur le libéralisme latin, Mimèsis, Prix Morris L. Ghezzi 2019 et médaille de la ville de Sartene.
Raphaël Lahlou. Historien, ancien élève des classes préparatoires et de formation universitaire. Il a publié depuis 2001 diverses études consacrées à l’histoire napoléonienne. Depuis 2004, principalement, un ensemble de biographies et d’essais sur Alexandre Dumas, Napoléon III ou Garibaldi ou la Deuxième République et le Second Empire. Il est aussi un historien et géographe de la Méditerranée et un géopoliticien.
Jean-Baptiste Noé. Docteur en histoire économique. Professeur à l’Université catholique de l’Ouest (Angers) et à l’Institut Albert le Grand (Lyon). Rédacteur en chef de la revue de géopolitique Conflits. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels La Parenthèse libérale, Calmann Lévy, 2018 ; Rebâtir l’école, plaidoyer pour la liberté scolaire, Bernard Giovanangeli Éditeur, 2017.
Stéphane Perez-Giudicelli. Docteur en histoire grecque de l’Université de Corse et chercheur au LABIANA (CNRS-LISA ; CNRS-ISTA). Ses recherches portent sur la guerre –tactique et stratégie – et les mythes grecs, en particulier les modèles héroïques et guerriers d’Alexandre le Grand.
François Santoni. Doctorant en histoire ancienne à l’Université de Corse et chercheur au LABIANA (CNRS-LISA ; CNRS-ISTA). Ses travaux portent sur la réception d’Alexandre le Grand dans le monde romain.
Gilles Wauthoz. Poète et écrivain.
Le livre (278 pages) se termine par un apparat critique – lexique, notices et documents autour des questions traitées, des illustrations et des cartes –, un glossaire, une bibliographie sélective et un index.
En couverture, le Napoléon d’Auguste Rodin, une étude préparatoire au mystérieux Napoléon enveloppé dans son rêve. Un profil d’imperatoret, dans la ténèbre des yeux sans regard, le souvenir d’un Alexandre le Grand,invincible, sur les traces de Dionysos.
À l’origine de ce livre, il y a le soutien de la mairie de Sartène, celui de la revue de géopolitique, Conflits, et les Rencontres napoléoniennes, au cœur de la cité, en début de nuit, au Théâtre minéral.
Ces Rencontres ont permis des échanges entre des historiens de Napoléon et Olivier Battistini, un helléniste passionné par celui qui « a remis en lumière toute une face du monde antique, peut-être la plus définitive, la face de granit », des conversations sur un Napoléon aux « cent visages », chef de guerre et lecteur des historiens grecs et latins, et « dernier Romain », des comparaisons entre un Napoléon et un Alexandre le Grand, maîtres de la bataille rangée, selon les principes du « modèle occidental de la guerre » et qui, pourtant, affrontent, l’un, les Scythes insaisissables, au-delà des rives de l’Iaxarte et de l’Alexandrie Eschatè, l’Ultime, à la limite septentrionale de l’Empire, vers des solitudes dévastées, aux confins du monde, l’autre, les Cosaques, la « guerre de partisans » et les « guerres irrégulières » dans les plaines de l’immense Russie.
Napoléon et Alexandre le Grand, des Vies parallèles.
Dans les Proclamations, les Discours de guerre, les Bulletins de la Grande Armée ou encore dans les Mémoires ou la Correspondance de l’Empereur, des mots qui sonnent grec ou latin. Tenter alors des analogies, des symétries. Par un catalogue de « lieux » abstraits et concrets, de « chambres aux miroirs » à la Léonard de Vinci, de concepts ou de mises en distance, d’approches par des voies détournées, d’actions, de choix politiques ou de batailles, Napoléon et Alexandre – « ceux qui marchent seuls » –, peuvent apparaître comme deux figures d’un même héroïsme antique, guerrier et tragique.
Et le souvenir de Chateaubriand et de son Essai historique politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes considérées dans leurs rapports avec la Révolution française.
En voici quelques idées essentielles
Dans la pensée de la guerre et de l’Empire, par la fulgurance des décisions au combat, par l’organisation de l’armée, par la question du devenir des peuples vaincus, par la grandeur et une esthétique tragique, Napoléon, comme Alexandre le Grand, le « philosophe par les armes », ou César, imperator et historien, nous fascine…
Pour Hannah Arendt, sans grandeur, il n’y a pas de politique. Avec Napoléon, voici une détestation de la médiocrité. L’attrait pour ce qui élève. Pour Jean-Marie Rouart, « l’amour inconsolé de la grandeur ». Dans l’univers politique et guerrier de l’Empereur, la volonté de puissance et le rêve de grandeur.
Une remarque de Goethe, en 1828 :
« Voilà où Napoléon était quelqu’un de formidable ! Toujours illuminé, toujours clair et résolu, et doué à toute heure de l’énergie suffisante pour mettre en œuvre aussitôt ce qu’il avait reconnu avantageux et nécessaire. Sa vie fut la marche d’un demi-dieu, de bataille en bataille et de victoire en victoire. On pouvait bien dire de lui qu’il se trouvait dans une illumination perpétuelle : c’est aussi pourquoi sa destinée fut d’un éclat tel que jamais le monde n’en avait vu de pareil avant lui, et jamais peut-être n’en reverra après lui. Oui, oui, mon bon : c’était là un homme, que nous ne pouvons, bien entendu, égaler ! »
Pour Stendhal, Napoléon, est un étrange survivant d’une faune humaine éteinte. Le temps qu’il réussira à durer, par un miracle de despotique sagesse, « il sera puni de sa grandeur par la solitude de l’âme » ; puis ce sera contre le grand solitaire une chasse à l’homme organisée par toutes les superstitions coalisées avec toutes les bassesses. Napoléon est lié à la puissance, à la grandeur. Au génie.
Nietzsche, l’Hyperboréen, est, également, fasciné par « le Corse Napoléon » qui a la « fierté de l’homme qui se révolte ». Napoléon, c’est « l’apparition d’un maître absolu », le « plus haut bonheur auquel ce siècle ait pu atteindre » (Par-delà Bien et Mal, 110-11). Pour le philosophe, en Napoléon éclate « l’alliance de la puissance et de la génialité » : « il usait de l’univers comme Hummel de son clavier, avec l’aisance d’un génie toujours égal à lui-même, toujours rempli de l’illumination, de la clarté, de la décision intérieure, et en qui l’énergie suffit toujours à l’étendue de la conception. » (Nietzsche, Conversations avec Eckermann, 11 mars 1828)
Il se représente Napoléon « comme une sorte de force métaphysique ». Nietzsche dissocie Napoléon de la Révolution française. Plus qu’une distinction, il dessine une opposition. La Révolution incarne le sentimentalisme de la fraternité, Napoléon la grandeur héroïque de la guerre. Si la Révolution instaure le règne du bourgeois, Napoléon le renverse. Napoléon est l’antidote au « déclin », à « l’épuisement », à « l’affaiblissement des instincts ».
Une esthétique de la grandeur.
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Table des matières
Avant-propos par Olivier Battistini
Penser la guerre, penser l’Empire, Une esthétique de la grandeur par Olivier Battistini
Napoléon en majesté par Jacques-Olivier Boudon
L’Échec de Napoléon en Russie par Gérard Chaliand
La Conquête du beau par David Chanteranne
Du rêve de grandeur au bouleversement des mondes, Bonaparte et l’Orient par François Constantini
Du Libéralisme latin et de la Corse des révolutions, Un Napoléon politique par Antoine-Baptiste Filippini
Napoléon face à Louis XIV, Éloge de la grandeur ou vie parallèle assumée ? par Raphaël Lahlou
Alexis de Tocqueville et Napoléon III, Deux visions de l’esthétique du politique par Jean-Baptiste Noé
Héritage homérique, philosophique, Fondements d’une pensée stratégique et tactique chez Napoléon par Stéphane Perez-Giudicelli
De Rome à Napoléon, Une esthétique de la puissance par François Santoni
Napoléon, ou Le Christ de la Terre par Gilles Wauthoz
Note complémentaire à la préface de Jean Tulard
Pour mémoire
Rencontres 2020
https://www.revueconflits.com/rencontres-napoleoniennes-sartene-corse/
Samedi 1er août : La géopolitique de la puissance
- François Costantini, « Le Rêve oriental » ;
- Stéphane Pérez-Giudicelli, « Les Modèles héroïques de Napoléon ».
Dimanche 2 août : La volonté de puissance
- Olivier Battistini, « Penser l’Empire, penser la guerre… Une esthétique de la grandeur » ;
- Antoine-Baptiste Filippi, « Le Libéralisme latin au service de l’Empereur ».
Lundi 3 août : La grandeur
- François Santoni, « L’Esthétique de la puissance » ;
- Jean-Baptiste Noé, « Napoléon III et Tocqueville, une nouvelle vision pour la France.
Depuis les trois premières éditions (2015, 2016 et 2017) dont les thèmes étaient respectivement D’Alexandre le Grand à Napoléon : la dialectique terre-mer et les enjeux contemporains ; D’Alexandre le Grand à Napoléon : l’idée d’empire ; D’Alexandre le Grand à Napoléon : la Guerre, les Rencontres napoléoniennes se concentrent maintenant uniquement sur Napoléon Bonaparte, la trilogie – Alexandre le Grand/Napoléon Bonaparte – conçue au début étant close.
Les principes de ces premières Rencontres étaient d’aborder l’Empereur par des chemins de traverse en s’intéressant à des faits ou des concepts permettant à la fois, d’une part, de mettre en parallèle les deux conquérants sur les plans du politique, de la guerre et de la pensée, l’un « philosophe en armes » et l’autre maître de la parole et de l’écriture à la hauteur d’un Chateaubriand, et, d’autre part, de mieux comprendre Napoléon, dieu de la guerre et concepteur du Code civil.
Cette trilogie avait été pensée, en accord avec Bertrand d’Ortoli, par Olivier Battistini, spécialiste de la philosophie politique en Grèce ancienne, de Thucydide et d’Alexandre le Grand en particulier, et mise en place après une conversation téléphonique avec Jean Tulard à propos des liens à faire entre le licenciement de la flotte grecque à Milet par Alexandre le Grand et le Blocus continental de Napoléon pensé à Tilsit. En arrière-plan, la dialectique Terre/Mer telle que l’a conçue Thucydide dans sa Guerre du Péloponnèse et telle que la repensera Carl Schmitt bien plus tard.
Les deux Rencontres suivantes se sont intéressées à Napoléon et l’Italie et à Napoléon, les origines.
Cette fois-ci, le thème est tout aussi ambitieux : « Napoléon, le politique, la puissance, la grandeur », selon la progression chronologique suivante : la géopolitique de la puissance, la volonté de puissance et la grandeur…
Pour ce faire, interviendront :
- Anna Moretti, chargée de cours à Paris IV Sorbonne et écrivain ;
- François Costantini, membre du Centre de géostratégie de l’école normale supérieure (rue d’Ulm), professeur associé à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, écrivain.
Stéphane Pérez-Giudicelli, doctorant en histoire grecque sous la direction d’Olivier Battistini ;
- David Chanteranne, historien, rédacteur en chef du magazine Napoléon Ier — revue du Souvenir napoléonien ;
- Olivier Battistini, historien et écrivain, Maître de conférences HDR en histoire grecque, à l’université de Corse ;
- Antoine-Baptiste Filippi, étudiant en droit et écrivain ;
- Jacques-Olivier Boudon, historien et écrivain, Professeur à Paris IV Sorbonne ;
- François Santoni, doctorant en histoire ancienne sous la direction d’Olivier Battistini ;
Jean-Baptiste Noé, docteur en histoire économique et rédacteur en chef de la revue Conflits.
https://www.corsenetinfos.corsica/Sartene-Des-Rencontres-Napoleoniennes-sous-le-signe-de-la-politique-et-de-la-puissance_a51374.html
de la politique et de la puissance
Nicole Mari
le Jeudi 30 Juillet 2020
Du 1er au 3 août se tient au théâtre de verdure en plein Sartène la 6ème édition des Rencontres Napoléoniennes sur le thème : « La politique, la puissance, la grandeur ». Initiées en 2015 par Olivier Battistini, maître de conférence HDR en histoire grecque à l’université de Corse, auteur de plusieurs ouvrages sur l’Antiquité, et par la mairie de Sartène, ces rencontres, très prisées, proposent, en nocturne, à partir de 21h30, et en entrée libre, des conférences sur ou autour de Napoléon, données par des historiens ou spécialistes, insulaires ou internationaux. Explication du programme 2020 par Antoine-Baptiste Filippi, conférencier, étudiant en droit à l’université Panthéon-Sorbonne, qui publiera le 25 août un ouvrage « La Corse, terre de droit ».
Des rencontres napoléoniennes à Sartène, c’est assez inattendu. On connaît le lien de l’empereur avec Ajaccio, quel est-il avec Sartène ?
- C’est vrai qu’Ajaccio a une légitimité évidente, mais il s’avère que Napoléon est Sartenais par sa grand-mère, Angela-Maria Pietrasanta, qui y habitait. La mairie a identifié la maison où elle a vécu. Ce qui nous donne aussi une petite légitimité pour aborder Napoléon 1er. Sartène a aussi, dans une moindre mesure, un lien assez fort avec Napoléon III qui avait de nombreux Sartenais autour de lui. C’est pourquoi même si 95% des interventions concernent Napoléon 1er, de temps en temps, nous invitons un conférencier pour parler de Napoléon III. Ce n’est que justice !
- Quel est le concept de ces Rencontres et comment se distinguent-elles des autres événements napoléoniens ?
- L’initiative de ces Rencontres vient d’une volonté de la commune de Sartène, de son Maire, Paul Quilichini, et de l’adjoint à la culture de l’époque, devenu 1er adjoint, Bertrand D’Ortoli. Ils avaient envie de créer un événement sur Napoléon, mais voulaient faire quelque chose d’un peu différent des manifestations d’Ajaccio, quelque chose qui soit, à la fois, philosophique, intellectuel et, en même temps, accessible à tous. Ils se sont tournés vers Olivier Battistini, maître de conférence HDR en histoire grecque à l’université de Corse, spécialiste notamment d’Alexandre le Grand et dont les nombreux ouvrages font autorité dans le monde entier. Olivier Battistini a réfléchi au concept et à la philosophie des Rencontres. Il a contacté Jean Tulard - historien et spécialiste de Napoléon Ier et de l'époque napoléonienne - et lui a soumis son projet d’approcher Napoléon par des thèmes larges et des voies de traverse.
- C’est-à-dire ?
- Par exemple, par l’Antiquité. Les thèmes des premières années étaient : la dialectique terre-mer, les guerres, la notion d’Empire, Napoléon et l’Italie… Jean Tulard a été enthousiasmé par cette approche. Olivier Battistini a, donc, été la cheville ouvrière de cet événement. Il est intervenu très régulièrement. Il sera, encore, l’un des intervenants, de cette sixième édition. Chaque année, nous abordons un thème différent, par des chemins de traverse donc, c’est-à-dire des choses qui ne sont pas forcément connues. Cette année, ce sera « Napoléon et la philosophie politique ». L’objectif est de le décliner sous un format qui ne soit pas contraignant. Nous avons choisi le triptyque : « La politique, la puissance et la grandeur ». Par un heureux hasard, il s’avère que chaque soirée correspond à un aspect de ce triptyque.
- Quel est l’aspect de la première soirée ?
- Elle sera consacrée à « La géopolitique de la puissance » avec une première conférencière russe, Anna Moretti, qui parlera du rêve de l’alliance franco-russe. Tout le monde a en tête la paix de Tilsit, mais peu d’historiens travaillent sur la possibilité inespérée de paix avec Paul 1er, le fils de Catherine II. Napoléon lui avait dit : « A vous l’Orient, à moi l’Occident ! ». Le sort du monde en aurait été changé, mais l’assassinat de Paul 1er a enterré tout projet de paix. La paix de Tilsit est-elle une paix en trompe l’œil ? Anna Moretti nous le dira. Dans une suite logique, François Constantini, évoquera le rêve oriental. Il se concentrera sur le Proche et Moyen Orient, mais touchera aussi Constantinople. Comme on sait qu’il existait un projet entre Napoléon et la Russie pour créer un empire d’Orient, son intervention sera particulièrement éclairante. Stéphane Perez-Guidicelli, étudiant d’Olivier Battistini à l’Université de Corte, parlera des modèles héroïques de Napoléon, c’est-à-dire la Grèce, Alexandre Le Grand, César, Charlemagne, la monarchie française… Soit une vision assez européenne, donc géopolitique.
- La seconde soirée est consacrée à « La volonté de puissance ». De quoi s’agit-il ?
- Ce titre « La volonté de puissance » est un petit clin d’œil à Nietzsche qui en a parlé. David Chanteranne, qui dirige la Revue napoléonienne, est un habitué des Rencontres puisqu’il est intervenant depuis 2015. Il analysera le passage de Bonaparte à Napoléon - qui est un moment assez fondamental - et dira s’il y a eu des changements entre les deux, s’ils ont la même conception du pouvoir… La seconde conférence « Pensez l’Empire, pensez la guerre » n’est pas un sous-titre innocent. Olivier Battistini prépare un grand ouvrage sur Napoléon qui va s’appeler : « Napoléon et Alexandre : Pensez l’Empire, pensez la guerre ». Une bonne partie des intervenants à ces soirées, moi y compris, sont, d’ailleurs, co-auteurs de ce futur livre. Olivier Battistini évoquera cette notion d’empire et de guerre dans le politique.
- Vous intervenez ensuite sur « Le libéralisme latin au service de l’empereur ». Qu’entendez-vous par là ?
- C’est le thème de mon livre qui sortira le 25 août et qui s’appelle : « La Corse, terre de droit : Essai sur le libéralisme latin ». C’est une connotation politique qui n’existe pas vraiment, mais j’observe que Théodore de Neuhoff, Pascal Paoli et Napoléon, loin d’être des personnages différents, ont, en réalité, une conception du pouvoir assez proche. Je veux montrer que Napoléon existe aussi parce qu’il est l’héritier de Pascal Paoli et de Théodore de Neuhoff.
- La troisième soirée est axée sur « La grandeur » de l’Empereur. Quels sont les intervenants ?
- Le premier intervenant Jacques-Olivier Boudon, qui est, lui aussi, un habitué des Rencontres, est professeur à La Sorbonne et successeur de Jean Tulard à l’Institut Napoléon. Il évoquera : « Napoléon le Grand : un souverain en majesté », c’est-à-dire comment Napoléon a organisé sa grandeur autour de sa puissance. Ensuite, François Santoni, comme Stéphane Perez qui intervient le premier soir, est un étudiant d’Olivier Battistini à l’Université de Corte. Il va aborder « L’esthétique de la puissance ». Partant du fait que l’esthétique est une force, il montrera comment Napoléon se sert de cette force pour organiser sa puissance et touchera évidemment à l’Antiquité.
- Les Rencontres s’achèvent sur Napoléon III et Tocqueville…
- Jean-Baptiste Noé, historien et rédacteur en chef de la revue Conflits, intervient assez logiquement en dernier parce qu’il fait l’ouverture avec Napoléon III. Il parlera de Tocqueville qui était un ministre de Napoléon III, ce que peu de gens savent, de son influence sur l’Empereur et de la nouvelle vision de la France qui aurait pu naître ou qui est effectivement né de ce duo.
- L’entrée de ces conférences est-elle libre ?
- Oui ! L’entrée est gratuite. Les interventions dureront à peu près une demi-heure chacune, soit 1h30 par soir, suivies de 20 min
Propos recueillis par Nicole MARI.